Müller est ce qu'on appelle une « plume » ou un « speech writer ». Son travail consiste à rédiger les discours d'hommes politiques. Malheureusement, les places sont chères dans ce milieu et il se retrouve licencié suite à la défaite de son candidat. Pour se remettre de son échec, il part s'installer à la campagne, espérant trouver la paix qui lui permettra d'écrire le discours politique idéal et infaillible. Mais une vague de suicides, en provenance du viaduc qui surplombe son jardin, va venir mettre à mal la concentration de l'écrivain…
Dans son roman,
Mathieu Larnaudie dresse le portrait d'un homme de l'ombre, contraint à l'effacement et à l'anonymat au profit d'un acteur de la vie politique. Il nous montre un homme tourmenté, tombé en disgrâce mais obsédé par la langue et lancé dans une quête constante du mot juste, de la bonne formule. le roman est basé sur le flash-back, alternant la campagne électorale, son échec, avec la vie monastique du Müller, isolée et perturbée par les suicides. Malgré les quinze ans écoulés, cet homme déchu continue de vivre dans le passé, incapable de tourner la page. Après avoir été l'ombre d'un politicien, son
acharnement à justifier la défaite le pousse à n'être plus que l'ombre de lui-même. Pour ne pas sombrer, il ne lui reste que cette obsession du discours parfait, celui qui lui rendra son honneur et le libèrera de sa solitude. Une bataille pour vaincre sa mort sociale qui ne sera pas sans dangers…
Malgré un sujet qui a priori ne m'attirait pas, j'ai trouvé le roman intéressant, bien rythmé et plutôt facile à lire. L'écriture se caractérise par la vitesse du rythme, une urgence dans le texte qui prend la forme d'une diarrhée verbale. Cette plongée dans les coulisses du monde politique permet d'apporter un autre regard sur cet univers intrigant aux multiples enjeux.