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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De toutes les opérations militaires qui se sont déroulées en Asie pendant la Seconde Guerre mondiale, la campagne de Birmanie figure sans doute parmi les plus éprouvantes pour les forces Alliés. Pendant près de trois années, Américains et Anglais ont du faire face aux troupes de l'Empire Japonnais et expérimenter une forme d'affrontement avec laquelle ils ne sont guère à leur aise : la guérilla.Difficile en effet d'avoir recours aux méthodes de combat traditionnelles en pleine jungle, dans un pays étranger et sous un climat lourd propice à la prolifération de maladies graves. Jusque là, le roman de Christophe Lambert s'en tient aux faits. Là où le récit va commencer à diverger de l'Histoire, c'est lorsque les Alliés vont décidés de faire appel à un peuple réputé pour son attachement à la nature et son habilité à évoluer dans ce type d'environnement sauvage : les Elfes. Cinq de ces créatures majestueuses et redoutables acceptent ainsi de se rendre en Birmanie afin de former les soldats Alliés à de nouvelles tactiques, à la seule condition que les accompagne un certain J. R. R. Tolkien, paisible professeur à l'université d'Oxford, dont la présence déterminera l'issue de leur mission. Il faut avouer qu'encore une fois, Christophe Lambert ne fait pas dans le classique !

Le lecteur va donc suivre tout au long du roman un petit commando, les Chindits, qui va entreprendre une mission de sabotage des communications japonaises au delà des lignes ennemies. le roman est assez court mais très rythmé, alternant efficacement scènes d'action et moments plus intimistes afin de ne jamais laisser décroître l'intérêt du lecteur. On voit bien que l'auteur s'est minutieusement documenté, aussi bien sur cette campagne de Birmanie et ses enjeux stratégiques pour l'issue de la Seconde Guerre mondiale, que sur Tolkien lui-même dont il brosse un portrait saisissant. En se basant essentiellement sur la correspondance de l'auteur, Christophe Lambert est parvenu à donner vie au père de « Bilbo le Hobbit » et du « Seigneur des Anneaux » auquel on ne manque pas de s'attacher et qui nous émeut à de multiples reprises (la scène lors de laquelle le professeur relate à ses compagnons de nationalités très diverses l'histoire de la Terre du Milieu est particulièrement touchante et témoigne bien de l'universalité des thèmes abordés dans ses oeuvres). Instruit, imaginatif, très « anglais », et surtout soucieux de mener une vie paisible bien éloignée des aventures vécues par ses héros, le lecteur découvre Tolkien tel qu'il se l'imaginait et se plaît à repérer les points communs entre l'expérience birmane du professeur et ce qui deviendra des années plus tard « Le Seigneur des Anneaux », manuscrit uniquement en cours de rédaction au moment de l'intrigue.

Car au-delà de l'exotisme de cette jungle birmane et de l'audace de la mission entamée, il faut bien avouer que ce qui fascine avant tout le lecteur, c'est le travail effectué par l'auteur afin de créer le maximum de ponts entre l'oeuvre de Tolkien et la situation à laquelle il se retrouve confronté dans « Le commando des immortels ». le lecteur fin connaisseur du « Seigneur des Anneaux », appréciera certainement d'assimiler telle scène ou telle anecdote du roman à un passage de la célèbre trilogie : le combat contre l'araignée Shelob, la relation entretenue entre Frodon et Sam, et bien sûr la descente dans les mines de la Moria et l'épisode du pont de Khazad-dûm et du Balrog. On peut également saluer la qualité de la réflexion de l'auteur concernant les mythes dont il questionne l'essence même en tentant de répondre à cette épineuse question : « pourquoi les grandes histoires épiques et initiatiques, écrites (ou narrées) depuis la nuit des temps, se ressemblent-elles tellement ? » L'occasion pour Christophe Lambert de mettre en avant la complexité de l'oeuvre de Tolkien mais aussi de revenir sur d'autres grands récits légendaires, de Beowulf aux contes oraux des tribus birmanes locales. Enfin, il est évidemment assez fascinant d'assister à la rencontre entre un auteur et l'une de ses créations les plus marquantes. Alors, à votre avis, que pensent les Elfes de la Terre du Milieu... ?

Christophe Lambert signe avec « Le commando des immortels » un roman passionnant qui vous tiendra en halène du début à la fin et qui ne manquera pas de ravir les amateurs de fantasy en général, et ceux de Tolkien en particulier. Une lecture originale mêlant habilement action et réflexion, et que je recommande chaleureusement !
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J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir. Christophe Lambert nous fait partager son enthousiasme pour son sujet au fur et à mesure du roman. Il arrive à construire une histoire et à offrir une fin inattendue à des éléments très connus. Quelques petits détails m'ont un peu dérangé, genre la présentation ninjas des elfes et le parallèle Elfes / Peaux Rouges qui est ou trop accentué ou pas assez creusé, c'est selon les goûts de chacun.

"Le Commando des Elfes" est parti du pitch d'un "Platoon" elfique. On remplace les Amérindiens par les Elfes pour une 1ère partie très "Windtalkers". On envoie Tolkien dans la jungle birmane pour une 2e partie très "Pont de la Rivière Kwaï". Christophe Lambert modernise le roman de guerre (mais le simplifie aussi, car il a pris le parti d'un roman court et c'est très bien ainsi) pour lui rendre un fort sympathique hommage.
Les codes du genre sont respectés des officiers anglo-saxons jusqu'aux auxiliaires indigènes. On suit un beau cahier des charges qui puise avec plaisir dans les références cinéphiles. Les réminiscences tolkieniennes, très documentées, sont un super kiff : ça dégaine de partout ! Au-delà de la mise en abîme, "Le Hobbit", "Le Seigneur des Anneaux" et "Le Simarilion" sont mis à contribution : on retrouve au fil des pages Fondcombe et la Moria, Gollum et Arachne, les peaux-vertes et le Balrog… Mine de rien on apprend beaucoup de choses sur le légendaire auteur de fantasy !

Mais il est vrai que l'histoire tourne abruptement dans le fantastique dans la dernière partie. Quand Tolkien marche dans le pas de Gandalf pour sauver ses compagnons, c'est le pied ! Quand le demi-elfe marche dans les pas des personnages de Terence Malik, c'est le pied !
Et moi je me marre car dans le livre comme IRL J.R.R Tolkien crache sur les critiques / exégètes qui détruisent la magie de la fantasy… alors que certains l'utilisent pour enfoncer le reste de la fantasy ! Evidemment tous les rageux étaient en embuscade pour se moquer du roman. Et bien, qu'ils aillent au diable !
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Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le commandant des Royal Marines John R. R. R. R. R. (etc.) “Pappy” Tolkien était à la tête d'une escouade de coureurs des bois. Celle-ci était composée d'elfes et d'aventuriers qui devinrent les terreurs du Pacifique sud.
On les appelait le Commando des Immortels.
(D'après le générique VF de la série Les Têtes Brûlées.)


Laissons Greg Boyington et ses têtes brûlées jouer les acrobates aériens, nous, on va rester sur le plancher des vaches et s'enfoncer sous les arbres, au coeur des ténèbres.
Nous sommes en 1942 (dans le livre, hein, pas en vrai). Pour combattre les Japonais dans la jungle birmane, l'état-major américain fait appel à des habitués du grenouillage sylvestre : des elfes. Ceux-ci acceptent à condition que Tolkien les accompagne.
Le Commando des Immortels, c'est Windtalkers avec des elfes au lieu des Navajos et Tolkien à la place de Nicolas Cage !
Pitch barré bien comme il faut, normal, c'est du Lambert (cf. Zoulou Kingdom et La Brèche, pas mal non plus dans la catégorie romans foufous). Christophiel Lambertiel a plus d'une corde à son arc elfique et aime le mélange des genres – ici fantasy et roman de guerre. Ça tombe bien, moi aussi, j'adore croiser les effluves.


Dans son mot de la fin, Lambert explique la genèse de son “Platoon elfique”, comment l'idée initiale a glissé dans le temps et l'espace de la guerre du Viêt Nam au front Pacifique. Ce faisant, il cite pas mal de ses inspirations… et torpille mes effets. Va-t-en briller en évoquant les références quand l'auteur t'a déjà mâché le travail et chroniqué lui-même son bouquin… C'est un coup à me mettre au chômage…
Après, je ne me plains pas, c'est ce que j'attends des auteurs et de leurs bouquins : qu'ils rendent difficile l'exercice de la chronique, qu'ils m'obligent à me sortir les doigts du… euh… de la Moria pour apporter du pertinent.


La construction du roman en désarçonnera plus d'un. Raison pour laquelle je conseille de lire au lit plutôt qu'à cheval ou à dos de pégase.
Le roman alterne deux ambiances, avec une coupure très marquée. Les deux premiers tiers relèvent surtout du roman de guerre. Je veux dire, de la fantasy, y en a aussi, c'est pété d'elfes de partout, mais ce qui prédomine, c'est LA GUERRE !
Faudra attendre le dernier segment pour que la fantasy se lâche au format XXL. Ce découpage peut dérouter mais il fonctionne. le lecteur se retrouve dans la même situation que les protagonistes à se demander ce qui va sortir des fourrés, quand et comment. Des Japonais ? des orques ? un dragon ? des nains du clan Héhonourentronduboulo ? rien de tout ça ? Bienvenue dans la jungle et l'angoisse de l'ennemi invisible…
Le spectacle offert dans le tiers final est à la mesure de l'attente. Des détails ? Je ne risque pas de t'en donner sauf à spoiler à mort et ça, c'est niet. Disons que la puissance de certaines scènes vaut les moments de bravoure du Seigneur des Anneaux. On en a pour son argent, question de patience.


La fantasy, c'est fait. Maintenant, penchons-nous sur LA GUERRE !
LA GU… La guerre, donc, dans cette version papier de Les maraudeurs attaquent avec une touche so british échappée du Pont de la rivière Kwaï.
Rencontre avec les auxiliaires sylvestres sur l'air du 13e guerrier, contextualisation et genèse de l'opération, défilé des membres du commando, entraînement de la troupe, puis la jungle et ses combats, le tout saupoudré de Britanniques qui fument la pipe avec distinction pendant que les Yankees mâchouillent des cigares en ricanant comme des baleines. Autant dire l'esprit classique du cinéma de guerre des années 50-70 et les scènes habituelles des films de commandos.
Lambert connaît son boulot, il ne se contente pas de piocher dans le catalogue des classiques ni de limiter sa touche personnelle à des elfes ninjas. Les situations et les personnages jouent sur les codes et stéréotypes du genre avec assez de finesse pour éviter les clichés. Tu penses certes à pas mal de films pendant la lecture, mais sans avoir l'impression qu'ils ont été pompés tels quels. Tout comme le travail documentaire n'est pas copié-collé de Wikipedia en mode exposé de dix pages, mais digéré, dosé, intégré au récit. Rien ne donne envie de choper l'auteur pour lui tailler les oreilles en pointe. du bon taf d'auteur pour mêler inspirations, sources et imaginaire personnel.


Surtout, il y a un travail d'écriture remarquable sur Tolkien. J'avais peur que le bonhomme ne soit qu'un gadget, une guest-star pour faire vendre le bouquin. Eh non ! Il sert pour de vrai. Lambert a réussi là un excellent portrait mi-réaliste mi-fictif. Qu'il ait romancé et inventé, je ne vois rien de scandaleux. Quand tu colles des elfes dans l'armée américaine, derrière, tu peux tout te permettre. Si le Tolkien du Commando des Immortels n'est pas du tout celui du commando de l'IRL, il lui est fidèle.
En s'appuyant sur la correspondance du vrai Tolkien, Lambert en a créé une de son cru, aussi vraie que nature. Excellent choix d'écriture ! Entrecouper la narration à la troisième avec de la forme épistolaire casse la linéarité du récit, le dynamise et lui insuffle de l'humanité via le regard porté à la première personne. le procédé n'a rien d'un artifice formel, il reste raccord avec le contexte guerrier en brodant sur le thème de la lettre du soldat à sa dulcinée.
Le personnage offre aussi l'occasion d'aborder certaines questions d'écriture. C'est une lapalissade de dire que l'oeuvre de Tolkien est très présente dans ce roman. Lambert joue sur deux tableaux : 1) l'évocation des bouquins concernés en tant que tels, dans les conversations des protagonistes ; 2) les parallèles entre les aventures vécues par le commando et celles des Bilbo, Frodon et autres nimbus aux pieds poilus.
En cours de route, Lambert pose une question intéressante sur la genèse des mythes et la récurrence de certains schémas narratifs. Un exemple de manie des mythographes parmi d'autres : la caverne avec un monstre dedans et toute la symbolique mort et renaissance qui va avec (cf. Orphée aux Enfers face à Cerbère, Bilbo et Smaug, le Faucon Millenium et le ver géant dans les tréfonds d'un astéroïde, le combat de catch entre Gandalf et le Balrog au douze millième sous-sol de la Moria…).
Tolkien n'a donc rien d'un figurant bankable, dont le cameo ne serait qu'un prétexte pour fourguer le bouquin aux fans du Seigneur des Anneaux. La construction et le propos du roman rejoignent les exigences du chef des elfes : sans Tolkien, pas de Commando des Immortels.


Des elfes, des mitraillettes, des Japonais, des sortilèges de guérison… le Commando des Immortels réussit son pari du mélange entre roman de guerre réaliste, fantasy tolkienienne et uchronie. Cocktail improbable mais ça fonctionne. Ce n'est pas du Tolkien, et tant mieux, Tolkien l'a déjà fait, aucun intérêt de le recopier. C'est du Lambert, à prendre comme tel pour bien l'apprécier.


We are poor little lambs
Who have lost our way.
Baa! Baa! Baa!
Lien : https://unkapart.fr/le-comma..
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très amusant.. D'ordinaire, je n'achète pas de poche, et encore moins d'occasion. Mais le résumé m'a tellement intriguée que je me suis dit 'pourquoi pas?'. Je ne suis absolument pas déçue.

J'adore l'écriture de l'auteur que je trouve fluide, intense. Même quand les personnages sont éreintés et qu'ils s'arrêtent pour souffler deux minutes, on sent l'histoire bouillonner. Comme si l'action continuait en permanence. Ce n'est pas très clair, c'est quelque chose d'assez compliqué à expliquer. Mais c'est vraiment comme ça que je l'ai ressenti.
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