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EAN : 9782234087477
256 pages
Stock (21/08/2019)
3.7/5   57 notes
Résumé :
Belles infidèles : traductions libres, fleuries et souvent parcellaires des textes de l’Antiquité, qui privilégient l’élégance finale du français à la fidélité au texte d’origine.
Julien Sauvage est traducteur. Abonné aux guides de voyage et aux livres de cuisine, il rêve en vain d’écrire son propre roman : le récit sublimé d’un chagrin d’amour.Une façon pour lui d’en finir avec Laura, sa belle Franco-Italienne qui lui a piétiné le coeur. Mais contre toute at... >Voir plus
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sur 57 notes
Dans Belle infidèle, des Italiens mangent et boivent des repas merveilleusement méditerranéens dont on se délecte avec eux, tout en débattant des heures sombres de l'histoire italienne. Ils s'aiment, se quittent, se passionnent et font l'amour : on aime, on quitte, on se passionne et on fait l'amour avec eux. Ils mélangent l'italien et le français. Ils appartiennent au monde de l'édition ou ils gravitent autour de lui... Insidieusement, tout cela crée une ambiance qui m'a replongée dans celle du Pendule de Foucault, d'Umberto Eco.

Quelle heureuse coïncidence, pour un livre qui raconte justement une traduction dans laquelle le narrateur plonge jusqu'à laisser disparaître les frontières entre l'histoire racontée dans le livre qu'il traduit, et sa propre histoire ! Pour un livre où ce brouillage va très loin : quand un élément de sa réalité manque au livre, le narrateur ne l'interprète pas comme une différence entre sa réalité et celle de l'auteur, ou comme un écart entre réalité et fiction, mais comme une preuve que l'auteur s'est trompé ou a mal interprété la réalité ! J'ai plongé, j'ai lu Belle infidèle comme un Pendule de Foucault revisité ; à l'instar du narrateur qui tire de son expérience les clés de lecture du roman, j'ai cru que ce nouveau livre progressait vers une conclusion du même type que celle du roman d'Eco – celle qui amène à penser que le sens d'un texte est avant tout dans l'oeil de celui qui le cherche.

Il n'en est rien. La conclusion choisie par l'auteure est d'une autre nature. Par contre, sacrée mise en abyme que celle qui amène la lectrice d'un roman à vivre, en le lisant, une expérience emboîtée dans celle que vit le narrateur de ce même roman... Alors, quel est le sens d'un livre ? Une fois de plus, c'est celui que chaque lecteur lui donne dès lors que l'auteur a eu le talent de proposer un texte qui laisse la place aux projections. Encore faut-il, pour cela, raconter une histoire suffisamment captivante et passionnée. Romane Lafore a incontestablement ce talent, et je peux le dire : j'ai adoré Belle infidèle. Il paraît que c'est un premier roman : une auteure est née, j'ai hâte de suivre son oeuvre !

#BelleInfidèle #NetGalleyFrance
... je ne suis pas sûre que les # servent à quelque chose dans Babelio, mais merci à NetGalley et aux éditions Stock de m'avoir permis de découvrir ce livre.

[Ci-dessous, le lien vers la chronique que j'ai écrite pour 20 minutes]
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Le traducteur, la belle italienne et la fiction
En se glissant dans la peau d'un traducteur qui croit reconnaître sa propre histoire dans le roman qu'on lui a confié, Romane Lafore signe un premier roman qui explore tous les arcanes de la création littéraire.

Julien Sauvage vit de traductions de livres de cuisine et de guides de voyage, mais il rêve d'écrire un roman, de raconter sa belle histoire d'amour avec Laura. Une fois de plus, il va devoir reporter son projet car Françoise Rahmy-Cohen le convoque pour lui proposer une offre qui ne se refuse pas: traduire Rebus, le roman d'Agostino Leonelli, l'étoile montante des lettres italiennes. L'éditrice, qui s'appuie sur les dires de Rodolphe Dupire, son conseiller, voit en lui celui qui sera capable de sublimer ce texte que s'arrachent les maisons d'éditions, maintenant qu'il figure sur les listes de nombreux prix et notamment le Stresa, c'est-à-dire le «Goncourt italien».
Julien, qui a lu le livre avant de donner son accord, a été touché par cette histoire d'amour qui ressemble à la sienne. Commence alors une sorte de double traduction, celle du texte italien avec ses pièges et celle de son propre vécu par rapport à la version d'Agostino.
Romane Lafore, qui s'est mis dans la peau de Julien, nous offre une belle réflexion sur l'exercice de la traduction et sur les libertés que peut s'octroyer un traducteur. Si au XVIIe siècle on parlait de «belle infidèle» pour souligner la liberté prise avec le texte original des auteurs de l'antiquité, les traducteurs emploient aujourd'hui plus prosaïquement l'expression «traduction-trahison» dans leur exercice. On comprend ainsi que le texte est autant le reflet d'une époque – on ne traduit plus certains mots de la même manière – qu'une interprétation, une réappropriation du traducteur. Surtout quand ce dernier découvre au fur et à mesure combien sa propre histoire entre en résonnance avec celle qu'il est chargé de traduire. Un trouble qui ne va cesser de croître, d'autant qu'il est conforté dans son idée par des proches et par son ami libraire, venu lui aussi d'Italie. C'est bien lui l'amant délaissé!
Entre paranoïa et recherche de tous ces petits détails qui pourraient le conforter dans sa conviction, le lecteur va pouvoir se délecter du roman en train de s'écrire et du roman dans le roman – celui qu'il traduit – qui raconte aussi une histoire familiale, un parcours qui passe par les années de plomb. Quant à ceux qui auront envie de se régaler des moeurs du petit monde de l'édition germanopratin, ils seront également servis. Romane Lafore, qui est éditrice et traductrice de l'italien, a ainsi mis toute son expérience personnelle dans ce premier roman. Pour notre plus grand plaisir.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Belle Infidèle Romane Lafore chez Stock Août 2019
.#BelleInfidèle #NetGalleyFrance
Quand Julien Sauvage est contacté par Françoise Rahmy-Cohen il n'en revient pas. La directrice d'une maison d'édition prestigieuse le contacte ,lui, pour traduire le roman italien le plus en vue du moment. Agostino Leonelli est l'auteur de cette pépite. Julien broie encore du noir. Laura et lui se sont quittés il y a plus de trois ans et pas une journée ne se passe sans qu'il y pense. Alors il accepte et se retrouve en Italie, dans les Pouilles, la région où justement il a fait la connaissance de Laura. La belle Rachele fait son apparition sous la plume de Leonelli. Rome, Paris , Angelo, Rachele et soudain le doute s'installe et si ....
Romane Lafore nous embarque dans un imbroglio fascinant. Maniant la plume avec dextérité et hardiesse elle nous concocte un roman dans le roman et les pages se tournent ..Un bien beau roman , un très bon premier roman, une auteure à suivre cela va de soi.
Un grand merci aux éditions Stock pour ce partage.

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Julien Sauvage est traducteur. Quand la grande Françoise Rahmy-Cohen, directrice d'une maison d'édition de prestige le contacte pour lui proposer de traduire le roman italien de l'année, Julien n'en croit pas ses yeux. Lui, qui avait juré de ne plus rien traduire avant d'avoir terminé son propre roman. Un texte qui pourrait être bien plus qu'un simple travail de traduction.

"Rebus" d'Agostino Leonelli, devient le chemin de croix de Julien. Au fur et à mesure de son travail de traduction, Julien retrouve de drôle de similitudes avec sa propre vie, son passé et décide de mener une enquête... L'histoire dont s'inspire "Rebus" pourrait-elle être aussi la sienne ?

Ce premier roman est tout simplement époustouflant ! "Belle Infidèle" n'est pas une simple histoire, mais deux récits imbriqués, deux drames narratifs en une, et c'est spectaculaire !
On ressent à travers les lignes, la passion de l'Italie chez Romane Lafore. Les couleurs, les odeurs, les paysages, l'amour de la littérature nous mène directement en Italie.

Le parti pris de l'auteure d'inclure beaucoup de la langue italienne (sans pour autant le traduire) m'a agréablement surpris, et donne une tonalité remarquable et inédite au roman. Qui a-t-il de plus beau que de lire et d'entendre les sonorités de la langue italienne ?

A travers l'histoire de Julien et Laura, l'auteure explore la question de la fidélité en traduction. de la littérature, de la passion, des secrets, des mensonges, aux mystères des dessous du métier de traducteur ; les sujets sont traités avec musicalités et finesse. La plume de Romane est rythmée, addictive et sensuelle.

De Paris à l'Italie, un roman qui tient en haleine jusqu'au final, avec une pointe de suspense, un soupçon de comédie et une pincée de romanesque, ce qui donne un très beau premier roman !
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Certains romans agissent comme des étincelles au creux d'une vie. Ils y prennent corps, chair et esprit, s'y roulent et s'y déploient, s'installent et s'y endorment pour en faire émerger, quelques jours, mois ou années plus tard, le plus magistral des feux d'artifice.
Il s'agit de romans que l'on imagine avoir été écrits pour nous. Qui résonnent avec notre âme et lancent dans l'espace contenu entre nos vertèbres une mélodie qui semble sortie d'un autre temps. Déplaçant tout. Annulant tout.
Ce sont des romans capables de changer une vie, de lui donner un autre sens, une autre matérialité, une fulgurante grandeur.
Dès l'instant où ils se sont vus miroiter sur le tapis de notre rétine, où ils ont pris racine dans notre coeur et se sont enfoncés dans notre épiderme, c'est tout notre être qu'ils ont colonisé. Sans crier gare. Sans s'annoncer.
Et même si l'on ne sait encore trop comment, ils ont fait fructifier dans nos entrailles, le minuscule germe d'une chose qui s'apprête à nous engloutir. Superbement.


Belle infidèle de Romane Lafore fait partie de ces perles abritées au creux de magnifiques collections elles-mêmes déployées au sein de très belles maisons d'éditions. Comment ne pas être saisi, dès le premier regard, par cette superbe couverture aux lignes si pures, à l'esthétique si douce ? Comment ne pas avoir envie de faire glisser la pulpe de ses doigts sur son doux papier brut et terreux. Comment ne pas être envouté par ce chemin encadré de rouge, d'orangers et de parfums bucoliques descendant vers l'infinité d'une mer couleur d'encens ?
Alors on retourne la pépite. On la pose sur sa paume et on y lit :


Julien Sauvage est traducteur. Abonné aux guides de voyage et aux livres de cuisine, il rêve en vain d'écrire son propre roman : le récit sublimé d'un chagrin d'amour. Une façon pour lui d'en finir avec Laura, sa belle franco-italienne qui lui a piétiné le coeur. Mais contre toute attente, une éditrice parisienne le contacte pour traduire en urgence un roman encensé en Italie : Rebus, l'oeuvre d'un brillant trentenaire, Agostino Leonelli.
Alors qu'il avance dans la traduction, Julien retrouve la terre rouge des Pouilles, les figuiers de Barbarie, les jardins riches en plantes grasses avec la mer à l'horizon. Il plonge dans les années de plomb, que son vieux mentor Salvatore, libraire exilé à Paris, rechigne à évoquer. Il revoit Laura, sa lumière, son ventre constellé de grains de beauté. Il embrasse à nouveau la souplesse et les caprices de la langue italienne…
Jusqu'à ce que le doute l'étreigne : l'histoire dont s'inspire Rebus pourrait-elle être aussi la sienne ?


«Comme le vocabulaire est pauvre, quand il meuble l'éloge. »

Oui, que le vocabulaire est pauvre quand il meuble l'éloge ! Il va sans dire.
Je viens de terminer le roman le plus lumineux, le plus soigné, le plus haletant, le plus incandescent de ces derniers mois, et je ressens comme une imposture le fait de devoir lui rendre grâce. Jamais mes mots n'en sauraient égaler la forcer, jamais mes phrases ne seront capables de vous en faire saisir l'essence.


Romane Lafore a su donner naissance à des personnages plus vrais que nature, ondulant sous le soleil de l'été italien, scintillant dans les rues d'un Marais Parisien haut en couleur, se détruisant entre les pages d'un roman qui était bien plus encore. Des personnages vrais, bruts, jubilatoires. Une intrigue menée de virtuose manière. Des émotions, des passions et des fureurs, dégorgeant de chaque scène. Un décor campé comme dans les plus grands films. Et une langue, sillonnant entre deux cultures, deux parlers, deux atmosphères.
Un roman tout en finesse, somme toute, et en sobriété. Incroyablement moderne également. De cette modernité capable de nous rappeler que la fiction est encore capable de très grandes choses.


« On ne guérit pas d'une peau, d'un ventre, d'une frange de cils ourlés par le sel. /…/ On ne guérit pas du jour de la rencontre – aucune annonce dans les nuages ce matin-là, aucun soin particulier devant le miroir -, on ne guérit pas de s'être trouvé à un endroit, d'avoir lâché sans y penser des mots qui fonderaient un univers. On ne guérit pas d'avoir aimé. »


Et on ne guérit peut-être pas toujours de romans comme celui-ci. Mais c'est tant mieux.
Qu'une peau tatouée de cicatrices romanesques doit-être belle, lorsqu'elle se trouve éclairée !
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Combien me parut souple l’italien, une fois que j'appris à le glisser tout entier dans ma bouche comme un gros caramel mou, tantôt lourd et plein dans le fond de ma gorge, baignant mes amygdales de voyelles charnues que je n'avais plus peur de faire résonner depuis mes lèvres ouvertes jusqu'au fond de mes entrailles, tantôt taquin quand je le titillais du bout de la langue pour en faire tinter des "r" à peine frottés contre l'arrière de mes incisives, retournant et lustrant sous ma langue autrefois gourde ce bonbon qui en fondant libérait son sucre entre les parois de mes joues et imposait à mon souffle une cadence faite de longues déglutitions et de pics de glycémie, m’obligeant, moi, le fils du silence, à épouser de ma voix le rythme d'une vague marine, suspendu dans les syllabes atones, guettant le moment où, de toute la force de mes poumons, j'allais la projeter dans le fracas d'un accent tonique.
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Il croyait en un monde meilleur, or ce monde meilleur, il l'avait fondé ici, entre les quatre murs d'une librairie qui peinait chaque année à boucler son bilan.
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Elle est nue, il a encore la force de la prendre, il l'agrippe par les hanches, il la fait rebondir contre son ventre, puis il s'abat sur elle longtemps avant l'orgasme, pour se sentir ancré en elle, pour puiser au creux de son ventre la preuve physique que toute cette histoire a bel et bien existé.
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On ne guérit pas d’une peau, d’un ventre, d’une frange de cils ourlés par le sel. /…/ On ne guérit pas du jour de la rencontre – aucune annonce dans les nuages ce matin-là, aucun soin particulier devant le miroir -, on ne guérit pas de s’être trouvé à un endroit, d’avoir lâché sans y penser des mots qui fonderaient un univers. On ne guérit pas d’avoir aimé.
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Nous nous étions possédés à Rome, déchirés à Paris. Laura portait toutes les couleurs du Sud. Elle en était le bruit, la profondeur. Elle était impitoyable et versatile. Je l'avais perdue. Mais j'étais incapable de transformer ma douleur en livre. De l'amour, je refusais de guérir.
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Vidéo de Romane Lafore
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À lire – Rosella Postorino, Et moi, je me contentais de t'aimer, trad. de l'italien par Romane Lafore, Albin Michel, 2023.
Lumière par Hannah Droulin Son par Alain Garceau Direction technique par Guillaume Parra Captation par Marilyn Mugot
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