Belle Greene

Je ne suis pas allée jusqu'au bout de cette biographie et je suis très déçue de ne pas avoir su aimer l'histoire de cette femme d'exception qui est parvenue à se faire une place malgré ses origines afro-américaine et son statut de femme.

Le tout début m'a un peu rappelé L'Autre Moitié de Soi, de Brit Bennett, qui se penchait également sur le problème des personnes de couleur au teint assez clair pour passer pour des blancs et pouvoir tenter d'échapper à la ségrégation raciale qui régnait toujours aux Etats-Unis au début du XXème siècle.

Belle Greene ne semble vivre que pour sa carrière, sans doute une conséquence de son choix de "passer" des Noirs aux Blancs qui lui interdit d'avoir des enfants par peur que leur couleur de peau ne trahisse ses origines et qui l'empêche donc d'avoir une véritable vie de famille.

Sa forte personnalité et son inusable énergie lui permettent d'apprendre tout ce qu'il y a à savoir sur la bibliophilie et de se faire remarquer des gens qui comptent dans ce milieu, jusqu'à devenir directrice de la fabuleuse bibliothèque de J.P. Morgan, se dévouant entièrement à son emploi. Cette érudite passionnée par la bibliophilie qui côtoie de grands personnages aussi bien aux Etats-Unis et qu'en Europe m'a semblé tellement hors d'atteinte, si éloignée de nos préoccupations que j'ai fini par m'ennuyer alors que les ventes aux enchères exceptionnelles s'enchaînaient à coups de millions…

J'ai malgré tout appris beaucoup de choses sur cette femme passionnante ; et j'ai aussi eu la confirmation, si besoin en était, que mon truc, c'est la fiction…

Un très beau sujet qu'aborde ici Alexandra Lapierre, fille de Dominique Lapierre: celui de la ségrégation raciale dans l'Amérique du début du 20ème siècle, par le biais d'un personnage étonnant: Belle da Costa Greene, issue de la bourgeoise noire et intellectuelle de l'époque.

Son père, avocat, est un activiste qui a eu même un poste de consul en Russie! Issue de nombreux métissages, la famille voit son ascension bloquée par les terribles lois de Jim Crow de 1877, qui vont marquer la fin de la Reconstruction après la guerre de Sécession, et instaurer de nombreuses interdictions aux Noirs: ségrégation dans les trains, lieux publics, universités....
Belle, au teint clair, va franchir le cap de la "barrière de couleur" et se déclarer "blanche" par ambition, quitte à renier ses origines. En effet sévit à l'époque le "One-Drop Rule", à savoir "la règle de la goutte unique" qui veut que un seul ancêtre africain suffit à définir toute la lignée comme "afro-américaine".

La tentation est trop forte pour Belle qui s'éloignera de sa famille, fera le voeu de ne pas avoir d'enfants, pour que le secret de sa naissance soit bien gardé.
Ambitieuse elle est, et de nombreux talents et capacités elle a: elle a une carrière fulgurante: simple agent de bibliothèque à l'université de Princeton NJ, après un stage à la Lenox Library, elle rencontre le neveu, Junius, du célèbre homme d'affaires JP Morgan qui va, lui , lui confier le soin de gérer sa monumentale bibliothèque.
Belle va réussir magnifiquement cette tâche,

Dans les années 1910 elle est l'une des femmes les plus célèbres des Etats-Unis. Elle devient experte en manuscrits, incunables et livres anciens. Elle l'emporte sur ses collègues masculins lors de la vente de la collection du bibliophile Robert Hoe, en achetant pour 50 000 dollars la première édition anglaise d'un roman arthurien imprimé en 1485.

Belle devient la coqueluche de l'aristocratie internationale et mène un grand train de vie en collectionnant, en plus des livres, les amants, les sorties, les alcools... bref une flamboyante qui ne passe pas inaperçue!

Belle, la femme la mieux payée d'Amérique, représente un beau symbole de réussite, même si l'accès à ces hautes sphères a dû s'accompagner d'un terrible mensonge sur ses origines, dû à la politique raciale ségrégationniste de l'époque.

Ce livre est un beau portrait de femme, un personnage historique peu connu mais qui a marqué le monde de l'art et le monde culturel de l'époque.
Belle refuse de se laisser définir par sa filiation et atteint les sommets.. On voit aussi une belle peinture de l'Amérique des années 1910, 1920, 1930..
seul petit bémol; j'ai regretté certaines longueurs dans le récit. Par contre j'ai apprécié le côté original du sujet avec cette biographie d'un personnage féminin pas forcément très connu...

Un peu déçue par cette bio qui pourtant avait tout pour m'intéresser. Déçue parce que le secret de cette femme, au coeur de sa vie et de son combat pour s'élever, est si enfoui et quasi secondaire dans la narration qu'il n'apparait pas si vital que cela pour elle. Déçue par le manque de romanesque et de souffle. Déçue parce que les amours de cette grande dame me sont apparues sans chair, comme désincarnées. Je reconnais et salue l'énorme et sérieux travail de documentation mais me reste le sentiment d'une biographie très classique et répétitive, presque ennuyeuse. Dommage, car le dernier chapitre, plus enlevé, enfin intimiste, laisse apercevoir la bio que j'aurais aimé lire.

Je suis très déçue par cet ouvrage dont le résumé et les critiques m'avaient tentée. J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire de l'héroïne. Il y a trop de précisions concernant les livres, les oeuvres d'art…. Pour ma part , cette partie est trop importante . En fait, l'héroïne de ce livre n'est pas Belle Greene mais l'art en général.