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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un court roman publié voilà près de cent ans, en 1922. Et pourtant, quelle actualité dans ce texte!

Plusieurs thèmes sont abordés avec un grand talent : l'amitié d'abord, et à travers elle, la culture littéraire, puis l'antisémitisme, l'altruisme, la volonté du narrateur de remplir une mission en tentant de protéger son ami juif, développant une vénération sous laquelle on sent pourtant percer parfois un dégoût sous-jacent quant au physique de Silbermann, et puis les renoncements.

Deux personnalités, l'une très forte, celle de Silbermann, victime de la haine raciale, de la condescendance forcée des bien-pensants, l'autre bien plus faible, le narrateur, qui voudrait bien devenir un héros et qui reste une pâle figure.

Le jeune Silbermann est magnifique de lucidité, le narrateur voit chez lui de l'arrogance, se convainquant peut-être que celle-ci est dans les gênes de Silbermann, tandis que celui-ci est l'archétype de l'anti-héros aux yeux de ses collègues de classe.

Et puis les adultes, spécifiquement les enseignants et surtout les parents du narrateur, perdus dans un monde carriériste, au point d'être les acteurs du premier renoncement, qui leur vaudra une détestation éphémère de leur fils, le narrateur.

Le livre se termine sur une magnifique tirade de Silbermann sur le pourquoi de l'antisémitisme. L'auteur ne donne pas toutes les réponses mais en effleure quelques-unes.

Et pour conclure, un final superbe. le narrateur qui décrivait si bien "les deux paumes désarmées" de Silbermann, qu'il comparait à celles du Christ en croix, entendra-t-il le chant du coq lorsqu'il proférera, à la dernière page, l'ultime réplique?
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Prix Fémina 1922 (oui, le prix existait déjà à cette époque !), ce bref roman nous plonge dans un monde aujourd'hui disparu, celui des lycées de garçons, qui plus est, ici, un lycée parisien très bourgeois, fréquenté notamment par les rejetons des familles catholiques et huppées de la capitale. le narrateur, dont la famille est, quant à elle, protestante, voit arriver en début d'année un élève plus jeune que ses condisciples mais qui se montrera vite très brillant. le narrateur découvrira vite que ce camarade, Silbermann, est juif et qu'il est peu à peu ostracisé par la plupart des autres élèves. Ce rejet dont il est victime et les capacités intellectuelles hors du commun de Silbermann, pousseront le narrateur à fréquenter de plus en plus ce jeune homme en dehors des cours et aussi à prendre sa défense, ce qui lui coûtera l'amitié qu'il avait jusqu'alors avec l'un des élèves catholiques.

Je me garderai bien de dévoiler la chute de ce court roman mais je dirai seulement qu'elle est assez surprenante et en particulier les tout derniers paragraphes. La dernière phrase m'a vraiment interpellé.

La lecture de ce livre peut être aujourd'hui dérangeante car, même s'il manifeste une volonté de passer outre aux différences entre les religions et les comportements, il n'est pas sans utiliser des clichés pour dessiner le portrait du jeune juif Silbermann, notamment dans ses caractéristiques physiques et son comportement orgueilleux . En me renseignant un peu plus sur l'auteur, j'ai découvert (via Wikipedia) que Jacques de Lacretelle apportait, semble-t-il, un certain crédit aux thèses nauséabondes de Gobineau sur les "inégalités raciales". D'où découle, peut-être, l'ambigüité de certaines pages de ce roman et tout particulièrement de sa chute qui peut être interprétée de différentes façons.

C'est néanmoins un livre intéressant qui témoigne du fort antisémitisme présent dans la société européenne, et notamment en France, en ce début du XXe siècle.
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Presque 100 ans et toujours d'actualité...Toujours malheureusement !
Rentrée scolaire dans un lycée...que les gamins découvrent...ils entrent en troisième. Beaucoup, dont le narrateur, viennent de Saint-Xavier, collège religieux sans doute que j'ai perçs comme tenu par des jésuites...Un élève est remarqué, personne ne le connaît, il est décrit comme un gamin "petit et d'extérieur chétif" dont la figure est "assez laide" ...Dès les premiers cours le gamin attire les réactions hostiles des professeurs et de ses camarades, par sa prétention et son langage. Bref il est assez peu sympathique.
Le narrateur sympathise toutefois avec lui, Silbermann, dont on ne connaîtra pas le prénom. Silbermann qui lui avoue qu'il est juif. ce qui ne manque pas d'attirer les remarques racistes des autres élèves, remarques racistes qui deviendront des coups, parce que le gamin ne fait rien, bien au contraire pour attirer l'amitié.
Il dispose chez lui d'une bibliothèque de livres rares, qui lui permettent de briller en classe et d'écraser (un peu trop) ses camarades et professeurs.
Le narrateur sera également rejeté, parce qu'il a un camarade juif, rejeté par ses camarades et réprimandé par ses parents aux conditions modeste...Là-dessus se greffent des soupçons de malversations financière sur le père de Silbermann. Normal on en n'attend pas moins d'un Juif, diront certains.
Livre aussi sur l'amitié de ces deux gamins, amitié suspecte aux yeux des parents du narrateur.
Cette histoire d'amitié sur fond de racisme reste toujours d'actualité, il suffit de se référer à l'actualité, qui nous confirme que ce mal franchit allègrement les siècles, à tel point qu'on court, aujourd'hui encore, le risque de se faire tabasser sur certaines lignes du métro quand on lit ouvertement un livre écrit par un auteur juif.
Petit livre vite lu, car court, mais bigrement dérangeant. Dérangeant parce que le thème du racisme l'est. Dérangeant parce que bien qu'écrit il y a une centaine d'années il conserve toute son actualité. Dérangeant enfin, parce que l'auteur en décrivant ce gamin ou sa famille riche, nous permet de voir ces sinistres affiches nazies ou pétainistes alertant contre "le complot juif" ... Tous les poncifs caricaturaux repris en 1942, figurent dans la description physique de Silbermann et dans celles des affaires de son père...
Le livre fut toutefois récompensé par le Prix Fémina en 1922
Les boites à livres vous font souvent découvrir des livres dont personne ne voudrait, mais quelques fois vous y dénichez des petites pépites oubliées, des vieux livres aux pages jaunies, d'un autre siècle...
Ce fut le cas avec "Silberman" réédité dans cette éditions de 1980...
Livre d'un auteur oublié (en tout cas méconnu de moi), mais académicien
Il va retrouver sa vie d'errance dans une autre boite à livre...et faire le bonheur, comme il fit le mien d'un autre lecteur. Je l'espère.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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"Il avait été deux fois premier lors des compositions. Ce succès avait suscité des jalousies parmi les rangs des bons élèves. Et comme il lui échappait quelquefois une ironie méprisante à l'adresse des cancres, il n'y avait pas moins d'animosité contre lui aux autres degrés de la classe. Les choses commencèrent par des taquineries assez innocentes; elles furent un peu encouragées par l'insouciance de la plupart de nos professeurs qui, malgré ses bonnes places, n'aimaient pas Silbermann."

Un superbe livre pour de multiples ressentis.

Silbermann est juif et le narrateur, protestant. Nous sommes au début du vingtième siècle : leur amitié est difficile mais point inéluctablement.

J'en ai connu des Silbermann, version cancre. Beaucoup. Un m'a marqué. Ce livre m'y a paradoxalement fait penser.

J'étais en 4ème (système français) et il y en avait un, qui faisait tout pour bien se faire voir mais qui, en raison de quelques boulettes de comportement, était un véritable bouc-émissaire. le cercle vicieux de l'injustice aidant, il commençait vraiment à déraper…

Je tenais à ce moment-là, attention, accrochez-vous, le CLUB LECTURE de mon collège qui, en gros, choisissait les livres que la bibliothèque (CDI) devait acheter. Nous étions un petit groupe et chaque semaine nous présentions à l'oral et à l'écrit nos lectures de la semaine… Je l'ai convié à plusieurs séances… et il a fini par venir tous les jours. A la fin de l'année, il était devenu mon second. il passait plus de temps au Club lecture qu'ailleurs… le plus grand paradoxe de cette histoire ? Sa réputation n'a pas faibli d'un poil. Mais lui, allait mieux et c'est bien là l'essentiel.

Un livre fort car bon, nous avons tous connu notre Silbermann.

Finem Spicere,

Monsieur Touki.

Lien : http://monsieurtouki.wordpre..
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Jacques (le narrateur) est un adolescent qui rentre de vacances. Il reprend le chemin de l'école et retrouve son ami Robin, son meilleur ami. Seulement, il se rend compte que les choses ont changé et la complicité qui l'unissait autrefois à son ami n'est plus la même. Dans le même temps, un nouvel élève est arrivé. Il s'agit de Silbermann, un jeune juif, qui va très vite se révéler comme un brillant élève. En le rencontrant par hasard et en discutant avec lui, Jacques se rend compte que Silbermann est passionné par les livres. Les deux jeunes gens vont alors se trouver des points communs et devenir amis. Mais si Jacques est bien accepté par la famille de Silbermann, celle du narrateur voit plutôt cette amitié d'un mauvais oeil. de plus, en montrant sa supériorité intellectuelle à ses camarades, Silbermann crée l'hostilité. Chahuté, harcelé, il résiste à l'oppression, par les sarcasmes, ou par des lâchetés provisoires que permet sa certitude de vaincre plus tard. de son côté, Jacques est bien décidé à l'aider. Mais c'est sans compter l'antisémitisme et les phantasmes véhiculés sur les Juifs de la part de son entourage, à commencer par ses parents.

L'histoire de Silbermann nous plonge dans le contexte de l'époque, avant la Seconde Guerre mondiale, alors que certains journaux attaquent vigoureusement les juifs. L'antisémitisme est virulent et les écoliers ne dérogent pas à la règle.
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Le narrateur (on peut supposer que celui-ci se prénomme Jacques puisque, bien que n'étant jamais cité dans l'ouvrage, ce dernier est largement inspiré de la vie de l'auteur) a 14 ans et, aux côtés de son ami Philippe, il fait sa rentrée scolaire. Il va très vite se lier d'amitié avec un jeune nouveau,du nom de Silbermann. Ce dernier est très surpris que Jacques veuille bien de son amitié étant donné qu'il est sujet aux critiques de ses autres camarades qui le dénigrent en raison de sa religion : Silbermann est juif. le narrateur, lui, ne comprend pas pourquoi il devrait lui refuser son amitié étant donné qu'il le trouve extrêmement brillant, intéressant et tout ce qu'un ami peut posséder comme qualités. Les deux amis deviennent très vite inséparables jusqu'au jour où M. Silbermann, le père, est accusé de vol et c'est le père de Jacques, juge d'instruction à l'époque, qui est chargé de l'affaire. Cette dernière finit par bien se terminer puisque l'accusé est innocenté mais chez Silbermann, quelque chose s'est brisé et il décide alors de s'exiler chez son oncle en Amérique.
Une magnifique histoire d'amitié entre deux enfants, qui sont au-delà des barrières sociales, raciales ou encore religieuses. L'écriture de Jacques de Lacretelle est fluide, facile à lire et pure puisqu'écrite à travers les yeux d'un enfant. A découvrir !



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Ce livre a 100 ans. C'est une réussite. Si l'antisémitisme est évidemment le thème central, De Lacretelle parvient à 'utiliser de façon inspirée pour mettre en scène, en peu de pages, plein de subtilités-facettes de l'humain. Essentiellement un camaïeu de ses limites : peureux, lâche, opportuniste, conformiste, faillible, grégaire, brutal, jaloux...
Mais il faut le lui pardonner à cet humain. Faire de son mieux.
100 après, je ferais encore lire ce livre à tous les jeunes lycéens. Il r.est.e inspirant. L'inverse d'une de ces briques assommantes que trop de professeurs infligent aux "chères têtes blondes".
Pour qu'un jour...

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Un court roman sur un jeune juif ,intelligent et doué pour les étude, persécuté par ses camarades, trouve un allié en la personne d'un jeune protestant qui se donne pour mission de le protéger contre les autres. Bien que ce roman ne fasse qu'une centaine de pages, plusieurs thèmes y sont abordés.
- La haine des juifs, le harcèlement et les brimades que subit Silbermann, la lâcheté des adultes.
- l'amitié entre deux enfants, même si je ne suis pas certaine que l'on puisse considérer cette relation, comme une véritable amitié. le narrateur remplit une mission et grâce à silbermann s'ouvre à la littérature et aux artsl, tandis que Silbermann trouve un oratoire et peut étaler sa culture, le narrateur étant le seul enfant qui lui témoigne de l'intérêt.
- L'amour des mots et des beaux textes.
Je trouve ce dernier thème, bien exploité. L'admiration de Silbermann envers les auteurs français est évoquée de telle manière, que l'on a l'impression de ressentir ce qu'il éprouve à la lecture des textes. L'enthousiasme de Silbermann pour les arts est tel, que le narrateur , lui même se découvre de l'attrait pour les livres.


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Dans ce court récit prêté à un lycéen de 14 ans, probablement très autobiographique, Jacques de Lacretelle nous rend compte de la position des Juifs à Paris juste après la première guerre mondiale. Un fils de magistrat rencontre dans sa classe un Juif fort brillant mais confronté à un antisémitisme primaire et virulent, grossière imitation par les élèves du comportement de leurs parents. Dans un style très dépouillé et avec une écriture aussi simple que peut l'être celle d'un lycéen, l'auteur analyse finement la naissance et l'évolution d'une amitié contrariée par la pression sociale dans son ensemble et par celle de sa famille en particulier.

Cinquante ans plus tard, ayant moi-même été confronté à la découverte de la judéité d'un de mes compagnons d'études devenu ensuite un ami fort proche, j'ai apprécié la façon dont Jacques de Lacretelle, par petites touches, décrit le climat dans lequel s'est développée l'Action française. Il excelle également dans la description de la révélation progressive de l'altérité.

Ce premier récit a été traduit dans de nombreuses langues et a reçu le prix Femina en 1922. Compte tenu des événements qui marqueront l'Europe et les Juifs dans les deux décennies qui suivront leur parution, il est juste de qualifier de prémonitoires ces belles pages. Elles nous aident également à mieux comprendre 1933 et la suite.
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Il s'agit de la rencontre, sur les bancs du lycée, d'un jeune bourgeois protestant et d'un garçon de son âge, de confession juive et appartenant à une famille très fortunée. Les circonstances, plus qu'un penchant naturel, les poussent l'un vers l'autre et développent entre eux une amitié exceptionnelle. le récit est bref et pourtant l'analyse des caractères est très profonde. Les ressorts de l'âme humaine grincent comme des mécaniques infernales.
le narrateur, élevé dans la foi protestante, éprouve le besoin de mener un combat au nom de la justice : ce sera celui de la tolérance. Silbermann, quant à lui, veut être une torche qui brûle pour défendre les valeurs de la patrie qu'il a choisie. L'antisémitisme qui se développe dans la société française va balayer les illusions de ces adolescents avant qu'elles ne puissent se transformer en véritables convictions et sauver leur amitié.
le récit est un récit d'échec, celui de l'incapacité à échapper au poids des convenances, des codes imposés par la société et la bourgeoisie. C'est aussi celui de l'impuissance devant les intérêts financiers et carriéristes des adultes. Les dernières phrases du livre sont terribles : « Et comme je faisais le premier pas avec lui, je me retournai vers la caricature de Silbermann et, après un effort, je dis sur un petit ton moqueur dont le naturel parfait me confondit intérieurement : - C'est très ressemblant. »
La lâcheté et le conformisme l'emportent. C'est la trahison de l'idéal même de justice.
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