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sur 975 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En tant que lecteur débutant, j'alterne classiques et romans contemporains. Dans ce second volet, je parcours les "Prix" de ces dernières années. C'est ainsi que je suis tombé sur " Avec toutes mes sympathies". Sans me douter de ce que j'allais trouver.

Pénible, très pénible, cette lecture. Eu égard au nombre de notes et de critiques, ne revenons pas sur le fil de l'histoire.

Une histoire qui est d'abord l'exaucement d'un voeu. Avant de se donner la mort, Alex avait demandé que sa soeur écrive un livre - un témoignage - qui essayerait d'expliquer cette poisse noire qui a étoufé sa vie, et qui touche, à un degré moindre, celle de sa soeur Olivia. On dit que, parfois, on écrit avec ses larmes, ou qu'on écrit avec son sang. C'est bien ce qui se passe ici.

"Expliquer" est un terme bien inadéquat. Car expliquer, on le peut. La maladie a un nom, est certainement décrite dans ce que les psychiatres appellent le DSM, et elle a des traitements connus. Ce n'est pas que l'on manque d'explications. Même si elles ne sont que partielles et multiples. le fonctionnement du cerveau n'est connu - et encore, de façon incomplète - qu'en termes de correlation, pas de causalité : A va souvent de pair avec B, mais est-ce qu A cause B ? Ou est-ce que ca marche dans l'autre sens ? Ou tous deux sont-ils causés par C ? Ou pire, sont-ils causés par C,D,E, F et quelques autres, tandis que d'est causé aussi par F et par W, F quant à lui .... Ca, c'est le cerveau. Mais quand on en vient aux liens entre le cerveau et l'esprit, le mystère s'épaissit considérablement. Un psychologue a toute une nomenclature concernant ce domaine là, et des moyens d'intervention. le psychologue, le psychiatre et le neurologue interviennent, chacun avec ses compétences, sa carte du terrain et ses moyens pour essayer d'améliorer la situation. Ainsi nous passons des explications aux interventions.

Expliquer, diagnostiquer, intervenir, Il en est beaucoup question dans ce livre. Et c'est essentiel pour améliorer la qualité de vie, Pour rendre cette vie la meilleure possible. Voir guérir tout à fait. Mais, bien sur, ce qu'Alex aura voulu dire, c'est plus. Expliquer, c'est aussi : circonscrire, faire sens, peut-être même extraire, j'allais dire : régler ses comptes avec la maladie. Guérir comme si l'on n'avait jamais été malade.

Olivia poursuit surtout la piste de la génétique ("une propension à la mélancolie") et d'une éducation plutôt collet monté. le fait est que beaucoup d'hommes dans la famille semblent en souffrir. Mais de là à conclure quoi que ce soit de concret concernant les origines, ca me semble faire un grand écart. Et le fait qu'Olivia - elle même très fragile, même après plusieures thérapies - refuse de faire son deuil me semble bien inquiétant.

Il y a témoignage, et il y a explication, mais sans doute pas au sens ou l'aurait souhaité Alex. Il y a le récit d'un vécu et de ce qu'il comporte. Mais il faudrait transposer ces vies et leur histoire dans un cadre qui fasse sens. Je me demande si Olivia a commencé ce long travail, ou si elle continue à fouiller l'absence.

Un truc vraiment pervers, cette maladie. Et je crois bien que nous connaissons tous des gens qui en souffrent.
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La mort d'un être qu'on aimait est toujours une onde de choc et personnellement, je ne sais ce qui résonne le plus péniblement : une mort brutale ou une agonie.
Olivia de Lamberterie a connu les deux tout à la fois avec son si cher frère. Car il y a des personnes comme cela qui ne sont pas faites pour le bonheur. Des personnes pour qui la vie est irréconciliable. Des personnes dont la mélancolie profonde se cache sous le vernis de la gaité puis qui replongent dans les tréfonds de la détresse de vivre. Son frère Alex était de ceux-là. Plus d'une fois il a voulu en finir. Plus d'une fois il est passé à l'acte. Jusqu'au jour où il n'a plus été question d'un acte manqué, mais d'une libération choisie, préparée, pour se libérer de la souffrance qui l'étouffait chaque jour. Alors pour ses proches, l'agonie a finalement duré le temps de sa vie jusqu'à la violence de sa disparition. Je n'ose imaginer le tremblement de terre intérieur que cela doit nécessairement déchainer en soi.

Alex s'est montré toutefois délicat, prévenant pour ceux qu'il aimait - le suicide n'est pas nécessairement égoïste - car il a tenu à ce qu'aucun de ceux qui et qu'il aimai(en)t ne puisse(nt) se faire de reproche. Il a veillé à ce que chacun et tous aient un adieu.
"Au moins il ne souffre plus" console un peu. Parfois.

Je ressors un peu en demi-teinte de ce récit car ce n'est vraiment qu'à partir de l'annonce du décès de son frère que l'auteure m'a véritablement touchée. J'ai aimé les signes qu'elle voyait dans les oiseaux. Je le crois comme elle, nos disparus envoient des messages, des clins d'oeil, des "je suis là". J'ai aimé certains passages pour leur émotion. Et je suis heureuse pour elle que ce livre se termine sur un sentiment de paix, tout comme son frère a pu enfin trouver la sienne.
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J'avoue mon ambivalence face à ce livre que j'ai longtemps tenu à l'écart. Attraction et rejet à la fois. Je le voyais comme une ènième histoire autobiographique de deuil. Et je trouvais un peu indécent, un peu exhibitionniste cette histoire de "critique littéraire" à particule devenue auteure à la faveur d'un drame intime: Un frère qui se suicide, , un frère dont on connais la fragilité et qu'on n'a pas réussi à protéger de lui-même. j'imaginais le récit, la culpabilité. Et j'avais un sentiment d'injustice à cause des facilités éditoriales dont Olivia de Lamberterie avaient inévitablement bénéficié!
Et pourtant, Voilà un livre que j'ai lu en apnée! Un livre qui me permet de reconnaître qu'on peut faire de la littérature avec de l'intime.
Ce qui m'en reste: une forte impression de sincérité de l'auteure, une grande énergie de l'auteure qui a le sens de la formule et un style bien à elle, sans concession.
Et puis, j'ai été touchée par la démarche: prolonger la vie, faire exister aux yeux du monde ce frère tant aimé, lui rendre hommage et peut-être adoucir un peu la perte.
L'auteure y va cash, elle s'expose et ce n'est pas indécent!

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Je reste dubitatif après la lecture du récit d'Olivia de Lamberterie sur la disparition de son frère par suicide. Je ne doute pas qu'elle ait eu besoin d'exprimer sa peine et son incompréhension face à un tel malheur familial mais je ne pas aimé la lire. L'impression incongrue d'être ici un "liseur" comme on pourrait parler d'un "voyeur" m'a horriblement gêné et mis très mal à l'aise.
Je ne connais pas cette critique littéraire, ne regarde pas la télé et j'ai aussi trouvé sa manière de dire et d'écrire très souvent choquante, le choix de certaines images vulgaires ou indécentes : « Il se couperait un bras avec une scie sauteuse pour son ami (p.58). Maintenant à qui le tour ? (De se suicider) j'ai trois fils, j'aimerais bien savoir (p.69) !!
Bienvenue chez les dingos ! S'exclame-t-elle en rejoignant son frère en psychiatrie.
Humour mal venu, déplacé, expressions maladroites dans un tel livre m'ont interloqué : «  Je travaille comme une pute de campement » p.136; Nous sommes tous brisés, nous accrochons les uns aux autres, une masse d'humains, de bras emmêlés, de mains agglutinés, de joues agglomérées dans un gout de morve et de sel. p.175. etc.

Mais je suppose que tout cela et y compris cette habitude nouvelle de publier ses exutoires à la sidération et aux malheurs est dans l'air du temps.
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Olivia de Lamberterie est venu parler de son premier roman lors de sa parution à la Grande Librairie. le thème du jour en était : « les écrivains vous racontent leurs secrets de famille, les silences et les non-dits qui les accompagnent ». Je l'ai écoutée parler de son frère, ce héros, cet être flamboyant, magnifique, mais blessé. Par l'écriture elle dit vouloir tromper la mort. Avec la violence de ce suicide, elle a été prise d'une incapacité à se souvenir du bonheur. Qu'importe ! Elle inventera une nouvelle façon d'être triste, une nostalgie heureuse. Son petit garçon lui dit : « Mais Maman, est-ce qu'on va faire quand même Noël ? et là, elle s'en est vraiment voulu. Elle lui a répondu : « Je vais inventer une manière joyeuse d'être triste ». Est-ce qu'il suffit de décider d'être gai, joyeux pour le devenir ? La gaieté est une forme de politesse qu'elle devait à sa famille et à son enfant. Une chose encore sur laquelle elle s'est brièvement confiée : à vingt ans, elle a eu un bébé toute seule. Son père est resté très cool : »Un enfant, c'est toujours une bonne nouvelle » lui a-t-il dit. Ses parents l'ont soutenue sans faillir et cela a fait sa force, je pense. Par contre à la question « Pourquoi son frère est-il mort », je pense qu'elle n'a pas su répondre car c'est impossible. Donc tout le livre tourne autour et cela fait mal. Les passages en hôpital psychiatrique sont bien décrits et semblent hyper réels – comme quoi cela n'a pas changé : les médecins sont impuissants à nous guérir de notre mélancolie depuis l'aube des temps. Après avoir lu de Michel Onfray, « le deuil de la mélancolie » où il s'épanchait sur ces Diafoirus, incapables de déceler son mal, ici je vois aussi que pour les maladies psychosomatiques, cela reste un mystère pour certains psy. Alex, le frère d'Olivia, a essayé de guérir – en vain. Mais peut-on se libérer de la dépression chronique autrement que par ce passage à travers le miroir ? Une chose est sûre : il y a une liberté à choisir de mourir.
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Elle l'écrit, c'est dur de parler de cette détresse, de ce deuil, sur la perte de son frère bien aimé qui ne pouvait pas aimer la vie, avoir la force de vivre. Un livre à fleur de larmes qu'on lit la gorge nouée et impuissant face à la douleur ressentie. Le suicide est un acte radical et on ne peut pas lutter contre même si on aime, si on accompagne, si on soutient, l'acte survient malgré tout. Et il faut faire face. Olivia de Lamberterie a mis ses propres mots sur son vécu, avec amour, culpabilité, tendresse et regrets. Ca vibre en soi tristement quand on a le même vécu. Je recommande.
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Je ne regarde pas Télématin, je ne lis pas Elle, je ne me suis pas précipitée sur ce récit dont le sujet me faisait un peu peur. Mais comme il a reçu le prix Renaudot essai je me suis laissée tenter. Il faut bien avouer que c'est avec un peu de voyeurisme que j'ai abordé ce récit.
Ce texte est émouvant mais j'ai été gênée par le fait que l'auteur ramène un peu tout à elle, comme si le reste de la famille n'était pas aussi proche de ce frère et ne souffrait pas autant qu'elle. Et fallait-il publier ce texte si intime qui implique toute la famille?
Olivia de Lamberterie est une journaliste qui a appris à écrire de façon légère sur des sujets graves. Si elle n'était pas un journaliste reconnue aurait-on lu ou même publié son récit aussi émouvant soit-il? Mais tant mieux si son texte peut aider ceux que la disparition d'un proche, quelle qu'en soit la raison, a laissé désemparés.
 #AvecToutesMesSympathies #NetGalleyFrance

Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Cet ouvrage n'est pas un roman, mais un récit, un témoignage sur la vie de l'auteur pendant un trimestre, une saison, cet automne de 2016 où son frère s'est suicidé ...

Pour faire face, elle se souvient, de leur enfance, de leur jeunesse, de ce frère flamboyant qui croquait la vie malgré sa désespérance ... 

Elle qui travaille avec les mots, avec des écrivains, elle n'a plus que les mots pour surmonter sa peine, ce déchirement et accepter la perte de ce frère tant aimé ... 

En partie biographie de son frère, en partie son parcours de deuil, ce livre ne laisse pas indifférent ... 

Mais je m'interroge cette fois encore sur le besoin de faire paraître un tel ouvrage.

Vie privée / vie publique ... faire savoir ... 

Où est la frontière ? 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Je n'ai pas souhaité lire " Avec toutes mes sympathies" lors de sa parution. Trop de thèmes abordés dans ce texte entrent en résonance avec ma propre histoire. Et un jour, je me suis décidée. J'ai cliqué sur "solliciter" sans me donner trop le temps de réfléchir. Je viens d'achever la lecture de ce témoignage et je n'ai pas envie de porter de jugement littéraire sur celui-ci. Olivia de Lamberterie y raconte son frère Alex, qui a choisi de se donner la mort. L'écriture est ici salvatrice, elle permet de ressusciter un temps sur le papier l'être aimé et puis ensuite de décrire les moyens, dérisoires seulement en apparence, de composer avec l'absence. Je ne m'interroge pas sur le bien-fondé de ce livre, il a été la planche de salut de l'auteur. Je me demande simplement s'il avait vocation à être publié. Olivia de Lamberterie met très souvent en avant le fait que dans sa famille, les sentiments sont peu exprimés, qu'une grande pudeur est toujours de mise. Et elle nous livre, non pas en pâture, ce serait considérer les lecteurs comme des prédateurs, mais sans filtre sa douleur et celle des siens. Ce drame, que bien d'autres ont vécu, aurait-il eu le même retentissement médiatique si Olivia de Lamberterie n'avait pas été une critique littéraire de renom ? Qu'apporte ce témoignage au lecteur ? Personne ment, je retire de cette lecture un sentiment de malaise, l'impression d'avoir été dans la position d'un voyeur sans le vouloir. Ce sentiment vient peut-être que dans ma famille, la devise est aussi " Never complain."
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Olivia de Lamberterie, que je connais bien puisque je lis chaque semaine le magazine ELLE et avant- tout, les critiques littéraires dont elle dirige la rubrique, livre ici un récit très intime sur la mort de son frère.
Elle raconte, avec pudeur, les moments précédents puis suivants le suicide d'Alex, son frère adoré. Celui-ci a toujours été un écorché vif. La faute à l'hérédité? Les de Lamberterie comptent dans leurs aïeux nombre d'hommes qui se sont suicidés. Alex est une personne différente; un artiste à la sensibilité exacerbée, qui va éternellement chercher sa place dans la société. C'est aussi, et surtout, un mélancolique, à tendance alcoolique, qui va passer quelques séjours dans des hôpitaux psychiatriques pour essayer de soigner ce trouble étrange que l'on nomme dépression d'une manière générale, mais qui revêt des origines et des symptômes bien divers.
Ces tentatives de soin seront donc ici un échec retentissant, Alex ayant décidé de quitter ce monde dans lequel il n'a jamais trouvé sa place.
Les mots d'Olivia de Lamberterie sonnent juste. Les nombreuses références littéraires et musicales ancrent le récit dans la réalité contemporaine.
Elle écrit le deuil comme s'il pouvait, par les mots, constituer une manière de l'alléger de cette trop lourde peine, en sachant que ses lecteurs sauront, si ce n'est pas déjà le cas, un jour ou l'autre s'y reconnaître ou y trouver un certain apaisement.

Je remercie #NetGalley et #Stock de m'avoir permis de lire ce beau roman.
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