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sur 57 notes
Dans Belle infidèle, des Italiens mangent et boivent des repas merveilleusement méditerranéens dont on se délecte avec eux, tout en débattant des heures sombres de l'histoire italienne. Ils s'aiment, se quittent, se passionnent et font l'amour : on aime, on quitte, on se passionne et on fait l'amour avec eux. Ils mélangent l'italien et le français. Ils appartiennent au monde de l'édition ou ils gravitent autour de lui... Insidieusement, tout cela crée une ambiance qui m'a replongée dans celle du Pendule de Foucault, d'Umberto Eco.

Quelle heureuse coïncidence, pour un livre qui raconte justement une traduction dans laquelle le narrateur plonge jusqu'à laisser disparaître les frontières entre l'histoire racontée dans le livre qu'il traduit, et sa propre histoire ! Pour un livre où ce brouillage va très loin : quand un élément de sa réalité manque au livre, le narrateur ne l'interprète pas comme une différence entre sa réalité et celle de l'auteur, ou comme un écart entre réalité et fiction, mais comme une preuve que l'auteur s'est trompé ou a mal interprété la réalité ! J'ai plongé, j'ai lu Belle infidèle comme un Pendule de Foucault revisité ; à l'instar du narrateur qui tire de son expérience les clés de lecture du roman, j'ai cru que ce nouveau livre progressait vers une conclusion du même type que celle du roman d'Eco – celle qui amène à penser que le sens d'un texte est avant tout dans l'oeil de celui qui le cherche.

Il n'en est rien. La conclusion choisie par l'auteure est d'une autre nature. Par contre, sacrée mise en abyme que celle qui amène la lectrice d'un roman à vivre, en le lisant, une expérience emboîtée dans celle que vit le narrateur de ce même roman... Alors, quel est le sens d'un livre ? Une fois de plus, c'est celui que chaque lecteur lui donne dès lors que l'auteur a eu le talent de proposer un texte qui laisse la place aux projections. Encore faut-il, pour cela, raconter une histoire suffisamment captivante et passionnée. Romane Lafore a incontestablement ce talent, et je peux le dire : j'ai adoré Belle infidèle. Il paraît que c'est un premier roman : une auteure est née, j'ai hâte de suivre son oeuvre !

#BelleInfidèle #NetGalleyFrance
... je ne suis pas sûre que les # servent à quelque chose dans Babelio, mais merci à NetGalley et aux éditions Stock de m'avoir permis de découvrir ce livre.

[Ci-dessous, le lien vers la chronique que j'ai écrite pour 20 minutes]
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Le traducteur, la belle italienne et la fiction
En se glissant dans la peau d'un traducteur qui croit reconnaître sa propre histoire dans le roman qu'on lui a confié, Romane Lafore signe un premier roman qui explore tous les arcanes de la création littéraire.

Julien Sauvage vit de traductions de livres de cuisine et de guides de voyage, mais il rêve d'écrire un roman, de raconter sa belle histoire d'amour avec Laura. Une fois de plus, il va devoir reporter son projet car Françoise Rahmy-Cohen le convoque pour lui proposer une offre qui ne se refuse pas: traduire Rebus, le roman d'Agostino Leonelli, l'étoile montante des lettres italiennes. L'éditrice, qui s'appuie sur les dires de Rodolphe Dupire, son conseiller, voit en lui celui qui sera capable de sublimer ce texte que s'arrachent les maisons d'éditions, maintenant qu'il figure sur les listes de nombreux prix et notamment le Stresa, c'est-à-dire le «Goncourt italien».
Julien, qui a lu le livre avant de donner son accord, a été touché par cette histoire d'amour qui ressemble à la sienne. Commence alors une sorte de double traduction, celle du texte italien avec ses pièges et celle de son propre vécu par rapport à la version d'Agostino.
Romane Lafore, qui s'est mis dans la peau de Julien, nous offre une belle réflexion sur l'exercice de la traduction et sur les libertés que peut s'octroyer un traducteur. Si au XVIIe siècle on parlait de «belle infidèle» pour souligner la liberté prise avec le texte original des auteurs de l'antiquité, les traducteurs emploient aujourd'hui plus prosaïquement l'expression «traduction-trahison» dans leur exercice. On comprend ainsi que le texte est autant le reflet d'une époque – on ne traduit plus certains mots de la même manière – qu'une interprétation, une réappropriation du traducteur. Surtout quand ce dernier découvre au fur et à mesure combien sa propre histoire entre en résonnance avec celle qu'il est chargé de traduire. Un trouble qui ne va cesser de croître, d'autant qu'il est conforté dans son idée par des proches et par son ami libraire, venu lui aussi d'Italie. C'est bien lui l'amant délaissé!
Entre paranoïa et recherche de tous ces petits détails qui pourraient le conforter dans sa conviction, le lecteur va pouvoir se délecter du roman en train de s'écrire et du roman dans le roman – celui qu'il traduit – qui raconte aussi une histoire familiale, un parcours qui passe par les années de plomb. Quant à ceux qui auront envie de se régaler des moeurs du petit monde de l'édition germanopratin, ils seront également servis. Romane Lafore, qui est éditrice et traductrice de l'italien, a ainsi mis toute son expérience personnelle dans ce premier roman. Pour notre plus grand plaisir.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Belle Infidèle Romane Lafore chez Stock Août 2019
.#BelleInfidèle #NetGalleyFrance
Quand Julien Sauvage est contacté par Françoise Rahmy-Cohen il n'en revient pas. La directrice d'une maison d'édition prestigieuse le contacte ,lui, pour traduire le roman italien le plus en vue du moment. Agostino Leonelli est l'auteur de cette pépite. Julien broie encore du noir. Laura et lui se sont quittés il y a plus de trois ans et pas une journée ne se passe sans qu'il y pense. Alors il accepte et se retrouve en Italie, dans les Pouilles, la région où justement il a fait la connaissance de Laura. La belle Rachele fait son apparition sous la plume de Leonelli. Rome, Paris , Angelo, Rachele et soudain le doute s'installe et si ....
Romane Lafore nous embarque dans un imbroglio fascinant. Maniant la plume avec dextérité et hardiesse elle nous concocte un roman dans le roman et les pages se tournent ..Un bien beau roman , un très bon premier roman, une auteure à suivre cela va de soi.
Un grand merci aux éditions Stock pour ce partage.

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Julien Sauvage est traducteur. Quand la grande Françoise Rahmy-Cohen, directrice d'une maison d'édition de prestige le contacte pour lui proposer de traduire le roman italien de l'année, Julien n'en croit pas ses yeux. Lui, qui avait juré de ne plus rien traduire avant d'avoir terminé son propre roman. Un texte qui pourrait être bien plus qu'un simple travail de traduction.

"Rebus" d'Agostino Leonelli, devient le chemin de croix de Julien. Au fur et à mesure de son travail de traduction, Julien retrouve de drôle de similitudes avec sa propre vie, son passé et décide de mener une enquête... L'histoire dont s'inspire "Rebus" pourrait-elle être aussi la sienne ?

Ce premier roman est tout simplement époustouflant ! "Belle Infidèle" n'est pas une simple histoire, mais deux récits imbriqués, deux drames narratifs en une, et c'est spectaculaire !
On ressent à travers les lignes, la passion de l'Italie chez Romane Lafore. Les couleurs, les odeurs, les paysages, l'amour de la littérature nous mène directement en Italie.

Le parti pris de l'auteure d'inclure beaucoup de la langue italienne (sans pour autant le traduire) m'a agréablement surpris, et donne une tonalité remarquable et inédite au roman. Qui a-t-il de plus beau que de lire et d'entendre les sonorités de la langue italienne ?

A travers l'histoire de Julien et Laura, l'auteure explore la question de la fidélité en traduction. de la littérature, de la passion, des secrets, des mensonges, aux mystères des dessous du métier de traducteur ; les sujets sont traités avec musicalités et finesse. La plume de Romane est rythmée, addictive et sensuelle.

De Paris à l'Italie, un roman qui tient en haleine jusqu'au final, avec une pointe de suspense, un soupçon de comédie et une pincée de romanesque, ce qui donne un très beau premier roman !
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Certains romans agissent comme des étincelles au creux d'une vie. Ils y prennent corps, chair et esprit, s'y roulent et s'y déploient, s'installent et s'y endorment pour en faire émerger, quelques jours, mois ou années plus tard, le plus magistral des feux d'artifice.
Il s'agit de romans que l'on imagine avoir été écrits pour nous. Qui résonnent avec notre âme et lancent dans l'espace contenu entre nos vertèbres une mélodie qui semble sortie d'un autre temps. Déplaçant tout. Annulant tout.
Ce sont des romans capables de changer une vie, de lui donner un autre sens, une autre matérialité, une fulgurante grandeur.
Dès l'instant où ils se sont vus miroiter sur le tapis de notre rétine, où ils ont pris racine dans notre coeur et se sont enfoncés dans notre épiderme, c'est tout notre être qu'ils ont colonisé. Sans crier gare. Sans s'annoncer.
Et même si l'on ne sait encore trop comment, ils ont fait fructifier dans nos entrailles, le minuscule germe d'une chose qui s'apprête à nous engloutir. Superbement.


Belle infidèle de Romane Lafore fait partie de ces perles abritées au creux de magnifiques collections elles-mêmes déployées au sein de très belles maisons d'éditions. Comment ne pas être saisi, dès le premier regard, par cette superbe couverture aux lignes si pures, à l'esthétique si douce ? Comment ne pas avoir envie de faire glisser la pulpe de ses doigts sur son doux papier brut et terreux. Comment ne pas être envouté par ce chemin encadré de rouge, d'orangers et de parfums bucoliques descendant vers l'infinité d'une mer couleur d'encens ?
Alors on retourne la pépite. On la pose sur sa paume et on y lit :


Julien Sauvage est traducteur. Abonné aux guides de voyage et aux livres de cuisine, il rêve en vain d'écrire son propre roman : le récit sublimé d'un chagrin d'amour. Une façon pour lui d'en finir avec Laura, sa belle franco-italienne qui lui a piétiné le coeur. Mais contre toute attente, une éditrice parisienne le contacte pour traduire en urgence un roman encensé en Italie : Rebus, l'oeuvre d'un brillant trentenaire, Agostino Leonelli.
Alors qu'il avance dans la traduction, Julien retrouve la terre rouge des Pouilles, les figuiers de Barbarie, les jardins riches en plantes grasses avec la mer à l'horizon. Il plonge dans les années de plomb, que son vieux mentor Salvatore, libraire exilé à Paris, rechigne à évoquer. Il revoit Laura, sa lumière, son ventre constellé de grains de beauté. Il embrasse à nouveau la souplesse et les caprices de la langue italienne…
Jusqu'à ce que le doute l'étreigne : l'histoire dont s'inspire Rebus pourrait-elle être aussi la sienne ?


«Comme le vocabulaire est pauvre, quand il meuble l'éloge. »

Oui, que le vocabulaire est pauvre quand il meuble l'éloge ! Il va sans dire.
Je viens de terminer le roman le plus lumineux, le plus soigné, le plus haletant, le plus incandescent de ces derniers mois, et je ressens comme une imposture le fait de devoir lui rendre grâce. Jamais mes mots n'en sauraient égaler la forcer, jamais mes phrases ne seront capables de vous en faire saisir l'essence.


Romane Lafore a su donner naissance à des personnages plus vrais que nature, ondulant sous le soleil de l'été italien, scintillant dans les rues d'un Marais Parisien haut en couleur, se détruisant entre les pages d'un roman qui était bien plus encore. Des personnages vrais, bruts, jubilatoires. Une intrigue menée de virtuose manière. Des émotions, des passions et des fureurs, dégorgeant de chaque scène. Un décor campé comme dans les plus grands films. Et une langue, sillonnant entre deux cultures, deux parlers, deux atmosphères.
Un roman tout en finesse, somme toute, et en sobriété. Incroyablement moderne également. De cette modernité capable de nous rappeler que la fiction est encore capable de très grandes choses.


« On ne guérit pas d'une peau, d'un ventre, d'une frange de cils ourlés par le sel. /…/ On ne guérit pas du jour de la rencontre – aucune annonce dans les nuages ce matin-là, aucun soin particulier devant le miroir -, on ne guérit pas de s'être trouvé à un endroit, d'avoir lâché sans y penser des mots qui fonderaient un univers. On ne guérit pas d'avoir aimé. »


Et on ne guérit peut-être pas toujours de romans comme celui-ci. Mais c'est tant mieux.
Qu'une peau tatouée de cicatrices romanesques doit-être belle, lorsqu'elle se trouve éclairée !
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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Evadons-nous dans le monde des traducteurs sous une envoutante musique italienne.
L'autrice nous emmène auprès de Julien, qui vivote en faisant des traductions d'italien. Il s'épanche régulièrement auprès de son groupe d'amis à propos de sa rupture avec Laura, une belle franco-italienne : il n'arrive pas à tourner la page de cette relation passionnelle.
Une proposition de traduction d'un best-seller italien lui tombe dessus. En acceptant, il se transporte en Italie, dans les Pouilles et rapidement, les mots vont faire écho avec sa propre histoire, sa relation amoureuse avec Laura. Des similitudes perturbent le jeune homme, qui se retrouve envahi de doutes et de questionnement.
Un roman riche et intense, servi par une écriture enivrante, rythmée par des extraits en italien (mais un peu trop à mon goût, moi qui n'en comprends pas un mot....). Les descriptions nous transportent littéralement dans un univers franco-italien où on sent le soleil nous réchauffer la peau.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce très beau premier roman : une très belle évasion !

Je remercie NetGalley & Stock
Lien : http://etlemondedesosso.cana..
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Julien est traducteur littéraire mais il a mis sa jeune carrière en pause pour écrire le roman de sa vie. le roman qui, peut être, le guérira de son amour perdu: Laura, une jolie italienne rencontrée dans les Pouilles alors qu'il était étudiant Erasmus.
Mais lorsqu'il est contacté par la directrice d'une grande maison d'édition parisienne pour traduire "Rébus", premier roman d'une étoile montante italienne, promis au prestigieux prix Strega, il ne résiste pas à la traduction qui pourrait faire décoller sa carrière.
Mais alors qu'il avance dans sa traduction, les similitudes entre l'histoire racontée par Agostino et la sienne deviennent trop nombreuses pour être ignorées et Julien devient fou à déchiffrer ce rébus invraisemblable. Se pourrait-il qu'il soit un pion sur l'échiquier d'une vengeance menée par son rival ?
Un roman beau, chaud et haut en couleurs. L'écriture de Romane Lafore est belle et enivrante, on a envie de soleil, d'escapade dans les Pouilles et à la fois, on ne peut s'empêcher d'être emportée par la folie de Julien jusqu'au dénouement final.
Merci à NetGalley et aux éditions Stock de m'avoir permis de découvrir cette merveille avec 2 mois d'avance :)
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Ne vous laissez pas abuser par ce titre qui pourrait vous laisser croire qu'il s'agit d'un roman à l'eau de rose. Il est vrai que l'expression de «belle infidèle» est aujourd'hui largement tombée en désuétude. Comme l'auteure nous l'apprend, elle fait référence à certaines traductions faites au XVIIe siècle d'oeuvres de l'Antiquité qui privilégiaient la beauté du texte produit à la fidélité à l'original. Or, de traduction il est amplement question dans ce premier roman de Romane Lafore, qui doit s'y connaître en la matière, étant elle-même éditrice de romans étrangers et traductrice.


Le héros de ce roman, Julien Sauvage, jeune trentenaire, exerce également cette profession. Il est plutôt abonné aux ouvrages pratiques, qu'il se résigne à traduire en attendant d'écrire lui-même le roman dont la rupture amoureuse avec la belle Laura, dont la blessure peine à se refermer, pourrait lui offrir la matière. Aussi, lorsque l'une des grandes éditrices de la place de Paris - dont nous est offert un savoureux portrait - l'appelle pour lui demander de traduire en urgence le premier roman d'un jeune prodige italien qui pourrait bien se voir décerner le prestigieux prix Strega (l'équivalent de notre Goncourt), la surprise est de taille ! Impossible de refuser une telle proposition...

Julien s'attèle à la tâche. Mais à mesure qu'il avance dans son travail, il est gagné par le trouble. L'héroïne ressemble furieusement à Laura et l'histoire fait étonnamment écho à la sienne. Et puis son amie Valérie, qui l'a lu dans sa version originale, retrouve également dans les traits de l'un des personnages ceux de l'un de leurs amis communs, le vieux gérant de la librairie italienne de Paris, dont elle aimerait connaître le passé au temps des années de Plomb...

Romane Lafore se plaît à ouvrir les pistes, à semer les indices, à sonder les hypothèses. Existe-t-il une relation entre l'auteur et son traducteur ? Ou bien chaque lecteur est-il tenté de chercher un miroir dans le texte qu'il lit ? A travers une intrigue bien menée - quoique parfois peut-être légèrement alambiquée - elle nous offre un savoureux jeu de chat et la souris entre auteur et lecteur, au sein duquel le traducteur, qui endosse les deux rôles, doit à tout prix éviter de se perdre...
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Premier roman de Romane Lafore publié dans la collection Arpège chez Stock, Belle infidèle est l'occasion de se lancer à la poursuite d'un texte. Un texte à traduire qui pourrait être bien plus que ça pour Julien Sauvage, personnage principal. Lettres it be s'est lancé dans cette poursuite et vous en ramène quelques souvenirs.

# La bande-annonce

Belles infidèles : traductions libres, fleuries et souvent parcellaires des textes de l'Antiquité, qui privilégient l'élégance finale du français à la fidélité au texte d'origine.

Julien Sauvage est traducteur. Abonné aux guides de voyage et aux livres de cuisine, il rêve en vain d'écrire son propre roman : le récit sublimé d'un chagrin d'amour.Une façon pour lui d'en finir avec Laura, sa belle Franco-Italienne qui lui a piétiné le coeur. Mais contre toute attente, une éditrice parisienne le contacte pour traduire en urgence un roman encensé en Italie : Rebus, l'oeuvre d'un brillant trentenaire, Agostino Leonelli. Alors qu'il progresse dans la traduction, Julien retrouve la terre rouge des Pouilles, les figuiers de Barbarie, les jardins riches en plantes grasses avec la mer à l'horizon. Il plonge dans les années de plomb, que son vieux mentor Salvatore, libraire exilé à Paris, rechigne à évoquer. Il revoit Laura, sa lumière, son ventre constellé de grains de beauté. Il embrasse à nouveau la souplesse et les caprices de la langue italienne… Jusqu'à ce que le doute l'étreigne : l'histoire dont s'inspire Rebus pourrait-elle être aussi la sienne ?

# L'avis de Lettres it be

On est intrigué. À la lecture d'une telle quatrième de couverture, on ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. On craint le roman français trop français, embourbé dans des dialogues sans fin et des considérations amoureux pire qu'inintéressantes. On craint l'histoire qui se cherche derrière un premier plan faussement intellectualisant. « En se glissant parfaitement dans la peau d'un homme […] », comme si cela pouvait être d'emblée gage de qualité… Alors on se laisse tenter et on découvre cette Belle infidèle.

Un appel, une éditrice célèbre, un roman à traduire, une opportunité à saisir. Tout commence, ou presque, comme dans un film français période Printemps du cinéma lorsqu'il faut remplir les salles à pas cher. Petit à petit, cette Belle infidèle se prélasse sous nos yeux, prend son aise et son temps. On devine l'origine de ce projet de traduction, on comprend la situation de Julien au centre de l'histoire, on entend parler d'amour encore et toujours. Tout se met en place dans un rébus littéraire qui ne se laisse que trop peu deviner. Pourquoi cette histoire d'amour prend-elle autant de place ? Que cherchent à défendre tous les personnages en présence ? On se gratte la tête, et on tourne les pages.

Ce pourrait être l'un des futurs Woody Allen. Romane Lafore manie avec élégance l'art de l'imbroglio, du quiproquo. Parce qu'on est en Italie, de près ou de loin, ce livre est fort en comédie, en situations bien amenées et senties à merveille. On plonge dans le monde de l'amour, dans le monde de l'édition, dans le monde du souvenir, et le voyage est d'une cohérence telle qu'il nous laisse tout le loisir de profiter de chaque escale. Quand on sent poindre l'ennui et le désintérêt, l'auteure trouve toujours le bon tiroir à ouvrir pour relancer la machine. Et vogue la belle galère… On se laisse porter, et finalement c'est très bien comme ça.

Une fois encore, la mise en abîme de l'écrit dans l'écrit. La recette pourrait sembler dépassée, sans goût authentique. Pourtant, et pour un premier roman, Romane Lafore parvient à donner la touche nécessaire pour sortir Belle infidèle du sentier et en faire un objet littéraire à part entière. L'Italie et sa table, cet amour dans lequel on se jette à corps perdu pour mieux s'en retirer… Autant d'éléments, et bien d'autres encore, qui donnent l'originalité que l'on espérait. C'est joli, c'est doux, c'est surprenant. On reste aisément fidèle à ce genre d'infidèle.

Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be

Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Un premier opus qui se dévore ..
Des personnages hauts en couleurs
Moi j'adore Salvatore le libraire italien et sa femme Giuseppina qui cuisine des gnochi et autres gratins qui mettent l'eau à la bouche!!
Des descriptions de jeunes femmes à la peau constellée de points de beauté aux clavicules saillantes ...mélange d'italien et de français sans passage par la case traduction linéaire..
Kiffance quoi!
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