Un copain de plus

Robert s'adresse à la petite brebis:
- Tu viens, on va jouer?
La maman noire se redresse aussitôt pour dire à sa fille:
- Olga, je t'en prie: tu peux aller t'amuser mais surtout ne fais pas de bruit, ne te fais pas remarquer!

[Après lui avoir sauvé la vie, Olga demande à Robert de faire quelque chose pour elle]
- Je voudrais que tu dises au troupeau que les moutons noirs c'est comme les moutons blancs. On mange la même chose que vous, notre laine est aussi douce que la vôtre, notre coeur bat comme le vôtre et, quand on peut, on vient en aide à nos amis. Enfin, nous sommes des moutons, quoi!

Ils sont fous ces adultes! Ils ont tout préparé pour accueillir les nouveaux venus et maintenant qu'ils sont là, ils ne veulent plus en entendre parler! N'importe quoi! Même si, pour être tout à fait honnête, Robert doit bien s'avouer qu'il est déçu lui aussi: le petit mouton noir, celui de son âge, c'est une fille!

Robert n'y comprend rien et demande à sa mère:
- Qu'est-ce qu'il se passe? Pourquoi vous n'êtes pas contents?
- Mais mon chéri, tu vois bien qu'ils sont différents de nous! Il sont... noirs!
L'agneau écarquille les yeux:
- Ben, et alors? Ce sont des moutons quand même, non?
Sa mère le regarde comme s'il avait perdu la tête.

Les trois moutons sortent du camion en regardant autour d'eux, intimidés. Mais à la grande surprise de Robert [le dernier né des agneaux de la ferme], le troupeau tout entier leur réserve un accueil glacial, bientôt suivi de chuchotements consternés.

Le troupeau est en émoi, c'est un grand jour: ce matin, le berger va ramener trois nouveaux moutons d'une ferme voisine. En attendant, on se fait beau, on se prépare, on veut faire bonne impression!