e ne sais pas par quoi commencer… Alors commençons peut-être par ce questionnement, justement, puisqu'il faut bien se lancer.
Durant la lecture de ce livre, je suis passée par plusieurs phases. On dit souvent que le moment où un livre est lu est très important car notre ressenti dépend tellement de facteurs extérieurs que nos jugements ne seraient certainement pas les mêmes selon les périodes de lectures.
Ma première émotion, je l'avoue et l'assume, a été de l'agacement. Et oui…. Parce que pendant près de la moitié du livre, je me suis dit que si un illustre inconnu avait choisi d'écrire cette histoire, ce foisonnement d'émotions, les maisons d'éditions n'y auraient pas forcément prêté plus attention que cela et il n'y aurait pas eu un tel encensement de cet ouvrage.
Tout le monde a son lot de malheurs et de tristesses, quel que soit son activité professionnelle, son milieu social. Il n'y a aucune discussion à avoir à ce sujet. Non, ce qui m'a gênée, c'est que cet anéantissement qu'a vécu et continuera à vivre
Olivia de Lamberterie reste auréolé de cette bulle de la bourgeoisie parisienne sans souci matériel, avec ces possibilités de faire ce que l'on a envie sans trop se poser de questions bassement pragmatiques. Vivre un drame lorsqu'on est entouré, choyé, aimé, lorsqu'on a un métier qui nous passionne et que la vie nous a fait naître du « bon » côté, reste à des années-lumière de cette traversée du désert que certains doivent traverser seuls, sans moyens, sans soutien.
Je sais qu'en me lisant certaines doivent être outrées. Mais comprenez-moi bien. J'ai beaucoup trop d'empathie en moi pour ne pas m'être débarrassée de ce premier ressenti en cours de lecture.
J'y est ensuite découvert une sincérité remarquable et une écriture rafraichissante, de notre temps.
Seules les personnes ayant vécu un deuil similaire peuvent se permettre de juger le fond du livre. C'est d'ailleurs ce qu'elle nous dit. Et cela est valable pour tous les coups durs que la vie nous réserve.
Mais au fond de moi, un embarras persiste : ce livre aurait-il eu la chance d'exister s'il n'avait pas été écrit par
Olivia de Lamberterie ? Aurait-il eu droit d'être édité par Stock et d'être « habillé » de cette belle, élégante et sobre tenue bleue nuit ?
Toutes ces considérations n'enlèvent cependant rien à ma compassion, que vous le pensiez ou non.