Elle pénétra dans un immense vestibule en forme de rotonde, dont la splendeur l'écrasa. Elle ne s'attendait pas à une telle magnificence. Foisonnement de lignes, de couleurs, de matières. Le sol était pavé de marbre polychromes, les murs et la coupole peints à fresque.
C'était toute l'Italie qu'elle n'avait jamais vue, l'Italie de Michel-Ange et de Raphaël, l'Italie dont elle avait rêvé dans les livres, qui se déployait sous ses yeux.
Un spectacle de désolation et de mort : une bibliothèque sans ses livres.
En vérité, la possibilité d'être confondue avec une fille de joie n'avait pas effleuré Belle. Ce n'était pas cette idée-là qui la couvrait de sueur. C'était la couleur de la peau du chauffeur. Il était noir. Or elle savait une chose : les personnes de couleur se reconnaissaient entres elles. Elle l'avait assez entendu répéter à Georgetown. Mentir à un Blanc était possible, mais mentir à un Noir ? Les Blancs, ces crétins, pouvaient bien n'y voir que du feu, les Noirs, eux, avaient un œil infaillible pour repérer leurs congénères.
Oui j'admire ce genre de femme qui prend son plaisir comme un homme, qui se fatigue de ses liaisons comme un homme, et qui les largue comme un homme. Ce genre de femme économiquement indépendante, qui n'a pas à gagner sa vie par le biais du mariage, car elle a une carrière. Une femme plus ou moins masculine dans sa nature, mais qui est encore plus passionnée qu'une femme soit disant normale.
Elle n'avait jamais cru à la fatalité. "Je pense que la chance arrive à ceux qui sont préparés à la recevoir" avait-elle clamé jadis.
Elle est si ardente, songeait-il, avec une forme de tendresse...De la dynamite ! Du vif argent ! Sa curiosité et son insolence, un vrai bain de jouvence. Délicieusement revigorant !
« Que nul ne découvre votre secret... Si vous vous reniez vous-mêmes, que nul ne découvre votre secret !