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4,06

sur 2574 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le 7 janvier 2015, deux frères, deux terroristes entraient dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo pour massacrer toutes les personnes présentes.

Parmi elles, Philippe Lançon.

Entouré des corps de ses compagnons et amis assassinés, il comprend progressivement et lentement qu'il a survécu et que sa mâchoire a été pulvérisée.

Commence alors le long chemin de la rémission, morale, psychologique et physique.

Coincé dans un lit d'hôpital, privé de la parole et condamné à subir les nombreuses opérations de reconstruction (qui donneront un sens au titre de l'ouvrage) et les longues attentes en intervalles, c'est ce chemin que Philippe Lançon vous propose de suivre avec lui.

A mon avis :
On est souvent passionné par le récit de ces héros qui dépassent leurs limites et font parfois preuve d'une telle résilience face à la douleur physique, psychologique et aux difficultés de la vie, qu'ils en deviennent encore plus grands.

Le truc ici, c'est que Philippe Lançon est une victime sans doute, pas un héros.

Et de fait, nous n'avons pas de raison particulière de nous intéresser à sa vie privée.
Pourtant, si l'évocation de l'attentat et le déroulé des événements, de son ressenti, est riche et prenant, le restant de ce livre n'est qu'un long défilé de soignants, d'amis, de compagnes, de famille, qui permettent à l'auteur de faire de nombreuses digressions dans le passé ou le présent, mais qui n'offrent rien de plus au lecteur que les réflexions d'un journaliste après un choc émotionnel et physique intense.

Il faut sans doute à la fois occuper ces longs mois de convalescence et réaliser la catharsis de ce drame, mais quels que soient son importance et son impact (débordant bien au-delà du petit cercle journalistique directement concerné d'ailleurs), cela ne nous intéresse que peu.

Il faut cependant accorder un véritable talent d'écrivain à Philippe Lançon dont la prose est très agréable, mais le sujet, hormis l'événement lui-même, m'a ennuyé.


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Depuis le 7 janvier 2015, l'attentat contre Charlie a laissé des survivants qui doivent encore aujourd'hui se reconstruire. Luz, bien qu'en retard de quelques minutes le jour du massacre, heureusement pour lui, a dessiné son angoisse dans "Catharsis". le témoignage de Philippe Lançon constitue un travail sur une plus longue durée avec aussi ses moments d'angoisse mais le propos principal demeure le récit d'une longue convalescence avec des blessures de guerre à soigner qui le laisseront sans doute handicapé.

Ce livre contient des moments forts. A commencer par la description de la réunion qui précède l'intrusion des assassins, où Cabu, Tignous, Honoré, Wolinski, Charb et Bernard Maris sont détendus en train de dessiner, de plaisanter ou de discuter sur le dernier roman Houellebecq qui faisait le buzz à l'époque avec "Soumission".
Ensuite la description du drame constitue un moment hors du temps, étonnamment retranscrit, sans fioritures, un drame brut, qui dérange et remue le lecteur. Contrairement aux quatre cent pages qui suivront.

En effet, passé le drame, mes émotions se sont peu à peu éteintes au fil des pages. Étouffées par le flot de pensées de l'auteur, pour moi parasites. Car il écrit sur tout.

Car oui, et à mon grand regret, le récit contient des digressions. Bien qu'il soit naturel, sur un lit d'hôpital, d'avoir des pensées autres que celles de la tuerie, l'auteur a choisi de nous les faire toutes partager.
Cela dit, ses commentaires sur ses livres de chevet et leurs auteurs m'ont intéressés, Thomas Mann, Proust et Kafka, qui sont des soins de l'âme qui le soulagent presqu'autant que ceux du personnel soignant ou le rassurent tout comme les policiers en surveillance rapprochée. Deux corporations auxquelles il rend un vibrant hommage.
Mais la femme qu'il a connu à Cuba, les visites familiales ou amicales dans sa chambre ou ses expéditions dans les musées m'ont laissé de marbre.

Ce n'est qu'un avis discordant, parmi peu d'autres, que j'aurais voulu plus favorable au vue des circonstances tragiques qui ont donné naissance à ce témoignage: bien sûr, Philippe Lançon écrit bien mais j'ai trouvé son récit bavard.
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Conseillé par une très chère amie, dévoreuse de bouquins et critique talentueuse, j'ai lu celui-là avec l'assurance que son auteur, comme elle me l'avait dit, serait "une belle personne".

Eh bien, je ne partage malheureusement pas du tout son avis.

Si la lecture est, au début, captivante, fluide, intéressante et es analyses pertinentes, je trouve par contre la personne Philippe Lançon assez désagréable.
Un gars capable de vous doubler dans une file d'attente et de vous ridiculiser si vous osez le lui reprocher, voilà comment je ne peux m'empêcher de l'imaginer.

Un privilégié qui ne l'ignore pas mais croit le mériter. Un membre de la corporation des journalistes, qui semble définitivement inapte à toute remise en question.

Et un récit bien trop autocentré, nombriliste, exhibitionniste.

Car aucune impudeur ne nous sera épargnée. L'auteur rescapé se complait à nous décrire ses nausées, constipations, lavements, érections jusqu'à une éjaculation (précoce). Il va jusqu'à nous révéler avoir demandé à une infirmière de lui introduire la canule pour son lavement. Alors qu'il en était capable. Elle a refusé. Mais il semble s'enorgueillir de le lui avoir demandé.

J'ai de l'empathie pour sa compagne Gabriela. Parce qu'il en aura eu bien peu pour elle.

Je lui en veux surtout pour ce message infect à Chloé, "sa" chirurgienne, par lequel il se comporte comme un vulgaire consommateur impatient.

D'autant qu'on reste un peu sur sa faim quant aux techniques miraculeuses de la chirurgie réparatrice. Il aurait dû offrir quelques pages à cette Chloé qui a, elle aussi, une jolie plume.

Il tourne en boucle sur Proust, Bach et Kafka. Tellement que la lassitude m'a gagné vers le deuxième tiers de ce pavé.

Matins et soirs je prends le tramway.
J'y croise souvent de pauvres gens, reconstruisant régulièrement leurs bicoques "de fortune" (!), en haillons maculés de boue et cette odeur d'urine parfois suffocante.

Je me suis peu à peu persuadé que s'ils avaient les capacités littéraires et d'analyse de Philippe Lançon, s'ils avaient eu la chance de lire et écrire librement comme lui depuis son enfance, ils nous offriraient alors des oeuvres infiniment plus profondes et bienveillantes.
Mais le monde est ainsi fait...
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> LONG.
Long cet assaut, longues ces minutes d'horreur dans les locaux de Charlie Hebdo, au matin du 7 janvier 2015.
Longs les 10 mois suivants, long le calvaire enduré par Philippe Lançon, longue la reconstruction faciale, la cicatrisation du corps et de l'esprit, longues les opérations chirurgicales répétées et les nuits de douleur.
Et long, trop long son témoignage...

> HACHÉ.
Haché le récit de l'attaque, le staccato des coups de feu.
Haché-menu le visage de Lançon, mâchoire en miettes, chair et denture broyées.
Haché aussi son texte, décousu, presque destructuré, qui mêle introspections, journal de bord des soins quotidiens, chronologie des interventions chirurgicales et souvenirs divers, évocations d'amis, de voyages, d'habitudes anciennes, réminiscences du monde d'avant analysées/décortiquées/autopsiées à la lumière clinique du monde d'après.

> ÉPROUVANT.
Éprouvante cette immersion dans le milieu hospitalier, émaillée de comptes-rendus médicaux nombreux et approfondis.
Éprouvantes les descriptions détaillées des plaies, escarres, mutilations et autres stigmates peu ragoutants, éprouvant le lent retour à la vie, la résurrection d'entre les morts, plutôt la réincarnation dans un corps nouveau, meurtri, étranger.
Éprouvante enfin cette lecture, qu'à mon grand regret j'ai eu bien du mal à terminer...

* * *

Bizarrement (oserais-je l'avouer ?), je n'ai jamais réussi à entrer vraiment en empathie avec l'auteur, alors même qu'il revient de l'enfer et aurait dû fort logiquement susciter toute ma compassion.
C'est quand même un comble !
Si quelqu'un devait m'émouvoir, c'était pourtant bien cet homme en reconstruction, ce blessé de guerre parisien, cette gueule cassée si singulière tombée au champ d'honneur (non pas dans la boue de Verdun, ni dans celle de Kaboul ou de Diên Biên Phu, mais plutôt sur la moquette d'une petite salle de réunion tout à fait commune, rue Nicolas-Appert, Paris XIème, en pleine conférence de rédaction).

L'autoanalyse à laquelle se livre Philippe Lançon, si elle n'est pas dénuée de style et bien souvent de pertinence, est tellement diluée dans un gloubiboulga de digressions en tous genres (souvenirs de voyage, d'articles de presse, de rencontres, réfèrences pêle-mêle à Houellebecq, Kafka ou Proust...) que j'ai plus d'une fois perdu le fil.
Il est difficile - et sans doute malvenu - de qualifier "d'égocentrique" la victime innocente (par définition) d'un attentat terroriste, mais je reconnais honteusement n'avoir pas éprouvé de sympathie particulière pour un narrateur qui, s'il fait preuve d'une impressionnante faculté de distanciation, n'hésite pas à se mettre en scène sur plus de 500 pages avec une franchise et une simplicité qui m'ont parfois semblé trop artificielles...

Philippe Lançon est donc un survivant bavard, il aime à ressasser, à détailler chaque recoin de sa chambre 106 et à forer toujours plus loin le gouffre béant de son traumatisme.
Ce pavé largement encensé fit-il partie intégrante de sa convalescence ?
Certainement.
Qu'y ai-je découvert ? Que vais-je en retenir ?
Rien dont je n'avais déjà que trop conscience : l'horreur absolue de la barbarie islamiste et la souffrance infinie de ceux qui tentent de s'en relever.

J'espère au moins pour l'auteur du dit pavé - à la qualité littéraire indéniable - que cette thérapie par l'écrit fut efficace. Je regrette seulement que, trop accaparé par ses maux ("je ne souffrais pas, j'étais la souffrance", rien que ça !), il n'ait pas d'avantage intégré à son récit les autres victimes de la tuerie.
La plupart étaient pourtant ses amis : ils méritaient je trouve un hommage un peu plus appuyé, à l'image de celui que l'auteur adresse à "sa" chirurgienne, à "ses" infirmières, (notamment celle en charge du renouvellement des pansements, qu'il nomme joliment sa "Marquise des langes" !) et par extension à l'ensemble du personnel soignant.
Nous savons tous en cette triste année 2020 combien ces remerciements sont justifiés.

"Chaque homme est dans sa nuit", écrivait Hugo.
Lançon m'a fait partager la sienne en long, en large et en travers.
Il est temps maintenant de rallumer la lumière.
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Le sujet est captivant. Comment se remettre de l'horreur ? Nous avons tous été choqués par ces séries d'attentats. Je trouve le début très bien mis en perspective. Sur le terrain pendant la guerre du Golfe, il fait le lien avec ces évènements et les conséquences, chez nous, des années plus tard. L'occident a semé des graines sur le terreau de la haine, que nous prenons en pleine gueule des années plus tard.
Et voilà, pour moi, l'intérêt s'arrête là. Son long cheminement vers la guérison est long, très long. Au comble du nombrilisme, il nous décrit avec moulte détails ses opérations, sa rééducation, ses soignants. Il tourne en boucle avec Proust, Kafka... Ce ne sont pas mes références, peut être est ce pour ça que j'y suis hermétique ?
On sent chez lui une érudition mais était-ce nécessaire de nous ensevelir sous ces références au détriment des émotions ?
Je suis allée au bout mais que c'était long...
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L'engouement quasi unanime qu'a suscité ce livre m'étonne.
Oui, bien évidemment l'histoire n'est pas vraiment banale, oui nous avons tous été plus ou moins Charlie, tous profondément choqués.
Tous, nous avons imaginé la scène et compati avec les blessés et les familles des victimes. Nous gardons cela dans notre mémoire comme un moment inimaginable, un moment très fort, avec un après "magique" qui n'a pas duré malheureusement.
J'ai eu finalement envie de lire ce livre, après l'écoute d'une émission consacrée à Chloé Bertolus, la fameuse Chloé ...où elle expliquait avec passion son métier : recomposer des gueules cassées.
Et bien le livre m'a moins intéressée que l'émission !
J'ai laissé passer au moins 3 semaines depuis ma fin de lecture, en me demandant comment je pouvais écrire une critique sans choquer, et dire que j'avais trouvé ce livre bien long, bien égocentré et avec parfois des sujets trop personnels abordés par l'auteur et qui ne m'intéressaient pas du tout.
Je ne l'ai même pas trouvé bien écrit.... Les meilleurs pages étant néanmoins celles de l'attaque, où le style et les mots font un ensemble intéressant.
Je ne regrette pas de l'avoir lu, je l'ai même depuis prêté et recommandé, car cela demeure un témoignage bouleversant, mais je m'attendais sans doute à autre chose.

J
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En lisant ce livre, on se demande comment c'est possible... Possible de survivre à une telle blessure, tant physique que psychologique, survivre à toutes ces opérations, survivre au traumatisme, possible de ne pas être ivre de rancoeur, possible de ne pas se décourager devant le chemin à parcourir pour guérir, possible d'écrire tout le chemin parcouru.
Philippe Lançon a une plume agréable, un peu journalistique mais franchement très qualitative. L'hommage aux équipes soignantes est vibrant, beaucoup d'humanité dans cet ouvrage relativement inclassable. J'ai seulement trouvé que c'était parfois presque insoutenable, beaucoup de détails sur les soins, les opérations, etc... Des longueurs, aussi, mais globalement, un livre à lire pour se rendre compte et ne pas oublier qu'une telle horreur a pu arriver...
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La lecture du livre achevé , en mettant de côté la profonde sympatie que les évènements subits par l'auteur m'inspirent ,je suis mitigé.
D'un côté, certains passages sont réellement intenses et les propos sont intélligents et profonds. Ils sont propices aux reflexions sur la vie.
D'un côté , l'auteur se perd un peu parfois et perd aussi le dans la profusion de mots, de références littéraires ou artistiques. Bref j'ai trouvé le récit parfois verbeux et P Lançon m'a semblé parfois se complaire dans une certaine posture "d'intellectuel parisien" qui se raconte. Au final ces passages font perdre de la force à un ensemble qui mérite quand même qu'on s'y attarde.
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Difficile de rester partagé sur la critique de ce livre qui laisse, quand on le referme, une impression de chair et d'os pulvérisés, puis de chairs et de peaux hypersensibles....
L'écriture de ce livre m'a laissé une sensation d'intimité avec l'auteur : Il nous livre son vécu sans recul et directement branché sur son corps et son cerveau.
La première partie est exceptionnelle jusqu'à l'attentat et les premiers jours à l'hôpital : on vit comme dans son corps !
Après l'écriture s'enlise dans une introspection très narcissique et une répétition des ressentis dans laquelle on étouffe petit à petit.
Contrairement à la montagne magique où l'environnement, les autres ont une existence et une destinée, on ne trouve que la sienne et j'ai même eu du mal à terminer ce livre.
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Je viens de finir le lambeau - au prix d'un gros effort. Je dois être passé à côté de quelquechose. Je n'ai pas ressenti du tout la même émotion que les milliers de lecteurs précédents. Et je ne sais pas trop pourquoi...

Je pense que le style, l'écriture ne m'a pas beaucoup plu. de longues phrases très longues phrases... La répétition, une histoire qui n'avance pas... Je ne suis pas rentré dans l'émotion que Philippe Lançon véhicule dans son roman. Voilà, ce roman auto biographique n'a pas su trouver en moi le lecteur.

Pourtant l'histoire est prenante, et la mise à nu de Philippe Lançon réelle et pleine de courage. Et on ressent l'ennui et la difficulté des choses vécues, mais par moment - on ne clique pas avec un roman.

C'est comme ça. Je ne suis probablement pas le seul.
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