Cette vision me donne la liberté d'imaginer une autre vie que la mienne. Il est l’idéal inatteignable. Il est jeune et frais et finira sûrement avec la « Machine » mais j'aime à imaginer une fin différente. Je m'arrête après avoir couru moins d’une heure sur 10 km. Je m’étire doucement sur le parking près de ma voiture. Je récupère ma gourde dans le coffre et bois rapidement. Je n'aime pas reprendre la route tout de suite surtout lorsque j'ai aussi chaud qu’en ce moment et que mon cardio n'a pas repris un rythme normal. Alors je marche un peu et je continue de m’étirer.
Je choisis les sous-vêtements les plus sexy que je possède. J'adore la dentelle et les beaux dessous, alors je choisis un ensemble à tomber, en dentelle noire. Je n'ai pas l'intention d'avoir une relation dès le premier soir mais savoir que l'on porte un ensemble aussi sensuel permet une confiance en soi inaltérable. Vient ensuite la décision fatidique de la tenue que je vais porter ce soir. J'avoue que depuis qu'il m'a invitée, j'y réfléchis. Pourquoi pour les femmes cela revêt d'un intérêt si crucial ? Nous ne nous sommes vus qu'en tenue de sport. Alors certes, je choisis les miennes de préférence très colorées et avec des motifs, mais on ne s’est jamais vus habillés "normalement".
Je n'ai connu qu’un homme et mon vibromasseur. Ce dernier est moins glorieux mais il a l'avantage de soulager un besoin. Je suis une femme avec des envies et je ne suis pas du tout complexée d'avoir recours au plaisir solitaire. Mais cet Enzo me fait beaucoup d'effet pour une raison que j'ignore. J'essaye de relativiser en me disant que cela doit être mon cerveau reptilien. Il est beau, musclé. Mon côté animal doit y voir un potentiel reproducteur et c'est peut-être cela qui me chauffe autant les hormones. Je sens que la nuit va être longue.
J'entends mon cœur battre comme après un semi-marathon et j'ai peur qu'il l'entende aussi. Je ne sais pas comment interpréter son sourire. Dois-je être flattée ou sourit-il juste par politesse ? Cela fait trop d'émotions d'un seul coup. Depuis une heure ce sont les montagnes russes émotionnelles. Pendant qu'il sort un pansement, je regarde ses magnifiques cheveux. Je scrute ses longs cils bruns. Je détaille ses lèvres charnues et me demande ce que je ressentirais d’être embrassée par elles. Même vu d’en haut, cet homme est magnifique.
J'aime cette sensation grisante lorsque je cours. Sentir le vent fouetter mon visage, sentir mes membres qui commencent à se contracter et à s'échauffer. J'aime aussi les bruits de la nature et de mes pas qui foulent la terre mouillée. J'aime l'air glacial qui me brûle les poumons. Je me sens mieux, plus forte, plus en confiance lorsque j'avale les kilomètres. À chaque expiration, l’air s’échappe de mes poumons en même temps que toute la tension de la semaine.