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Balles perdues tome 1 sur 4

Éric Bufkens (Traducteur)
EAN : 9782846250054
95 pages
Bulle dog (30/11/-1)
5/5   3 notes
Résumé :
Frappés malgré eux par la tragédie, les protagonistes de ces histoires voient leurs destins s'entrechoquer et se dissoudre. Victimes de l'incompréhension ou de la violence quotidienne, ces personnages profondément humains se débattent dans un univers qui leur échappe. Ainsi ce jeune homme rendu fou par un amour impossible, cette petite fille traumatisée par un meurtre sordide ou cet escroc ambitieux sauront-ils éviter les balles perdues de la vie ?
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome regroupe les épisodes 1 à 7 de la série "Stray Bullets", initialement parus en 1995, écrits, dessinés et encrés par David Lapham. Il les a autoédités en noir & blanc. Cette réédition de 2014 est publiée par Image Comics.

Episode 1 – À l'été 1997, Joey et Frank transportent un cadavre dans le coffre de leur voiture pour aller s'en débarrasser, alors que survient une crevaison. Joey tient des propos un peu bizarres qui attestent d'une forme de maladie mentale légère. Episode 2 – le même été à Baltimore, 2 petites frappes dessoudent un indicateur dans une ruelle. Ginny une petite fille a tout vu, mais sa soeur l'empêche d'en parler car elle l'a laissé le temps d'aller voir son amoureux dans sa voiture. Episode 3 – En 1980 à Baltimore, 2 petites frappes foirent un casse. Puis, ils se rendent à une soirée au cours de laquelle le petit Joey voit sa mère s'envoyer en l'air.

Episode 4 – En novembre 1978 dans le Maryland, Ginny fugue et se fait prendre en stop par un homme qui la regarde bizarrement. Episode 5 – Au printemps 1981 à Baltimore, Orson (17 ans) voit un automobiliste faucher un piéton. Rose (une femme dans la quarantaine) le réconforte et lui propose de la raccompagner. Episode 6 – Amy Racecar est à bord de sa capsule spatiale. Elle a rencontré Dieu (il ne ressemble pas du tout à l'idée que l'on s'en fait). Elle a longtemps été la voleuse de banque la plus douée de sa génération. Episode 7 – Septembre 1982, Ginny (Virginia) et sa belle-mère ne s'entendent pas du tout. Son père doit partir sur la route pour son métier de routier.

Dès le premier épisode, le lecteur comprend que David Lapham s'y connaît en roman noir et qu'il maîtrise sa narration. Il utilise une mise en page assez inhabituelle de 8 cases par page, à raison de 4 rangées de 2 cases. Cela donne une impression de lire rapidement chaque ligne, mais qu'il y a beaucoup de lignes par page. Lapham réalise des dessins avec un encrage un peu irrégulier qui rend bien compte des surfaces et de l'ombre, dont l'irrégularité donne une impression de dessins réalisés rapidement, induit une forme de spontanéité un peu malhabile.

Avec un peu de recul, le lecteur constate que cette apparence est superficielle. Lapham intègre un fort niveau de détail, sans en donner l'impression. Il prête une attention particulière aux tenues vestimentaires pour qu'elles soient d'époque, et aux arrières plans, pour que l'action se déroule dans un endroit consistant. Les accessoires ordinaires (du frigo et ses bouteilles de bière, au milieu urbain et ses façades) sont représentés avec soin et minutie, sans aller jusqu'à l'obsession du maximum de détails.

Les personnages sont immédiatement identifiables. Leurs expressions de visage vont de l'ordinaire normal, à la légère exagération reflétant l'intensité d'un état émotionnel. le lecteur est par exemple saisi par la justesse de l'expression libidineuse de Rose observant Orson, ou par le regard malsain que porte le conducteur sur Ginny (à peine 10 ans). David Lapham passe avec aisance de la normalité à l'obsession, ou de la placidité à la névrose sortant du cadre de la normalité.

Ce mode de représentation illustre à merveille la nature du récit. David Lapham écrit un polar noir, où les individus s'engluent dans des situations dont la seule issue est la violence. Dès le troisième épisode, le lecteur prend conscience qu'il ne s'agit pas d'une suite d'épisodes indépendants, mais que certains personnages sont récurrents, à différentes époques. Chaque épisode peut être lu indépendamment, mais la somme des épisodes dessinent une image plus large. Lapham utilise avec rouerie le désordre chronologique pour que les épisodes suivants viennent soit expliquer le comportement d'un personnage dans un épisode précédent, soit indiquer par le biais d'une courte apparition dans une séquence, ce qu'il est devenu.

Attention ! Les individus qui peuplent "Stray bullets" ont tous un grain, ils sont tous sortis d'un comportement normal. le premier épisode ne fait pas de mystère à ce sujet. Joey a un système de valeurs faussés, et une comprenette limitée. Son empathie est déréglée et se fixe sur une femme dans un état inhabituel. Sa morale est limitée à un code qu'il est le seul comprendre, et qui ne comprend pas le respect d'autrui. le lecteur comprend bien le mode de fonctionnement de Joey, compatissant à sa détresse, sans pouvoir le pardonner pour les actes qu'il commet. Dès que la voiture de police s'arrête derrière la voiture au pneu crevé, le lecteur a bien compris que la situation va dégénérer, sans pouvoir prévoir quelle direction va prendre le récit ou quelles seront les conséquences forcément funestes.

Quand Ginny monte dans la voiture du monsieur, le lecteur assiste impuissant à son boniment qui embobine la jeune fille en deux temps, trois mouvements. Il sait que ça finira mal, sans savoir qui paiera le plus cher. Il est placé dans la situation du témoin d'un accident de voitures qui ne peut pas s'empêcher de regarder l'accident survenir, sans pouvoir rien faire pour arrêter le déroulement de la catastrophe. Il sait qu'il devra regarder le massacre qui en résultera.

Il manque peu de chose à chaque personnage pour être normal, mais chacun présente une névrose aggravée par un traumatisme dont il a été la victime. A la fois ces individus sont assez proches pour que le lecteur ressente de l'empathie pour eux ; à la fois ils sont un peu partis ce qui assure que tout tournera mal. Lapham fait preuve d'une grande maîtrise dans son dosage, pour que ces individus ne deviennent pas des monstres abjects étrangers à l'humanité. Il sait rester mesuré pour que le récit conserve un degré de plausibilité terrifiant.

Dans cet aéropage de paumés et de meurtris par la vie, il n'y a que personnes crédibles. Oui, c'est possible de croiser un tel individu au système de valeur décalé de peu, juste assez pour qu'il devienne nocif pour la société et pour tous les citoyens normaux. En cela, les personnages de Lapham renvoie un reflet à peine déformé du lecteur, juste assez pour être dangereux, pas assez pour que le lecteur se sente assez éloigné de ces gugusses.

L'auteur ne se contente pas de mettre en scène des individus au comportement imprévisible sur les bords, il construit également des intrigues à la mécanique redoutable de précision. Bien malin qui pourra deviner l'issue de chacun de ces épisodes !

Ce premier tome est une réussite magistrale, au cours de laquelle le lecteur reste fasciné devant ces individus asservis à la poisse, ou à leurs pulsions, qui courent à leur perte, quel que soit le comportement qu'ils adoptent. Il ne peut qu'assister impuissant à leurs actions aux répercussions néfastes, à leurs comportements à risque, jusqu'à l'accident final, fasciné comme devant une catastrophe inéluctable.
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Vidéo de David Lapham
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