Sur cette Islande - que l'on peut sans démesure nommer l'île sacrée du Nord - va surgir, comme floraison à la fonte des neiges, une prodigieuse littérature héroïque et mystique, dont la puissance, l'originalité et la grandeur séduisent tous ceux qui la découvrent ...
En prenant pied à Pevensey le 29 septembre 1066, le duc Guillaume trébucha et s'étala de tout son long sur la plage. Il s'écria alors, pour calmer ceux qui croyaient à un mauvais présage :
-- De par la splendeur de Dieu, cette terre, je l'ai saisie des deux mains. Elle est toute à nous !
Ce qui avait le plus frappé les Anglais, dans tous les sens du terme, c'est que des femmes combattaient avec les hommes, et assommaient les envahisseurs avec ces "jouquets" qui, posés sur les épaules, servaient, il n'y a pas encore si longtemps, à transporter les "cannes" de lait.

Parler donc aujourd'hui de la Normandie comme d'une réalité amène sur beaucoup de lèvres un méprisant sourire.
Nier l'existence même de la Normandie est une sorte de réflexe conditionné dans beaucoup de milieux dits cultivés.
Le fait que la langue populaire soit un idiome de langue d'Oïl conforte d'ailleurs tous ceux qui ont tendance à réduire l'originalité au seul domaine linguistique.
La Bretagne existe puisque l'on parle encore breton.
Il suffirait d'un seul îlot de norrois en Normandie pour bénéficier de cette étiquette tellement ambiguë de "minorité".
C'est d'ailleurs un mot que les normands n'aimeraient pas.
Ils sont eux-mêmes, sans se soucier de ce qu'on peut penser d'eux et souvent même sans se rendre compte de leurs traits particuliers.
Le seul auquel ils fassent référence, quand l'occasion s'en présente, étant cette origine nordique qui est d'ailleurs souvent plus un trait folklorique qu'une réalité ethnique.
C'est pourtant l'Histoire qui reste leur grand lien, à travers quelques grands personnages comme Guillaume le Conquérant, dont la haute figure domine tout le paysage intellectuel normand ...
Ce qu'enseigne la sagesse de Mimir, c'est que la vie ne vaut que par la mémoire du passé et l'espérance du futur ...
De par la conquête de la Grande Île, Guillaume ne fut pas seulement duc de Normandie mais roi d'Angleterre.
Avec lui commençait une dynastie outre-Manche et après lui - dans un certain sens - déclinait le domaine continental édifié par ses pères.
Aussi celui qui fut le plus grand personnage de l'histoire de la Normandie, et un des hommes les plus marquants de l'occident médiéval, devint peut-être, par les conséquences de sa conquête, le grand destructeur de cet état normand si magistralement cimenté et défendu par les "Rollonides" ...

Bibliographie : Contes, légendes, superstitions, vie traditionnelle en Normandie :
Bertaux Jean-Jacques, conservateur-adjoint du musée de Normandie à Caen : - "Ethnographie" dans "Normandie", Christine Bonneton Editeur, 1978.
Birette, Charles : - "Dialectes et légendes du Val de Saire", 1938.
Blouin, Léonor : - "Moeurs et coutumes de Basse-Normandie", Saint-Lô, 1901.
Borgé, Jacques et Viasnoff, Nicolas : - "Archives de Normandie", préface d'André Balland, Balland, 1980.
Boussel, Patrice : - "Histoires et légendes de la Normandie mystérieuse", T'chou, 1970 (l'édition ordinaire est aussi publiée sous le titre : "veillées du pays normand").
- "Lieux et histoires secrètes de la Normandie", Editions de la Porte Verte, 1978.
Bosquet, Amélie : - "La Normandie romanesque et merveilleuse, traditions, légendes et superstitions populaires de cette province", édition originale Techener à Rouen, 1844.
Canel, Alfred : - "Blason populaire de Normandie comprenant les proverbes, sobriquets et dictons relatifs à cette ancienne province et à ses habitants", Rouen, 1859 (reprint Le Portulan, Brionne, 1971).
Chauvet, Dr Stephen : - "La Normandie ancestrale", Paris, Boivin, 1921 (réédité en 2 volumes, Colas, Bayeux, 1951).
Cherville, marquis de : - "Récits du terroir", Firmin-Didot, 1890.
Cochet, abbé : - "La Normandie souterraine", (reprint Le Portulan, Brionne, 1970 ....
(petit extrait de l'impressionnante bibliographie citée en fin de "Histoire secrète de la Normandie" et classée par thèmes : généralités, ouvrages collectifs sur la Normandie, histoire générale de la Normandie, contes, légendes, superstitions, vie traditionnelle en Normandie, les vikings, époques et personnages particuliers, quelques revues).
Sous sa prononciation francisée, "Barfleur" demeure encore trop proche de son "Barbeflot" ou "Barmeflot" nordique pour que nous n'entendions pas racler dans ce nom la quille de quelque longue "esnèque".
Cette snekkja chère aux anciens vikings....
Si je ne me retenais pas, j'irais avec mes troupes jusqu'à Lisbonne."
Réponse du baron Ungern-Sternberg à un journaiste qui l'interrogeait sur ses projets militaires. Le 'baron fou', comme on le surnommait, se trouvait à ce moment en Mongolie Extérieure, tout près de la frontière chinoise et l'armée rouge de Trotsky s'approchait.
Pourquoi ne pas l'avouer ?
Je me suis résolu à écrire ce livre parce que j'avais grande envie de le lire ...