Pour ce livre paru en 2012,
Marie-Hélène Lafon a choisi un sujet a priori très intéressant: que vivent les jeunes gens issus de la France profonde, quand ils "montent" à Paris ? Eux, qui connaissaient seulement la vie du monde rural, comment s'adaptent-ils au milieu urbain ? L'héroïne s'appelle Claire, elle vient du Cantal. Son aventure est racontée en trois épisodes: un premier voyage pour le Salon de l'Agriculture, ensuite ses études de lettres classiques à la Sorbonne, et enfin la visite de son père et de son neveu plusieurs années plus tard. Sérieuse, douée, bourreau de travail, elle reste imprégnée de l'esprit paysan. Cette osmose entre deux formes d'esprit est remarquable.
Pourtant, je n'ai pas aimé ce roman - sans doute autobiographique - non pour son sujet, mais à cause de sa forme. Déjà, j'ai été surpris par toutes ces phrases qui se succèdent sans paragraphe, donnant au texte un aspect compact et rebutant. Ensuite, l'écriture est TRES châtiée, éloignée de la langue courante, presque ampoulée: au début, on a envie d'admirer le style somptueux de l'auteure, puis on en arrive à le trouver barbant. Enfin, les actions et les pensées de l'héroïne m'ont semblé nimbées dans une sorte de brouillard, avec peu de sentiments bien caractérisés et beaucoup de digressions (concernant notamment les personnages secondaires): ceci éclaire mal la personnalité et le ressenti de Claire.
En vérité, je suis passé complètement à côté de ce livre. Et j'ai fini par le "diagonaliser", tant mon ennui croissait.