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Citations sur Mille six cent ventres (5)

Le mode a commencé en jardin ! Les jardins honorent les morts, apaisent les vivants, le monde finira dans un jardin !
(page 332)
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" Si elle savait, Suzan, ce qui se passe dans mes cuisines. Je prends un bac à cuisson, mettons pour cent rations. Je verse dedans vingt kilos de mauvais riz blanc, ni rond, ni long, on dirait du concassé, j'ajoute quarante litres d'eau, je ne mets ni sel ni laurier, rien! Je couvre et je règle la cuisson à petit feu. Quand le riz a absorbé l'eau, le bac est plein d'un ciment blanc de bel aspect, gonflé, presque brillant. Je goûte éventuellement. Ici et là un caillou passe sous la dent, mais dans la bouche on a un goût de riz pur, brut, pâteux et dur à la fois, ce n'est pas mauvais, ce n'est pas insultant au palais, c'est neutre, c'est mangeable. Trois navets cuits à l'eau à côté, le repas est prêt. Les mauvais jours j'en reste là. Les mauvais jours sont les jours de ma mauvaise humeur, de mon ressentiment envers l'humanité dont j'ai ici, à Strangeways, une vue non pas déformante mais grossissante. C'est comme si je voyais le monde au microscope: les haines, les petitesses, les méchancetés, les saloperies, les mises à mort, les amours, les amitiés, l'honneur, la solidarité, la peur, le pouvoir, tout est net, clair, distinct, c'en est pathétiquement juste. Je n'ajoute donc pas de sel ni de laurier ni de sauce tomate ni de viande hachée, je suis une pierre, je veux que leur ventre devienne une pierre, je veux qu'ils chient des cailloux. Et je m'entête ainsi plusieurs jours dans la même gamme: riz, pâtes, pommes de terre, pâtes, pommes de terre, pâtes, pommes de terre, riz. Si ma bonne humeur revient entre-temps, je tâche malgré tout de mener à bien mon programme. Je peux également prendre mes bacs à cuisson, y cuire un jour des pois cassés, le lendemain des choux-fleurs, le surlendemain des flageolets, et le quatrième jour des topinambours, la congélation autorise en toute saison je jouer une gamme homogène qui produit les mêmes effets. Je ne manque pas d'ajouter du laurier, du sel, du poivre, parfois des gros oignons, de la margarine et des saucisses de ma confection. Le goût est flatteur, c'est assaisonné, c'est parfumé. Les gamelles sont vidées, mais après sept ou huit repas de ce genre, les intestins parlent, comme on le dit des armes. Ça gargouille, ça rote, ça pète, ça pétarade à l'échelle de mille six cents détenus enfermés dans le même lieu. L'air résonne à Strangeways de millions de pets, brefs, longs, graves, aigus, simples, en mitraille, secs, liquides, c'est une canonnade de tous calibres, c'est la guerre, l'air, sonore, se charge d'effluves de gaz intestinaux qui empestent de manière invisible, insaisissable et irrépressible les coursives et les cellules de la prison. Je sais la complaisance des taulards pour ce mode d'expression tonitruant, les jours heureux où mon humeur est bouffonne et farcesque, j'aime ainsi me servir des entrailles des détenus pour rendre aux matons l'atmosphère inaudible et irrespirable, qu'ils aient le sentiment d'avoir la tête enfouie dans les fonds brumeux des pantalons de leurs prisonniers. "

pp 120-122
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Dans le corridor jadis emprunté par les condamnés à mort, on peut lire leurs noms gravés dans la pierre, minuscules, majuscules, écriture d'imprimerie, écriture gothique même, un geste inutile, ridicule, c'est un vrai bottin des pendus. Ce que j'aime les murs de cette prison, vieille peau de crasse et de douleur, avec cette odeur de crésyl qui flotte partout, jusque dans les cuisines, pour désinfecter le temps qui pourrit.
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À sentir ses mains qui me malaxaient la nuque et qui me décoiffaient, à voir sa gorge blanche qui s'offrait, palpitante, et sa tête qui disait non avec une telle énergie que ses lunettes de myope quittèrent son nez pour aller se perdre dans les replis du sofa vert anis, je retrouvais entre les cuisses dénudées de Louise une dernière jeunesse.
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Acheté par hasard dans un vide grenier !
Je ne regrette pas, histoire loufoque
Une écriture très plaisante
Un gout particulier pour le sexe, qui n'est pas sans me déplaire.
Un rapprochement avec Arto Paassalina dans la façon de traiter l'histoire
Une pure merveille, je vous le recommande

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