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Critique de MarianneL


En lisant ce récit publié en 2005 de Sébastien Lapaque, éloge d'un voyage lent et érudit, je ne pouvais m'empêcher de penser à cette pensée de Proust reprise par Gilles Deleuze dans son abécédaire : Voyager c'est partir vérifier ses rêves.

«Lors de mon premier séjour au Brésil, j'avais déjà éprouvé quelque dépit en songeant que l'entrée en paquebot dans la baie de Guanabara était un plaisir qui ne reviendrait pas. Fini la passion de Stefan Zweig pour la douceur merveilleuse de Rio, l'ironie de Claude Lévi-Strauss face à un paysage à la beauté tant de fois célébrée mais noyée dans la brume des tropiques le jour de son arrivée.»

Pour s'éloigner des lieux dénaturés par le tourisme international, et explorer les traces de l'histoire du Brésil dans l'ombre choisie du jésuite António Vieira, «aventurier amazonien et défenseur du droit des Indiens», Sébastien Lapaque a suivi ses traces, partant d'Altamira et voyageant le long de la partie historique de la route transamazonienne, voyage entrecoupé d'une halte à Cayenne, pour tenter de remonter au plus proche de la source des liens et de l'amitié franco-brésilienne, et terminer ensuite son voyage à Salvador de Bahia.

Depuis l'accostage de Pedro Alvares Cabral sur les côtes du Brésil en avril 1500, à l'évocation des problèmes endémiques du Brésil auquel le nouveau président, Lula da Silva, était confronté en ce début des années 2000, en passant par de nombreux événements qui ont marqué l'histoire de cette région du monde - l'utopie d'Henry Ford de créer une ville nouvelle, Fordlândia, en pleine Amazonie afin de contrôler les plantations d'hévéas, l'enfer du bagne de Guyane dénoncée par Albert Londres dès 1923, etc. -, Sébastien Lapaque nous entraîne dans un voyage fascinant dans l'espace et le temps.

À travers ces carnets brésiliens, le Brésil apparaît comme un monde où le voyage d'exploration est encore possible, entre rêves et rencontres, dans cette Amazonie d'une incroyable richesse, résonnant toujours du chant des oiseaux, malgré l'ombre omniprésente de la menace écologique et de la déforestation.

«De retour en France après sept longues années d'exil mélancolique passées entre le Minas Gerais et Rio de Janeiro, Georges Bernanos évoquait «l'incomparable bonne grâce brésilienne qu'on n'oublie plus jamais lorsqu'on l'a connue». Au hasard de la route, on rencontre cette grâce mille fois. Et l'on s'émerveille. Il y a un seul monument à visiter au Brésil. Son peuple.»
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