J'ai eu beau chercher,je n'ai trouvé rien d'autre à souhaiter que ce qui, ce soir-là, m'était donné.
Je suis descendu vers la baie et je l'ai tout de suite aperçu, tout au bout d'une jetée de gros cailloux qui avançait en dos de dragon dans le fleuve couleur de plomb...
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Les éditions du Boréal , 4447, rue St-Denis , Montréal .
Un jour, un soir, je vais finir, non par comprendre, mais par éprouver.
......l'embarcation nous échoua sur un banc de sable du violet tendre de la nacre de l'huitre. Nous débarquions dans un cosmos digne du plus échevelé des peintres fauves, à l'heure où la lumière mourante déclinait la beauté éblouissante d'une saison qui allait bientôt mourir et semblait s'en douter.
J'avais eu peur, j'étais hors de danger, j'avais failli partir avant mon heure et, bêtement, je trouvais le temps long. Quel drôle d'animal j'étais, oscillant entre le temps compté et le temps perdu, le temps qui presse et le temps mort, incompétent à me donner tout entier à l'immortel instant présent. J'en étais à décliner étourdiment, histoire de passer le temps, les innombrables appellations du temps en question-temps local, temps universel, temps sidéral, temps solaire, temps faible, temps fort, beau temps, mauvais temps, temps jadis, temps immémorial, bon temps, plein temps et j'en oubliais- ,quand une petite voiture d'un bleu délavé, son aile arrière gauche mangée par la rouille, s'est arrêté devant moi.
oui, c'est pareil! Faut effacer les souvenirs comme les espérances avant que commencent les emcombrements.