Citations sur Quatre aveux pour un seul crime (53)
Cette femme est un don de Dieu. Franchement, j’ai presque du mal à comprendre pourquoi elle reste avec moi. Elle n’est pas ma meilleure moitié, comme on dit, mais plutôt mes meilleurs quatre-vingt-dix pour cent ! Sans elle, je… je serais sans doute mort. Mort de faim, quelque chose comme ça.
Je t’aime. Tu m’aimes. Nous avons trois merveilleux enfants. Elsie est une ado et traverse certaines épreuves – c’est normal. Cet incident est peut-être une bonne chose, finalement. Nous allons passer une semaine entière ensemble ; ces quelques jours de détente nous permettront peut-être de la convaincre de s’ouvrir à nous.
C’est normal, quand on voyage avec des enfants, dit l’hôtesse, qui, compréhensive, posa une main sur l’épaule de Ginger. Mais si vous pouviez vous installer rapidement, avec votre charmante famille, pour nous permettre de décoller…
Ces derniers temps, Ginger avait le sentiment d’être la pire épouse au monde et une mère encore plus catastrophique. Elle ne cessait de se faire du souci. À propos de ce vol, par exemple, à propos d’Elsie, renfermée sur elle-même depuis quelque temps, à propos du prix des nouvelles chaussures à crampons de Tom, ou encore à propos des médicaments de Poppy.
Lulu y découvrit quelques mots et reconnut instantanément l’écriture de Pierce. Et le pire, c’est qu’il avait daté son message, cet imbécile ! Il était ainsi certain que Pierce était remonté dans la chambre dans le seul but de rédiger cette lettre sordide.
Les mains tremblantes, Lulu entreprit de lire le billet doux à coup sûr destiné à l’autre femme.
Que de secrets dans cette expression ! Lulu avait passé l’âge de s’approcher en douce de son mari de soixante-quatorze ans pour surveiller ses « regards furtifs ».) Il tourna la tête vers elle, non sans curiosité, mais ne parut pas l’apercevoir, sans doute parce qu’elle s’était tapie derrière une plante verte, le cœur battant à tout rompre. Elle n’avait pas éprouvé une telle angoisse depuis l’époque où, petite fille chahuteuse, elle jouait à cache-cache. Pour tout dire, sa nervosité était telle qu’elle fut soudain saisie d’une envie pressante.
Nourrir de telles pensées à propos de son mari, confinant à la paranoïa, faisait horreur à Lulu ; elles étaient comme un poids sur sa conscience. Elle culpabilisait de soupçonner ainsi Pierce alors qu’elle n’avait même pas trouvé suffisamment d’assurance en elle pour aborder franchement la question avec lui.
C’est l’avantage d’avoir épousé un vieil homme fortuné dont les bonnes manières remontent à la Grande Dépression.
Les tambours et trompettes ne sont pas vraiment ma tasse de thé, voyez-vous. J’aime l’amour. La romance, la passion, le désir. Il est question de tout autre chose lors d’une cérémonie de mariage.
Lulu n’aimait pas évoquer ses précédentes relations en présence de Pierce, dont elle jugeait le passé beaucoup plus flatteur que le sien. En effet, il avait mené une brillante carrière d’avocat, possédait une splendide maison et jouissait d’un compte épargne retraite fourni, sans mariage raté derrière lui. Son unique casserole était d’être resté célibataire la majeure partie de ses soixante-dix ans d’existence.