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4,07

sur 2604 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Monsieur Lançon,
Je n'ose pas dire "cher Monsieur Lançon", voire "cher Philippe", et pourtant, j'ai l'impression que nous sommes devenus sinon intimes, du moins proches, tant vous avez réussi à faire partager à vos lecteurs vos épreuves, et le début de votre longue reconstruction.
"Partage", c'est un mot que j'ai lu dans une des critiques du "Lambeau" (je ne me souviens plus du critique littéraire qui est à l'origine de cette critique. J'ai lu cette critique après avoir lu votre témoignage, "Le lambeau" et j'ai compris qu'il résumait complètement ce que j'ai ressenti tout au long de votre livre.
Alors oui, merci d'avoir partagé votre longue période de retour à la vie, votre souffrance, votre renaissance.
On ne sort pas indemne de cette lecture, carrément pas.
Je vous souhaite le meilleur.
Nathalie, qui est Charlie ("ce petit journal qui ne faisait de mal à personne") depuis toujours, qui l'a réalisé avec force depuis ce jour tragique
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Merci Monsieur Lançon pour votre merveilleux livre et pour votre superbe écriture.
J'ai l'impression à travers votre récit de lire le testament d'un acteur d'une société qui s'espérait libre à tout jamais et qui pour lutter contre toutes les absurdes intolérances utilisait l'arme de l'humour. A travers toutes les épreuves que vous avez traversé ponctué de références musicales et littéraires que je compte découvrir ou redécouvrir, vous nous offrez un magnifique et sensible aperçu de la relation patient - médecin- infirmier dans le monde hospitalier inconnu pour la plupart d'entre nous.
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Un livre que j'aurais aimé ne jamais lire, à supposer alors que l'événement auquel il se rapporte n'ait jamais existé… Les choses sont hélas différentes, le 7 janvier 2015, un attentat est commis à Charlie Hebdo, faisant nombre de tués et de blessés graves… Philippe Lançon fait partie de ces miraculés… blessé grièvement mais en vie… Il nous relate ici son histoire, des heures précédents cet acte ignoble, à sa longue reconstruction.

Un livre puissant, poignant, assurément dur, émouvant, bouleversant sur beaucoup de points, et qui laissera une empreinte en moi…
Bref, une très grande leçon de Vie…
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Avant même de débuter la lecture de ce livre, les questionnements ont commencé. Ce qui révèle à quel point cet ouvrage et son sujet sont loin de laisser indifférent.
J'ai tout d'abord longtemps hésité à me le procurer : allais-je pouvoir lire ces 500 pages, ne serait-ce pas trop sombre ou difficilement supportable ? J'ai malgré tout fini par l'acheter…
La deuxième question qui s'est posée est : à quel moment aborder la lecture d'un tel thème ? Dans quel état d'esprit dois-je être ?
L'attentat de Charlie m'a, comme une majorité de personnes, énormément marquée, choquée et déstabilisée. Replonger 3 ans après dans ce cauchemar n'est pas un acte anodin. J'ai fini par me décider à l'ouvrir le premier jour de mes vacances, j'avais 2 semaines devant moi.
La 4ème de couverture ménage jusqu'au bout le mystère de ce que contient cet ouvrage puisque qu'elle ne répertorie que les différentes définitions du terme « lambeau ».
Bien sûr, il y a eu les critiques, élogieuses, quasi unanimes, mais tout de même, entrer dans ce livre était pour moi un challenge, moi qui fuis en général les essais, les sujets tristes ou qui nous renvoient au côté noir de notre société. Je considère plus la lecture comme un moyen d'évasion, d'où la nouveauté de cette démarche.

Oui, je l'avoue, j'ai eu peur que l'écriture soit hermétique, lourde, professorale. Mais dès le premier paragraphe, j'ai été emportée dans la spirale du livre qui a la vertu de ne pas vouloir vous « lâcher ».
Philippe Lançon s'adresse à vous : il se met à nu, exorcise cette épouvantable épreuve et rien que pour cela, nous lui devons un véritable respect.
Il aurait cependant pu tomber dans le pathos, voire l'écriture revendicative et vengeresse.
Bien au contraire. C'est un homme apaisé, qui a pris le temps d'analyser, de prendre du recul, de se reconstruire (ou plutôt, de se construire) pour nous offrir ce magnifique témoignage.
Son récit est fluide, il nous prend la main pour nous faire comprendre tout ce qu'il a vécu, pour nous expliquer par quelles étapes et états d'âme il est passé avec une franchise et une sérénité qui sont admirables.
Bien sûr, il reste humain, heureusement. Certains passages sont purement descriptifs (et il le faut), d'autres plein d'empathie mais aussi de colère mesurée. Nous ressentons sa peur, ses angoisses et si, bien évidement nous ne pouvons pas les comprendre réellement, nous parvenons à approcher au plus près de son ressenti grâce à une écriture efficace, honnête et sans emphase.
le tour de force se trouve également dans sa façon de toujours glisser quelques notes d'humour (on est chroniqueur à Charlie ou on ne l'est pas) mais c'est un humour respectueux, fin, d'une « grande classe ».
Enfin, toutes les références culturelles nous rassurent et ne démontrent qu'une fois de plus que la littérature, la musique, l'art peuvent être d'excellents compagnons dans les moments difficiles car ils restent l'ancrage à la beauté que le monde est tout de même capable de produire et d'offrir.

Le sujet est terrible et a marqué plusieurs générations. Cet évènement restera historique.
Mais cette démarche était nécessaire : que ce soit pour Philippe Lançon lui-même, qui, dans l'écriture a certainement trouvé un soulagement mais aussi pour la population, qui a vécu cette violence sans parfois tout comprendre. Un ouvrage qui pourrait être amené à devenir et à rester un incontournable de la littérature sociétale.
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Philippe Lançon est un des rescapés de l' attentat du 7 janvier 2015 qui a décimé en presque totalité l'équipe de Charlie Hebdo. Ceux qui, en ouvrant ce livre, n'en attendent qu'une relation ou analyse de l'événement, faite par un témoin privilégié, si j'ose dire, puisque étant sur place, au coeur de l'horreur, n'ont qu'à vite refermer cet ouvrage.
Car, ce n'est pas du tout de cela qu'il s'agit, même si, bien sûr, l'auteur raconte en détail cette matinée du 7 janvier 2015, le dernier jour de sa vie d'avant, et la sidération dans laquelle il s'est retrouvé, visage fracassé, témoin du massacre de ses amis, la cervelle de l'un d'eux à portée de main.

Ce livre, c'est un témoignage, c'est la renaissance de Philippe Lançon, ayant survécu à cette monstruosité et devant se reconstruire, au sens premier du terme, aussi bien physiquement que psychologiquement, malheureux pantin, entièrement livré aux soins et expérimentations du monde médical et se débattant avec et contre sa douleur.
Utilisant toutes ses ressources mentales, caparaçonné dans sa bulle pour survivre, convoquant à sa rescousse son héritage musical et littéraire qui lui permet de se transcender, Philippe Lançon nous délivre une extraordinaire leçon de courage.
Comment survivre à l'horreur absolue, quand on a vu s'écrouler le monde autour de soi ?
Comment trouver au fond de soi les ressources pour "revivre"
Comment supporter les longs mois de souffrance, d'interrogations .....

Philippe Lançon raconte la lente, longue et douloureuse reconstruction de son apparence tant physique que mentale, au cours de ses plus de 200 jours d'hospitalisation, ses multiples opérations de reconstruction faciale et sa longue rééducation..... et trouve moyen d'ajouter quelques touches d'humour dans la relation de son enfer quotidien !
Ce témoignage exceptionnel est porté par une écriture magistrale, précise et efficace, douloureuse et poétique, sensible, qui emporte le lecteur dans un torrent d'émotion.
A lire !
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Plongée dans l'intime d'une victime au fil d'une reconstruction faciale. un récit éblouissant qui, mine de rien, est plein de résilience. Philippe Lançon nous livre son combat, ses peurs, sans haine, sans mélo. Dois-je ajouter que c'est divinement bien écrit et que ça se lit comme un roman ?
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Moi qui avait un rythme de lecture effréné ces derniers temps, ait ralenti avec ce livre-ci. Pas par ennui, ni par le côté répétitif évoqué par certaines critiques (et qui personnellement ne m'a pas frappée) mais plutôt du fait de sa densité. C'est un ouvrage que l'on doit - je pense - prendre le temps de lire. Car ce qu'il narre est intense, que ce soit la violence de l'attentat - une violence brute et sèche - ou les émotions et la douleur qui s'ensuivent. Seul le séjour aux Invalides semble offrir une pause dans cette intensité, un calme qui vient justement contrebalancer tout ce qui précède, et qui - peut être - amène doucement le narrateur lui-même vers un retour à la "normalité".
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Comment parler d'un récit dont tout a été dit ? Quel est l'intérêt d'apporter ma petite pierre, mon grain de sable, à l'édifice déjà bien fourni, composé par la totalité des avis, publiés ou non, concernant ce livre ? Parce qu'il y a des moments qui ne peuvent sombrer dans l'oubli et disparaître de la conscience collective. Sans entretenir un culte haineux ni se complaire dans le déchirement qu'engendre la violence, le devoir de mémoire que la société entière doit aux rescapés de tueries hallucinantes réside dans la lecture de ces nombreux témoignages dont celui de Philippe Lançon. Nous, "les habitants de l'autre planète où la vie continue", nous, les inconscients colocataires de la violence absurde qui explose sporadiquement, mais régulièrement dans notre pays, nous nous devons d'entendre l'enfer de ceux qui ont vécu le pire.

Des dates restent incrustées à jamais dans nos esprits. Chacun d'entre nous se souvient, avec la précision d'une mémoire photographique, où nous nous trouvions et ce que nous faisions le 11 septembre 2001, le 13 novembre 2015 et bien sûr, le 7 janvier 2015 ainsi que les deux jours suivants. Nous avons tous été ébranlés par ces déferlements de violences aussi absurdes que mortels. Toutes les victimes et leurs proches gardent ces dates gravées à jamais dans leur corps, leur coeur et le tréfonds de leur âme.

J'ai rencontré la plume de Philippe Lançon sur une autre planète, celle où on ne massacre pas des dessinateurs parce qu'ils manient les crayons avec brio, celle où on ne tue pas des hommes et des femmes parce qu'ils préparent shabbat tous les samedis, celle où on n'abat pas les représentants de l'Ordre Public parce qu'ils portent un uniforme de la République. Non ! J'ai découvert cette plume en lisant des chroniques littéraires au hasard de mes rencontres avec Libération et, surtout, avec le récit court de "L'élan" paru chez Gallimard en 2013 et j'ai aimé. J'ai aimé l'art de raconter en phrases courtes et percutantes, l'amour après l'amour. La passion invivable et enflammée d'un couple après qu'ils se soient follement aimés. Complexe, surprenant, aussi baroque et fantaisiste que la musique de Mozart invitée dans le duo, passant de la joie infantile à la mélancolie dévastatrice. Une autre planète donc ...

J'ai retrouvé ce style dans "Le Lambeau" avec toute l'érudition de son auteur, mais dans un cadre combien plus douloureux, ce "hoquet sanglant de l'Histoire" comme il le définit lui-même. Si la terreur doublée d'incompréhension fait inévitablement partie du récit, il n'est ni une oraison larmoyante sur les événements atroces qui se sont déroulés dans les locaux de Charlie Hebdo, ni un plaidoyer revanchard sur les choix politiques qui ont pu conduire à une telle horreur. Avec l'évocation du souvenir et l'admiration que Philippe Lançon a pour ses amis disparus, vient l'essence même du livre, sa lente progression vers une reconstruction psychique et physique. L'enchaînement des opérations sans fin, les réussites, les échecs, la souffrance intolérable, le cheminement chirurgical pour reconquérir une fonction vitale et son identité pendant près d'une année. L'auteur rend hommage à toutes les équipes hospitalières qui ont pris en charge sa détresse. Chloé, sa chirurgienne plastique, phare blond dans le brouillard, à laquelle il doit la réparation de sa "gueule cassée". Serge son kiné, l'obligeant avec une ferme délicatesse de pousser toujours plus loin ses limites en respectant ses capacités du moment. Les infirmiers, les aides-soignants, tout le staff hospitalier où chaque maillon est important pour que la guérison soit au bout du chemin. Il n'oublie pas les policiers qui ont assuré sa sécurité dans l'ombre et l'ont veillé, jour après jour, à la porte de sa chambre comme lors de ses promenades extérieures devenant le rempart protecteur et silencieux de l'animosité invisible. Puis vient le temps de s'extraire de son "petit Golgotha hospitalier", pour se frayer un passage vers le monde "d'avant", celui qui a volé en éclats au matin du 7 janvier 2015 ; pas si facile quand on est resté dans une dimension parallèle, sans agression radiophonique ni télévisuelle seulement accompagné par la musique de Bach, les textes de Proust et de Kafka tels des mantras ! "Bach et Kafka : l'un m'apportait la paix et l'autre une forme de modestie et de soumission ironique à l'angoisse".

Je n'en dirai pas plus, sinon quelques mots pour éclairer mon ressenti au sortir de cette lecture : souffrir, espérer, pleurer, aimer, tressaillir, écrire, sursauter, rêver, se souvenir, trembler, tant d'émotions pour tendre vers le but ultime, transformer le Survivant en Vivant. L'important est de lire ce témoignage dense et intimiste, écrit comme un exorcisme de la violence et du deuil sans aucune hostilité, même vis-à-vis des "deux jambes noires de K". Ce voyage intérieur dans lequel Philippe Lançon accepte de nous emmener est un coup de poing viscéral et intellectuel, une mise à nu totale sans fausse pudeur, d'une intensité à faire vibrer chaque parcelle notre corps ; nous qui "habitons la planète où la vie continue."
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Terrible témoignage, mais surtout grand livre qui pourrait être un roman. Aucun écrivain ne pourrait inventer une histoire aussi incroyable... la pudeur avec laquelle Philippe Lançon nous fait apercevoir l'horreur dans le début du livre est extraordinaire... l'attaque, le silence de la mort ,les hospitalisations, la découverte des blessures, la rééducation et la convalescence sans fin .. tout est dit de la souffrance du corps et de la souffrance morale , mais malgré des moments de doutes, l'espoir et la force vitale de l'auteur nous guident avec lui vers la résurrection.
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J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque peu de temps après sa sortie. J'en suis ressortie complètement sonnée. Tellement qu'aucun mot ne venait pour décrire mon état et mon émotion. J'y ai lu de la violence et je me suis revue ce 7 janvier 2015. J'y ai lu la reconstruction lente, la vie basculée et bousculée, la vie détruite, l'horreur et les cauchemars.
Lorsque je l'ai rendu à la bibliothèque, j'étais profondément marquée.
Et puis il est sorti en format poche, je me suis précipitée à la librairie, il me le fallait, j'y pensais encore et encore, je le voulais chez moi. Et je m'y suis replongée. Il m'a tout autant chamboulée et remuée. Et puis j'ai découvert cette jolie plume sous l'horreur, une écriture tellement belle, tellement vraie. La lecture n'en a pas été moins éprouvante, mais encore plus profonde que la première fois.
Et puis je dois bien avouer que si j'ai commencé à lire À la recherche du temps perdu, si j'ai commencé à m'intéresser à Marcel Proust, c'est grâce à Philippe Lançon et sa façon d'en parler, à sa façon d'écrire.
Je suis sûre que si je le lisais encore, j'y découvrirais d'autres surprises.
Ne passez pas à côté de ce livre magnifique, dur, mais magnifique.
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