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Quand l'Histoire se mêle à la fiction, quand Germinal tourne au conte de fée, cela donne ce beau roman « de vie » qui a su m'emporter avec simplicité au travers de bien des découvertes et bien des émotions.

Sont réunis ici tous les ingrédients du roman de terroir, tels que je les attends et les apprécie : un territoire de province à découvrir avec, sur fond d'événements historiques réels, la vie souvent rude et tourmentée de personnages fictifs que l'on va s'attacher à suivre au fil du temps.

Grâce au soin apporté à la restitution ultra réaliste des ambiances, du climat, et des différents lieux parcourus, je me suis laissée entraîner aisément aux côtés de la jeune Marie, dans cette région minière et industrielle du Nord de la France au tout début du vingtième siècle.
Avec elle, j'ai plongé, sur fond de misère et de révoltes sociales, dans l'univers harassant et meurtrier des mines de charbon, et j'ai été dévastée comme elle par la terrible catastrophe de Courrières de 1906. Puis je l'ai accompagnée dans son errance urbaine, à la recherche d'un emploi dans l'industrie textile.
Des noirs et tristes corons, à la crasse et à la pauvreté des quartiers ouvriers lillois, sous des cieux bien souvent plombés par une météo maussade, seuls le courage et la persévérance pouvaient entretenir une lueur d'espoir et de vie, et heureusement, qu'amitié, entraide et solidarité n'étaient pas de vains mots… Sans compter la survenue de certains heureux hasards et de quelques facilités auxquels j'ai toutefois bien volontiers adhéré, parce qu'un peu de douceur dans un monde si dur ne pouvait se refuser.

Mais au-delà des péripéties de la courageuse et volontaire Marie, c'est aussi la superbe reconstitution d'une région, d'une époque et de ses us et coutumes, que nous offre Michel Lacombe, ainsi que la découverte passionnante et enrichissante des métiers de la mine, de la filature textile, de la dentelle mécanique et du monde ouvrier.

On assiste aussi, en même temps qu'à l'essor de l'industrialisation et de la mécanisation, aux prémices de certaines avancées sociales et évolutions sociétales, annonçant le déclin d'une ère pour la haute bourgeoisie, jusque-là recluse dans ses traditions et conventions bien rôdées.

Tous ces aspects historiques et culturels se trouvent habilement intégrés à la partie romanesque, ce que j'ai fortement apprécié ; se divertir et s'instruire à la fois étant ainsi totalement compatible et complémentaire.

Alors certes, j'ai vu venir l'épilogue très tôt et sans grande surprise, mais je me suis malgré tout réellement immergée dans cette histoire que j'ai eu l'impression d'avoir un peu vécue. le temps de ces quelques heures de lecture je me suis appelée Marie, et sous la plume humaine et sensible de l'auteur, je suis passée comme elle par tout un panel d'émotions : j'ai été peinée, furieuse, anéantie, bouleversée, meurtrie, trahie, réconfortée, reconnaissante, admirative et même amoureuse… ce qui ne pouvait que combler mon petit côté fleur bleue !!

Comment donc ne pas regretter de refermer déjà ce livre rempli de générosité et d'espoir, d'amitié et d'amour, et comment ne pas avoir envie de poursuivre encore un moment le chemin de vie de Marie, Justin, Albert, Fanny, Henriette et les autres ?

Un grand Merci aux Editions de Borée et à la Masse Critique Littérature de Babelio pour l'envoi généreux de ce livre qui m'a permis un bien agréable et intéressant moment de lecture.

PS. Un petit bémol cependant, de nature purement éditoriale, concernant la quatrième de couverture, qui à mon sens, en dit un peu trop de l'histoire…

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Marie n'a que 14 ans lorsqu'elle commence à travailler à la mine. Harcelée, maltraitée par sa mère qui ne voit en elle qu'une "bonne à rien mais une bonne à rien corvéable à merci", elle n'a guère le choix. Quitte à arrêter l'école, au temps gagner quelques sous et fuir sa marâtre.. Mais le sort , l'accident de 1906 , sa vie bascule. Elle quitte Courrières et la mine pour embaucher à Lille dans une filature de coton.. de rencontre en rencontre, Marie se retrouve à Caudry, connue pour ses dentelles...
Michel Lacombe est un conteur né. Très attaché à l'histoire, attentif aux faits, aux évènements, et au contexte sociologique , il crée des personnages qui tiennent la route. Comment ne pas s'attacher à Marie et à tout ce qui l'entoure? Ce roman est tout à la fois un très beau portrait de femme, l'évocation d'une société en pleine mutation, du monde ouvrier face à la bourgeoisie industrielle , de la révolution industrielle face à la montée des tensions internationales ...
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, des personnages attachants, bien campés, une écriture fluide et alerte, une lecture enrichissante. Un grand merci aux éditions De Borée pour ce partage
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Marie Provost jusqu' à l'âge de14 ans se rend à l'école. Elle a de bons résultats, apprend vite et donne satisfaction à son institutrice. Une fois les cours terminés, elle rentre à la maison et est contrainte d'assurer les tâches ménagères. Elle le fait avec beaucoup de bonne volonté alors que sa mère ne rate pas une occasion de la traiter de souillonne, vilain petit canard … Sous le toit familial, il y a également son père et un de ses frères, tous deux mineurs.

Au début du XXème siècle, les mineurs pratiquaient un travail harassant de 10 heures par jour jusqu'à 450 mètres de fond. Lorsqu'il rentraient chez eux fourbus, ils avaient juste le temps de dépoussiérer leurs vêtements, manger, dormir et il était temps de retourner à la mine.

Marie en avait assez t'entendre les propos offensants et destructeurs de sa maman. Elle aimait l'école, mais abandonna ses études pour aller travailler à la mine, façon de se soustraire aux travaux ménagers et de gagner un peu d'argent.

Elle commença comme trieuse de charbon au départ d'un tapis roulant, ensuite comme lampiste. Elle alla jusqu'à dormir dans la mine, tant elle ne supportait plus les propos de sa mère. Ensuite une amie de la lampisterie, Fanny, l'hébergea.

Son père et son frère moururent dans la mine des suites d'une incendie qui se propageât dans les galeries. Fanny y perdit son mari.

Marie décida de quitter la mine. Elle eut la chance d'être hébergée par Justin, un ancien métallo, et de trouver du travail dans une filature de coton. Malheureusement alors que Marie allait sur ses dix-huit ans, elle dû refuser les avances d'un contremaître coureur de jupons qui la menaça de lui faire des difficultés si elle n'acceptait pas ses avances. N'acceptant pas, le contremaitre avait saboté son travail et, cherchant à bien faire, dans ses conditions remis sa démission au patron de l'usine. Ce faisant un point d'honneur à ne pas être à charge de Justin, elle trouva un travail dans une filature de laine mais ce ne fût pas facile de trouver un emploi car le contremaitre faisait barrage à la réussite de ses recherches.

Comme lecteur, je me trouve approximativement à la moitié de l'histoire. Il est important de se situer à l'époque de l'histoire au début du XXème siècle. Marie doit faire des kilomètres en train, tram et à pied pour se rendre à son travail et revenir le soir. Communiqué avec quelqu'un demande des déplacements longs et difficiles car il n'y ni téléphone, ni mail. Les trajets sont longs comparés à notre époque et éprouvant lors d'hivers rigoureux. Il y a une fracture sociale nettement plus marquée qu'à l'heure actuelle.

Marie est le personnage central du roman ; elle fille et arrière-petite fille de mineur. Elle a été à l'école jusqu'à quatorze ans. Elle est travailleuse, cherche à bien faire, très sensibles aux marques de sympathie, de nature généreuse et intellectuellement douée. Elle comprend assez vite les explications qui lui sont données sur des tâches à accomplir. Elle reste simple.

J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette jeune-fille et j'ai suivi son parcours jusqu'au bout du livre avec empathie. Je me suis réjoui de constater son ascension sociale bien méritée. Elle le dois au fait d'être travailleuse, avenante et de bénéficier de quelques brins de chance.

Un moment donné, Marie n'était plus au centre de l'histoire, il était question d'autres personnages et cela m'a apporté un certain désintérêt qui m'a décidé à sauter une quinzaine de pages. Puis devant abandonné ma lecture, un bref moment, je n'avais pas fermé le livre et je n'avais pas remis le signet. Il se fait que les pages ont tournées et que je n'ai plus retrouvé la page de mon interruption. J'ai retrouvé un passage non lu depuis lequel j'ai redémarrer pour trouver un peu plus tard une nouvelle partie lue. L'explication est que j'ai lu la partie sautée jusqu'à retomber sur une partie lue.

En me documentant, j'ai appris que la catastrophe minière décrite dans le livre à réellement eut lieu. Elle fit 1099 morts et fut la plus grande catastrophe minière ayant existé en Europe. le pire est que des mineurs sont redescendus alors que l'on savait que le feu avait pris dans une galerie d'exploitation. Ce fait est relaté dans le livre.

C'est un livre agréable à lire. Je ne connaissais pas cet auteur. J'avais coché ce livre lors d'une masse critique où je n'ai pas été gagnant, ce qui m'arrive malheureusement souvent ces derniers temps.

Michel Lacombe est un auteur vers lequel je reviendrai volontiers à l'occasion d'autres lectures.

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Quel plaisir de recevoir un livre dans le cadre Masse Critique ! Je remercie les éditions De Borée pour cet envoi. La couverture de ce livre m' a remémoré les nombreux cartons dans l'armoire de ma grand-mère. Ceux qui contenaient des dentelles enroulées autour de cartons épais. Donc, très jolie couverture.
Ces "dentelles de charbon" nous narrent l' histoire de Marie, gamine de treize ans avec du courage à revendre. Car du courage elle en a et ce tout au long de cette histoire.
Tout d'abord elle affrontera sa mère, ignoble Folcoche, qui n'a jamais supporté sa présence et qui va, à force de maltraitance l' obliger à quitter l'école pour aller gagner trois sous à la mine.
Une catastrophe dans celle-ci va contraindre Marie à quitter son village car elle perd celui qu'elle aimait plus que tout : son père.
Par d' heureux hasards de circonstance ( et dans ce roman il y en a....) Elle va rencontrer Justin, grand-père de substitution et d'autres personnages qui vont l'aider dans son parcours de jeune femme à sortir de sa condition.
Marie m'a pris par la main et m'a fait découvrir le monde des filatures, le coton, la laine puis la dentelle.
Ces usines avec leurs machines énormes, le bruit, les accidents de travail, la sécurité des employés..Le harcèlement aussi.
En traversant ces villes de Valenciennes, Cambrai et Lille j'ai eu le sentiment de me trouver dans "Au bonheur des dames" avec leurs nouveaux grands magasins.
Quant à l'histoire et bien j'ai deviné rapidement la fin mais cela ne m'a absolument pas dérangé. J'ai éprouvé beaucoup de plaisir à lire cette histoire sucrée. Sucrée quant à l'histoire et le déploiement des personnages , je ne parle pas du contexte bien sûr car les conditions de vie étaient loin d'être faciles.
J'ai seulement évoqué Justin mais je vous conseille vivement de partir à la rencontre de Fanny, Mathilde, Albert, Henriette et la fille Dumorin...Vous passerez un joli moment de lecture.
Merci Mr. Lacombe.
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Marie aurait pu continuer l'école, mais elle en a assez d'être l'esclave de sa mère. Celle-ci lui reproche sa naissance et l'insulte continuellement. Aussi, à treize ans, l'adolescente décide d'entrer à la mine ; comme son père, le seul auprès de qui elle trouve du réconfort. Elle se fait très vite repérer pour sa volonté, ses capacités d'apprentissage et son courage, aussi, elle grimpe très vite les échelons : elle devient lampiste. Sa tâche consiste à vérifier les lampes des hommes avant qu'ils ne descendent dans la mine. Une part de leur sécurité dépend de son travail. Un an après ses débuts, le 10 mars 1906, se produit la catastrophe de Courrières. Les fosses s'effondrent et se referment sur les mineurs. Officiellement, 1099 hommes meurent, le père de Marie est du nombre des disparus. La jeune fille est alors chassée par sa mère.


Dans la première partie de ce roman émouvant, Michel Lacombe décrit le travail à la mine et la vie dans les corons. Il raconte les circonstances qui ont mené à la catastrophe de Courrières et l'attitude inhumaine des dirigeants de la mine. Des survivants de l'effondrement meurent asphyxiés suite à des décisions aberrantes : le sauvetage des installations prime sur celui des hommes. Trois jours après le drame, le directeur de la compagnie signe la fin des recherches. La révolte gronde et « les syndicats sont en ébullition » (p. 91). La colère s'amplifie quand, vingt jours après l'explosion, treize gueules noires remontent à la surface. Ces rescapés miraculés démontrent que le bilan humain aurait pu être amoindri. Avec humanité, l'auteur raconte les souffrances des familles et des collègues, la solidarité des travailleurs de la mine et leur fureur légitime. Il relate aussi les injustices qui ont frappé les veuves.


Depuis la mort de son père, plus rien ne retient Marie à Méricourt. Elle part à Lille, tenter sa chance dans une filature. La deuxième partie concerne son travail dans le milieu du textile, difficile et dangereux, lui aussi ; en particulier pour les femmes, cibles de contremaîtres libidineux. La jeune femme est victime de la vengeance de ces hommes sans scrupule. Heureusement, une troisième, puis une quatrième vie s'offrent à elle. Seront-elles celles du bonheur ?


Marie mène plusieurs existences différentes, cependant, elles ont toutes un point commun : des rencontres heureuses. Malgré les épreuves, des mains se tendent pour l'empêcher de sombrer. Sa personnalité, sa gentillesse et sa générosité provoquent ces opportunités. En effet, ces liens sont marqués de réciprocité. Parfois, c'est Marie qui offre son aide en premier, parfois, ce sont les autres, mais les échanges sont toujours dans les deux sens. La jeune femme est altruiste, humble et courageuse ; elle attire des personnes possédant les mêmes qualités qu'elle.


Des dentelles de charbon dépeint les terribles conditions de travail des mineurs et des ouvriers du textile au début du XXe siècle, dans le Nord de la France, ma région natale. J'ai été passionnée par le récit de la catastrophe de Courrières, par celui du combat mené par les gueules noires, pour obtenir des avancées sociales (dont nous bénéficions encore aujourd'hui) et par la description du métier de la filature et des progrès techniques. Enfin, je me suis attachée à la généreuse Marie. La vie n'est pas tendre avec elle, cependant, elle se bat pour elle et les autres. Elle démontre un véritable courage, dans les épreuves, qui se manifeste par une force admirable. J'ai eu un coup de coeur pour Des dentelles de charbon.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Gros coup de coeur pour ce roman magnifique.



Tout y est : l'historique, les personnages, le langage, la fluidité et l'exactitude des mots. Bref un sans-faute.



Marie, personnage central du roman, est une jeune fille intelligente, forte et merveilleuse. Dès son jeune âge, elle va suivre le chemin des mines. Cadette d'une famille de corons, le charbon, la poussière, la pauvreté font partie intégrante de sa vie. Malgré cela, son altruisme et sa sagesse dénotent avec une enfance brimée par sa mère et ses frères. Enfant non voulu, elle va transformer la haine qu'on lui voue en force.



Sa grande générosité va lui permettre de faire la connaissance de Fanny, grande amie sur qui elle peut compter, Justin, son papé comme elle l'aime à le dire, ce dernier l'a assurément sauvé et enfin Albert, qui va bouleverser sa vie.



J'ai adoré. Et surtout, je relève un point très important, c'est la transcription du langage « ch'ti » des gens du peuple du XXe siècle. Pour un auteur n'habitant pas la région, c'est un sans-faute, parole d'une Nordiste !



De plus, ce roman est d'une richesse historique impressionnante. À lui seul, on retrouve les catastrophes minières avec la colère et les grèves, puis les grandes crues de la Seine, et enfin un rapide clin d'oeil à l'arrivée future de la Première Guerre mondiale. On découvre aussi la volonté d'industrialisation et d'évolution avec les premières voitures à moteur, les chaudières et les grandes machines, ici dans le tissage de la dentelle, capables d'assurer un plus grand rendement et de remplacer quelque peu la main d'oeuvre.



Cette sensation de lecture m'a rappelé le premier tome de la saga le Siècle de Ken Follett, qui est aussi un gros coup de coeur.



Enfin, j'ai aimé la plume de Michel Lacombe, son récit, dénonce les inégalités sociales notamment entre les femmes et les hommes, mais surtout, il s'en amuse et se moque ouvertement de la haute, comme on dit. Et cela, grâce au personnage d'Albert qui dénote complètement de son rang et de ses obligations.





Conclusion : mélange de charbon et de dentelle, mais pas seulement. Ce roman fait partie de ceux que l'on peine à relâcher, et une fois terminé, le vide. C'était mon premier roman de cet auteur et je vais vite me renseigner sur ses autres romans, car celui-ci est devenu l'une de mes plus belles lectures.
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Un très bel ouvrage qui nous plonge dans le début du XXe siècle au coeur des mines de charbon et des industries du textile qui ont fait la renommée de la Région du Nord et de ses habitants les Ch'tis.

Un pur roman de terroir par lequel Michel Lacombe rend un réel hommage aux gueules noires et dénonce les conditions de travail harassantes et dangereuses dans les mines ; il nous immerge aussi dans le monde ouvrier, celui des industries du textile, de ses avancées technologiques et de la fabrication mécanique des dentelles.

Les us et coutumes de toute une Région, avec ses corons tristes et noirs ou encore ses quartiers ouvriers pauvres et sales, mais où l'amour, l'amitié et l'entraide avaient une valeur inestimable, et malgré les coups durs, où la gaieté et l'humour étaient néanmoins présents.

Un ouvrage mettant en exergue le sacrifice de ces hommes et ces femmes au début XXe siècle qui vont finir par se rebeller.

Tout d'abord dans les mines, où les décisions parfois honteuses du patronat, qui privilégiait le rendement à la sécurité, son insensibilité face à la douleur de la perte d'un être cher et le peu de compassion, voire l'injustice rendue aux veuves vont aboutir vers les premiers mouvements syndicalistes dans le but d'obtenir des avantages sociaux.

Puis dans les filatures, où le personnel majoritairement féminin, bien souvent sous le joug de contremaîtres véreux et abusifs, devait faire face à des machines monstrueuses, supporter la poussière et le bruit et était tenu à des cadences intenses avec tous les risques d'accidents qui en incombaient ; ce qui amène les ouvrières à des revendications concernant la condition des femmes sous-estimées, sous-payées, voire abusées où le chantage était souvent de mise.

Un affrontement entre peuple et la haute bourgeoisie. En échange d'un salaire de misère et le droit à un logement plus que modeste, la vie de tout un peuple qui a trimé dans ces cités minières et ouvrières. Un peuple pauvre qui a donné des heures et des heures de travail pénible, y a laissé sa santé et dont beaucoup d'entre eux y ont perdu la vie.

Un livre prenant et émouvant qui nous raconte le parcours d'une enfant, issue des corons qui a dû se battre longtemps avant de pouvoir s'affirmer et enfin se révéler. Un bras de fer, enfin, entre patronat et mineurs, entre la haute bourgeoisie et le peuple.

C'est à travers "Marie souillon" une pauvrette détestée et harcelée par sa mère que nous allons suivre la vie de tous ces gens du Nord. L'auteur nous révèle l'Histoire de toute une contrée en y mêlant tout naturellement ses personnages de fiction qui vont nous tenir en haleine tout du long.

Douée à l'école mais obligée d'aller travailler elle aussi à la mine pour échapper au courroux de sa mère, suite à la terrible catastrophe de Courrières en 1906 qui a fait tant de morts dans les galeries, notre petite Marie perd son père et deux de ses frères. Chassée par sa mère, livrée à elle-même, c'est tout d'abord vers la ville qu'elle se dirige afin de se faire embaucher dans le textile. Que lui réserve le travail en filatures ?

De Méricourt, Lille, Valenciennes à Caudry nous allons la suivre à travers toute un pan de vie, du charbon à la dentelle, des premières émeutes et revendications, toute une époque qui annonce les prémices de la première guerre mondiale.


Un livre passionnant, émouvant, fort instructif que j'ai lu avec avidité. Merci à l'auteur pour ce bel hommage à ces ouvriers et à cette Région, merci aussi aux Éditions De Borée et à Virginie en particulier pour son envoi en SP.


Lien : http://jose-lire-et-le-dire...
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Partant d'une catastrophe minière s'étant réellement produite en 1906 à Courrières, Michel Lacombe a déroulé une fiction bâtie sur une grande connaissance des lieux et des hommes en y ajoutant le salé/sucré d'une histoire romanesque à souhait.
Marie, malaimée, décide d'abandonner ses études pour aller à la mine avec un père qu'elle adore, échappant ainsi aux griffes d'une mère abhorrée. Quand il meurt, elle s'enfuit à Lille pour se faire une vie différente. Mais les usines ne sont pas plus accueillantes que les mines pour les jeunes femmes, et sans le hasard qui met les bonnes personnes sur son chemin, elle ne pourrait échapper à un destin misérable. Comment pourra-t-elle vivre en toute indépendance ? Son goût de la lecture lui permettra-t-il de sortir du lot des ouvrières corvéables à merci ?
Dans tout le roman, j'ai senti la passion de l'auteur pour ses personnages mais aussi pour l'histoire des lieux qu'il décrit. Les détails des métiers foisonnent tout comme le rappel d'événements ayant marqué le siècle, comme la grande inondation de Paris en 1910. Après le travail de la mine, j'ai découvert le monde du textile particulièrement odieux envers les femmes mais dans lequel, comme partout et à toute époque, on pouvait aussi trouver des personnes justes et dévouées.
D'amour, il n'est quasiment jamais question et malgré cela la passion sous-tend un récit mettant en valeur l'amitié et la solidarité. En filigrane aussi, l'idée que la lecture ouvre l'esprit et amène des connaissances permettant de sortir de la voie tracée par d'autres.
Vivant, dynamique, esthétique, lumineux malgré tout, ce roman est porté par Marie, héroïne simple et naturelle qui sait gagner les coeurs par son comportement fait de savoirs et d'humilité. Une belle histoire d'hier à méditer aujourd'hui car la même intelligence peut donner le même résultat.
Je remercie Virginie de Centre France Livres pour sa confiance et De Borée Éditions pour l'envoi du livre broché.
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