Vieillir, ça n'a pas que des mauvais côtés. Les problèmes d'acné deviennent moins aigus. On ne met plus une demi-heure le matin pour choisir une chemise. Les amis vous embêtent moins, soient qu'ils meurent, soit qu'ils vous oublient. On ne se sent plus obligé de faire du sport. Et puis quand on se suicide, on se rate rarement.
La littérature est particulièrement dense sur les gens
qui s’élancent depuis un pont : il y a pratiquement une
communication pour chaque grand ouvrage d’art de la
planète. Un peu comme les cartes postales.
La science peut pétiller jusque sur la table d'autopsie, voire jusque dans la tombe.
Règle n° 24 pour une bonne hygiène de vie: ne jamais faire de bouche-à-bouche à quelqu’un qui vient de s’empoisonner avec de l’insecticide.
On se jette beaucoup par les fenêtres, en ce moment.
Un passant va finir par être blessé.
Quelle différence y a-t-il entre un chasseur et un chien ? Quand il tire sur son chien, le chasseur est triste. Quand il tire sur son maître, le chien s’en fout.
Car cela arrive. Mais ce n’est pas la faute du chien, en général. Le fusil traînait, l’animal a posé sa patte dessus, le coup est parti. Le chasseur se trouvait bêtement dans la ligne de tir
La recherche scientifique n’a pas le goût du roman,
et les sciences médico-légales montrent peu d’aptitude
pour la poésie. Elles pratiquent une langue qui ne vise
que l’efficacité, au risque de l’âpreté
Le plus fascinant, dans cette riche matière, ce ne
sont pas tant les faits eux-mêmes que la façon dont les
chercheurs les relatent : sans effroi, sans affect même,
avec un souci constant du détail qui honore cette
profession. Là où nous nous laisserions aller à parler
d’« affaire monstrueuse », l’homme de l’art se contentera d’évoquer un « cas singulier ».
Tout au long de l’année, sans exclure les jours fériés,
se déroule autour de la planète une compétition aussi
hasardeuse que spectaculaire: celle de l’autodestruction
la plus singulière, du suicide le plus abracadabrant. Les
revues spécialisées en sciences médico-légales1 tiennent
de ce concours une chronique avide et minutieuse, car
il apparaît que le nombre de façons de se trucider est
quasi infini.
C’est ainsi que l’on trouve dans ces journaux des
articles fort élaborés sur les suicides à la tronçonneuse,
à la perceuse, au marteau, voire en se plantant directement des clous dans la tête. De façon symétrique, la littérature médico-légale recense scrupuleusement les
techniques de meurtre les plus improbables : à la pelle
mécanique, à l’arbalète et même, oui, à la débiteuse à
lames circulaires multiples. La médecine légale, dans
ses sommets, a parfois un côté Salon du bricolage