Citations sur Quatre aveux pour un seul crime (53)
cette Phoebe ne me parait pas très maline. Ce n'est pas le genre d'amie avec qui je voudrais passer mon temps.
- Je suis au lycée, je vous rappelle, dit tristement Elsie. On est tous "pas très malins".
La chaleur du petit corps avait quelque chose d’apaisant. Sans avoir eu le temps de s’en rendre compte, Emily tenait un bébé dans ses bras.
Qu'il était étrange que ces rides correspondent si peu à la jeunesse qu'elle éprouvait en elle !
Cette petite fille a probablement très peur de moi, pensa Emily. Elle n’avait qu’une envie, la serrer contre elle et se gorger de son odeur de nourrisson, sentir le savon et le talc sur sa peau lisse. Les bébés percevaient-ils la peur des autres, à l’instar des chiens ? Car Emily transpirait la peur, la convoitise et la colère. Et quelque part sous cette colère se trouvait une blessure si profonde que rien ne saurait jamais la refermer.
Emily prit une vive inspiration, assaillie par une poussée de culpabilité. Elle ne s’était pas déplacée pour consoler Sydney mais parce qu’elle était intriguée par le bébé. De façon égoïste, elle avait surtout songé à découvrir quels sentiments naîtraient en elle quand elle poserait les yeux sur la petite chose qui se tortillait dans sa couverture. Ne s’étant plus approchée si près d’un nourrisson depuis si longtemps, elle éprouvait le besoin de vérifier si elle en était encore capable. Si elle viendrait à le regarder, à le sentir, à le toucher… sans se sentir écrasée.
Nous n’étions pas riches, simplement une petite famille normale qui travaillait dur… jusqu’au jour où ils sont morts. (Elle secoua la tête.) Vous avez entendu le ton que Janice a pris pour me parler ? Pas étonnant que mes parents se soient éloignés de ces gens-là. Je n’en reviens toujours pas d’avoir été invitée à ce mariage, même s’il est vrai que la mère d’Arthur a été une bénédiction pour moi, après la mort de mes parents. Elle m’a aidée financièrement pour les obsèques, ce genre de choses. Par culpabilité, sans doute.
Elle se donna une contenance en s’enfonçant dans son fauteuil puis en tournant la tête vers le bar. Un soupir de soulagement lui échappa lorsqu’elle constata que Lulu, de retour de son escapade dans les étages, s’installait sur le tabouret voisin de celui de son époux, qui s’adressait à elle les lèvres pincées.
En plus de rides de stress sur le front, cette femme avait les yeux cernés trahissant un manque de sommeil chronique. Elle semblait à peine assez âgée pour avoir un enfant ; on l’aurait plus volontiers imaginée se baladant sur un campus, un sac à dos sur l’épaule, qu’avec un bébé plaqué sur la poitrine.
Elle avait en outre tout à fait l’allure d’une femme aisée ne buvant qu’en société : en plus du jean et des talons aiguilles les plus chics de sa garde-robe, elle portait un chemisier noir moulant bordé de dentelle. S’ajoutaient à cela quelques-uns de ses accessoires favoris – une montre-bracelet très fine, qu’elle possédait depuis des lustres, deux petits diamants aux oreilles, ainsi qu’un collier en argent qui n’avait pas coûté grand-chose mais qui avait une grande valeur sentimentale pour elle, car Whitney le lui avait offert à l’époque de la fac. Sa tenue n’avait rien de luxueux mais elle s’était donné la peine d’avoir de l’allure. C’était un aspect essentiel de la comédie.
Emily pouvait s’arrêter de boire quand elle le décidait, elle n’était donc pas alcoolique. Elle avait même décliné un verre ce soir ! Les alcooliques sont incapables d’une telle prouesse. (Peu importait qu’elle en ait commandé un autre peu après, elle avait d’elle-même refusé de boire sur le moment. Cela avait été une décision cohérente, logique, et non une contrainte.) Elle n’avait pas voulu que Lulu lui offre ce verre, c’est tout.