Comme l'avait fait Guillaume Lecadet pour Valognes et pour Montebourg, Maurice Lantier entreprend ici le récit des heures tragiques vécues par Saint-Lô lors de la libération.
Vingt-cinq ans ont passé depuis le 6 juin 1944.
Et c'est par la volonté de la municipalité de consigner ces souvenirs avant que le temps ne les recouvre de son voile d'oubli que Maurice Lantier, universitaire, adjoint au maire et professeur au lycée le Verrier, s'est attelé à la tâche.
Il a ressorti de l'ombre carnets, cahiers et notes rédigés par de nombreux témoins encore sous l'émotion des bombardements.
Pendant un an et demi, il a exploré quartier par quartier afin de retrouver et d'interroger ceux qui avaient vécu cette tragique aventure.
Sous forme de chroniques, le lecteur découvre ces journées effrayantes comme les Saint-Lois les ont vécues ...
C'est le débarquement, c'est chez nous.
Ce mardi matin, 6 juin 1944, une effervescence inhabituelle règne en ville.
Prêtant l'oreille, chacun peut percevoir le martellement de l'artillerie marine alliée pilonnant les blockhaus allemands du littoral.
Saint-Lô va devenir un enjeu puisqu'elle se trouve au centre même des combats ...
En 250 pages et une soixantaine de photographies, Maurice Lantier peint le tableau saisissant du martyr de la tranquille préfecture du département de la Manche.
L'ouvrage est préfacé par A. Lefrançois qui fut administrateur en second de la ville lors de la libération.
En post-face, une longue liste des victimes du bombardement résonne comme le glas ...
Le livre est bien écrit.
Les événements sont relatés avec précision et clarté.
"Saint-Lô au bûcher" a été publié, en 1969, dans un numéro "hors-série" de "la Revue Départementale de la Manche" qui, de 1959 à 2012, en 218 passionnants numéros, s'est attachée à mieux connaître l'Histoire de la presqu'île.
Sur la couverture, quelques publicités évoquent un temps aujourd'hui disparu.
A Valognes, une boutique, dont l'enseigne "Normannia" était sise 3 rue de Poterie, achetait et vendait des livres anciens et modernes, des ouvrages rares ou épuisés.
Si, d'aventure, l'offre vous tentait, son numéro de téléphone est le 354 ...
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Je vais aux nouvelles : il n'est encore que sept heures du matin et tout le monde est debout.
On s'interpelle : "Que se passe-t-il ?"
Un planton de la défense passive me jette au passage :
"Ça y est ! Ils ont débarqué !"
Sur les visages tirés par l'émotion et l'insomnie, la joie perce, et lorsque passent les véhicules allemands un sourire ironique est sur les lèvres de tous.
"Enfin ils s'en vont !"
Tous croient en ces instants que les allemands vont partir sans combattre, et que demain, ce soir peut-être, les américains feront une entrée triomphale à Saint-Lô ...
Un quart de siècle nous sépare maintenant de ce "six juin 1944" : jour d'espoir d'une libération prochaine pour la France, voire pour l'Europe entière, mais jour d'épreuves et de deuils pour les Saint-Lois dont la ville va être un enjeu, puisqu'elle se trouve au centre même des combats du débarquement anglo-américain ...