Citations sur Le grand roman des maths : De la préhistoire à nos jours (68)
S’il fallait marquer d’une date l’acte de naissance des mathématiques, c’est sans doute cet instant que je choisirais. Cet instant où le nombre se met à exister par et pour lui-même, cet instant où il se détache du réel pour l’observer de plus haut
Il est bien possible d’aimer la musique sans être musicien ou d’aimer partager un bon repas sans être un grand cuisinier. Alors pourquoi faudrait-il être mathématicien ou avoir une intelligence exceptionnelle pour se laisser raconter les mathématiques et aimer se faire chatouiller l’esprit par l’algèbre ou la géométrie ?
Les conclusions de la méthode scientifique ne dépendent pas de l’opinion préalable du savant qui la pratique
Ni la célébrité ni le succès ne font la vérité.
Le méridien de Paris fit référence jusqu’à la conférence internationale de Washington en 1884. Il fut alors remplacé par le méridien de Greenwich passant par l’Observatoire royal de Londres. En échange du méridien, les Britanniques s’engagèrent à adopter le système métrique. On attend toujours.
Les bonnes idées sont comme ça. Elles dépassent les différences culturelles et savent fleurir spontanément là où des esprits humains sont prêts à les cueillir
Au rang des métiers de la géométrie, il faut également compter avec les bématistes. Si les arpenteurs ou autres tendeurs de cordes ont pour mission de mesurer les champs et les bâtiments, les bématistes, eux, voient les choses en beaucoup plus grand ! En Grèce, ces hommes ont pour tâche de mesurer de longues distances en comptant leurs pas.
Et parfois, leurs missions peuvent les conduire très loin, très loin de chez eux. C'est ainsi qu'au IVe siècle avant notre ère, Alexandre le Grand emporta avec lui quelques bématistes dans sa campagne d'Asie qui l'emmena jusqu'aux frontières de l'Inde actuelle. Ce sont alors des trajets de plusieurs milliers de kilomètres que ces marcheurs géomètres eurent à mesurer.
Prenez un peu de hauteur et imaginez un instant l'étrange spectacle de ces hommes au pas cadencé, traversant les paysages immenses du Moyen-Orient. Voyez-les, parcourant les plateaux de Haute-Mésopotamie ; longeant les décors arides et jaunes de la péninsule du Sinaï pour arriver jusqu'aux bords fertiles de la vallée du Nil ; puis rebroussant chemin, s'en aller braver les massifs montagneux de l'Empire perse et les déserts de l'actuel Afghanistan. Les voyez-vous, imperturbables, marcher encore et encore, d'un rythme sec et monotone, et passer au pied des montagnes gigantesques de l'HINDU Kush pour revenir par les rivages de l'océan Indien ? Inlassablement, comptant leurs pas.
L'image est saisissante et la démesure de leur entreprise semble insensée. Et pourtant, leurs résultats sont d'une précision remarquable : moins de 5% d'écart en moyenne entre leurs mesures et les distances réelles que l'on connaît aujourd'hui ! Les bématistes d'Alexandrie ont ainsi permis de décrire la géographie de son royaume comme jamais cela n'avait été fait pour une région si vaste.
Plus on en sait sur un sujet, plus on mesure l’étendue de notre ignorance.
Il suffit de changer son regard sur le monde pour voir les mathématiques apparaître. Leur quête est fascinante et sans fin.
Au début personne ne savait rien. Pas même qu'il y avait quelque chose à savoir.