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Citations sur L'Oeil du silence (18)

Ce que j'ai retenu de ces années, de tous ces êtres entrevus, de quelques-uns que j'ai connus, mais au fond si peu, c'est qu'un homme, ou une femme, n'est jamais que le reflet des valeurs auxquelles il a acquiescé et qui composent son visage dernier, où s'imprime un caractère de veulerie ou de noblesse.
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Lee traversait des quartiers ravagés par les bombes. Ce fut un prélude à l'Europe ; un avant-goût du sombre voyage. L'ironie se tournait vers le ciel. Des pancartes couchées à terre proclamaient à l'intention des aviateurs allemands : NO NIGHT RAID, ONE NIGHT OF LOVE ; ou bien : OH DARLING, AREN'T YOU EXCITED ? Des gravats balayés, des fumées d'entrepôt, des particules d'essence brûlée faisaient lever une poussière grise et adhérente. Cela huilait les vêtements, empoissait la peau. On se sentait collant. Il flottait sur la ville quelque chose de la mort sifflante, de l'effroi sidérant que les machines martiennes de H.G. Wells jettent sur la terre dévastée.
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En avançant, on découvrait ce qui avait ralenti le convoi. Une file de charrettes avançait sur la route, certaines attelées, d'autres tirées à bras. On y avait empilé des meubles, des chiffons, des ustensiles disparates, des ballots de linge. C'étaient des familles allemandes en plein exode. Une odeur de poussière montait de ces équipages où l'on distinguait les têtes maigres des enfants, terrifiés parce qu'ils sentaient que leurs parents avaient peur. Je songeai une seconde aux affiches que j'avais vues en Allemagne, dénonçant les tueries des nègres américains dans la France du juif de Gaulle. Ces fuyards devaient croire leur dernière heure arrivée, étripés par des Porto-Ricains à machette, hachés menu par des sauvages de Harlem. On ne voyait en longeant cette colonne de fortune que des visages vaincus, des regards baissés. Douze années durant, ils avaient vécu prisonniers d'un monde qui récusait le monde, qui ne pouvait voir en l'autre qu'un esclave ou un monstre. Pour ces enfants, j'étais le vampire, le Blutsauger. Vampire aussi le caporal noir, vampire la femme au Rolleiflex. A cet instant-là, sur cette route, je les ai plaints d'avoir mis cet effroi dans le regard de leurs enfants. Ils ne leur avaient même pas transmis la haine, ils leur avaient seulement appris la peur.
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A Leipzig, on avait glissé la hampe de drapeaux hitlériens dans la main des statues ornant la façade du Burghaus. Une allégorie de la Justice levait solennellement son trébuchet de fer. Je ramassai des douilles sur le sol et les déposai dans l'un des deux plateaux. Le fléau s'inclina doucement.
– You win, me dit Lee.
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J'eus de bons contacts avec les troupes françaises. Un paquet de doughnuts, une boîte de pêches au sirop prédisposaient à la conversation. Les FFI en béret et bleu de travail, blouson de mécanicien et godillots crevés m'évoquaient les faces noires de Motortown, les durs du Michigan marchant vers l'usine. J'aimais cette armée dépenaillée qui mélangeait les combattants de rue et les régiments réguliers. J'aimais les officiers à calot bleu, leur dandysme incroyable – ils avaient toujours des cigarillos dans la poche-revolver, une peau de katambourou jetée sur le siège de la jeep, ou bien une bouteille de bordeaux dans la caisse à munitions.
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Lee découvrait que le vert de Hesse utilisé pour les uniformes de la Wermacht retrouvait les teintes d'étang noyé,les tonalité aqueuses des tableaux de Millais ou de Burn-Jones.L'état-major allemand,donc,était préraphaélite.
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Je me souviens du rabbin Max Eichhorn qui avait fait la campagne avec la 45e division (...) C'était à Munich ( au sujet de Dachau) il a dit : "qui n'est pas entré là n'y entrera jamais. Qui y est entré n'en sortira plus".
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Dachau (...) je me souviens du télégramme que Lee envoya à Londres pour annoncer l'envoi des premiers clichés. Elle avait écrit huit mots : I implore you to believe this is true. Je vous supplie de croire que c'est vrai.
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