Jean-Philippe Rameau n'était pas porté aux confidences : à côté de ses œuvres, éclatantes de franchise et d'audace, il sut toujours garder le secret de sa vie, obscure, solitaire, impénétrable. Aussi, lorsqu'il mourut, ses panégyristes se trouvèrent-ils fort embarrassés : tout ce qu'on savait de lui se réduisait à peu près aux dates des premières représentations de ses opéras, ballets, divertissements et pastorales. Mais Rameau avait cinquante ans lorsqu'il commença d'écrire pour le théâtre. Gomment avait il vécu jusque-là ? Lui seul eût pu le dire, et il s'en était bien gardé. « L'ignorance absolue où l'on est de tous les événements de sa vie pendant près de cinquante ans », dit Chabanon l'ami de ses dernières années, « fait voir qu'il s'ouvrait peu, qu'il parlait peu de lui-même, soit avec ses amis, soit au sein de sa famille. »