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Citations sur Couleur de fumée (32)

Se lier à un homme exigeait, à part l'amour, une vie rude, une vie de sacrifices, parce que les maris, même s'ils sont des fainéants, c'est quand-même eux qui portent le chapeau. Et même s'ils font dedans, ce sont toujours des hommes, tandis que les femmes, si elles ont le moindre gargouillement d'estomac, on dit d'elles que ce sont des merdeuses. […] On n'en finirait pas d'énumérer les paroles de commandement et d'interdiction qui assoient les privilèges de l'homme face aux devoirs des épouses. 
p.184
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Comme toutes les communautés, celle des tsiganes est fondée sur la propriété. Mais, à la différence des autres, chez qui des tas de choses peuvent être possédées en commun ou individuellement, les tsiganes ne connaissent qu'un seul objet de propriété : la femme. Partout celle-ci est considérée comme propriété individuelle, les seules divergences résident dans la manière de la traiter et d'en tirer profit.
Généralement je n'essaie pas de trouver de réponses à mes spéculations, car de toute façon l'expérience vécue les ficherait par terre ; mais je voudrais quand-même comprendre pourquoi les femmes ne refusent pas le rôle de bête de somme qui leur est imposé, alors qu'elles le pourraient à n'importe quel moment. Les intéressées elles-mêmes seraient sans doute bien en peine d'y répondre. 
p.180
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 Car toujours nous courons, pour une raison ou pour une autre. Après tout, qu'importe, de toute façon nous nous rapprochons du même but. Peut-être n'y a-t-il même pas de but, nous courons pour courir ; 
p.122
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Au loin, sous la courbure du ciel, si loin que l'oeil pouvait à peine l'atteindre, s'allongeait une étroite bande noire. Je fronçai les yeux pour mieux voir entre mes cils collés de sueur et de poussière, et il me sembla reconnaître cette île faussement verdoyante, entourée d'arbres centenaires, où le sombre marécage des étables mêlait hommes et bêtes, puanteur et vermine. Le temps n'existait plus. L'alternance des jours et des nuits avait disparu. Seuls, lumière et ombre, chaleur et froid se complétaient et se rejoignaient dans une éternité où les heures et les minutes sont abolies.
J'avais connu cette île, j'en évoquais les images brouillées comme si je les voyais non point à trois ans, mais à trente ou cent années de distance. Engourdi au milieu de toutes ces images jetées pêle-mêle les unes par-dessus les autres, replongé dans cette fournaise d'odeurs, de saveurs, de couleurs, je n'avais pas la force de m'y intégrer, car je les aimais, les haïssais et les craignais tout à la fois. Dans ces images resurgies, j'aperçois des silhouettes connues, pourtant je jugerais ne les avoir jamais connues. Elles se rapprochent ou s'éloignent, prêtent l'oreille à des sons inventés, mais je ne les identifie pas. Je me suis égaré sur une route où chaque minute à son importance, car toutes ces minutes forment le temps. Il va, il court, sans emporté rien ni personne. Qui ne peut suivre est abandonné sans pitié. 
p.121
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(ce monde est si petit que les évènements n'y restent secrets que tant qu'ils n'ont pas eu lieu). [...]
il refusait de croire qu'un autre remplissait ses devoirs conjugaux à sa place. Mais le jour où il s'en persuaderait, il y aurait du sang. Il appartenait encore à cette génération de tsiganes qui n'utilisait pas le rasoir que pour se raser. 
p.99
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Je me défends contre les superstitions comme on se défend contre soi-même : je n'y crois pas, mais j'en ai peur. Elles emprisonnent tout dans les innombrables fils de leur toile d'araignée. Si un seul fil se casse, il ne subsistera qu'ombre et ténèbres, toute foi, toute confiance auront disparu.
Nous croyons à l'inexistant, parce qu'au travers des siècles ses racines se sont fossilisées. Il ravage, il tue, il contamine ; il exige notre foi et nous rempli de terreur. Il dévore tout, nous réduit à néant et nous ressuscite ; il nous fait tant trembler de peur qu'à force de supporter les chaînes que nous nous sommes nous-même forgé, nous en acquérons du courage.
Mais où se trouve-t-il, ce ciel bleu sans nuage sous lequel des fées noires aux longs cheveux défont les liens dont les djouklano manouch vous ont ligotés pendant votre sommeil ? 
p.97
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je n'osais m'avouer la vérité – que tout ce qui s'était passé autour de moi, tout ce que j'avais vécu, je l'aimais, tout entier, tel quel, dans toute sa sombre brutalité. Chacun est formé par le monde dans lequel il vit, et chacun se forge son monde à lui. Ils s'accordent comme ils peuvent, comme ça leur convient le mieux.
- Eh ! Tu veux fumer ? 
p.74
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Pour satisfaire à la morale, on méprisait en parole les choses sexuelles, mais en fait elles seules comptaient vraiment dans la vie des tsiganes.
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Mais la vie réclamait son dû et se fichait pas mal de ce qui est permis ou pas, de ce qui se fait ou non. On n'avait d'ailleurs pas le choix. Vivre, c'est la seule loi, contre elle il n'y a pas d'appel.
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Il était vraiment impossible de rester honnête, le froid et la fin poussaient les tsiganes aux pires extrémités.
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