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sur 385 notes
Comment se construire en regardant du côté du père ?
Un livre où règne une grande sensibilité.
Un bon moment passé avec Marc Lavoine.
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Récit lu dans le cadre de mon défi personnel 2024, item : Lire "un livre qui se passe dans la région où je suis née". Etant née en région parisienne (Val-de-Marne), ce livre de Marc Lavoine (qui était dans ma PAL puisque je suis toujours intéressée par les récits de vie) et dont l'action se déroule principalement en Essonne à Wissous, était donc pertinent.

Pertinent, non pas parce que je suis fan du chanteur/acteur (loin de là), mais bien parce qu'il évoquait quelque chose de l'intime de soi qui entrait en résonance avec mon propre vécu : M. Lavoine est né en 1962 (moi, en 1960), une période particulière (globalement les 30 glorieuses, mais surtout les années 70-80), un contexte banlieusard, un environnement politique et syndical qui m'est familier, des comportements familiaux dysfonctionnels, l'omniprésence de l'alcool, de la cigarette et du sexe, et un ressenti d'enfant et d'adolescent questionnant et douloureux.

Pertinent car dans l'évocation de son histoire personnelle (et celles plurielles des différents membres de sa famille), M. Lavoine témoigne d'une sensibilité hors normes pour un homme. Une sensibilité qu'il n'a pas peur ni honte de dévoiler, alors même qu'il est une célébrité et que cela pourrait être préjudiciable à son image. C'est tout à son honneur. Et cela m'a touchée car cela démontre qu'il ne renie en rien ses origines et ses proches, tout imparfaits qu'ils furent. Je ne sais pas s'il a écrit ce livre tout seul ou s'il s'est fait aider d'une "plume", mais peu importe, les faits évoqués, les mots et le vocabulaire choisis (y compris vulgaire et ordurier), les contextes politico-économico-sociaux sonnent vrais... puisque moi aussi j'ai pu expérimenter certains des aspects évoqués dans ma propre vie.

A travers l'évocation de la figure paternelle : Lucien Lavoine (1934-2006), employé aux PTT, militant cégétiste, athée et communiste, c'est tout un monde qui nous est dévoilé : celui de l'engagement politique et syndical, avec ses bons et mauvais côtés.
Ses bons : le fait de donner sa vie à une cause, à un idéal, pour faire avancer le bien commun et ainsi lui donner un sens ; le sentiment d'être un acteur dans la marche du monde ; la solidarité entre les militants ; l'accès à une culture de classe et, avec elle, la capacité à avoir un regard critique sur son pays et sur le monde ; l'accès à la cuture tout court avec le fait de côtoyer des intellectuels, des poètes, des chanteurs hors normes et d'apprécier leurs oeuvres.
Ses mauvais : bien souvent, un fonctionnement égoïste qui laisse peu de place à la famille ; les tentations auxquelles on cède plus que facilement (il faut bien maintenir son statut de beau gosse et sa réputation de tombeur de ces dames) ; par voie de conséquence, l'omniprésence d'une double vie (il faut bien honorer ses multiples maîtresses) ; les dérives qui deviennent très vite des addictions (alcool, cigarettes, sexe) ; un désintérêt évident pour la routine quotidienne et les contraintes familiales, ce qui, fait supporter toute la charge mentale au conjoint délaissé (bien souvent, la femme).

Dans ces deux cents et quelques pages, M. Lavoine évoque, par petites touches successives et avec une gouaille des plus réalistes, ce qu'a été la vie pour le moins dissolue de son paternel et, par là même quelle a été sa vie, à lui, à son frère et à sa mère. Une vie plus fade, parfois triste (on ressent souvent le manque), mais néanmoins heureuse. Car, malgré tout, la vie d'alors était certes modeste mais heureuse : un petit pavillon de banlieue calme, les quelques week-ends ou vacances en famille, les soirées entre potes ; les premiers émois amoureux ; les premières bécanes et voitures ; la présence des grands-parents et autres membres de la famille...

Au-delà de l'aspect familial et personnel, il dresse le tableau d'une époque qu'il est important de connaître pour bien mesurer (et apprécier) tout le chemin parcouru depuis celle-ci : la guerre d'Algérie et ses souvenirs douloureux, Mai 1968 : illusions et désillusions, la libération sexuelle et ses dérives, la condition de la femme qui certes travaille mais reste soumise, la politique avec le programme commun et ses trahisons, l'engagement militant des communistes avec l'Humanité Dimanche et ses Fêtes de l'Huma, l'accès à la consommation de masse, etc.

Un premier livre que l'auteur a sans doute écrit pour laisser une trace à ses descendants (il a eu quatre enfants) de ce qui a constitué ses origines sociales et familiales... Ne dit-on pas que pour savoir où aller, il faut savoir d'où l'on vient ? Et le parcours de M. Lavoine est remarquable au regard de ce passé qui l'a sans doute déstabilisé, mais néanmoins construit. Mais au-delà, j'ai ressenti ce livre comme un énorme témoignage d'amour en direction de ce père qu'il a mal connu, qui l'a mal aimé et auquel il a eu bien du mal à s'identifier. Sans doute faut-il voir dans l'écriture de ce "récit-roman" un acte cathartique comme pour mieux se libérer de ses fantômes, pardonner et aller de l'avant.

Pour ma part, je me suis retrouvée dans cette évocation, même si tout ne m'est pas proche. Pour avoir côtoyé un certain nombre de militants (j'ai travaillé six ans dans une mairie communiste), je confirme avoir côtoyé bon nombre de "Lulu" qui donnaient beaucoup mais qui, aussi, brûlaient la chandelle par les deux bouts, sans vraiment tenir compte des à-côtés de leurs vies (à savoir, leur famille). J'ai donc été touchée, émue. J'ai souri souvent à l'évocation de tels ou tels faits, j'ai particulièrement aimé le style d'écriture et le registre de langue employé. Pour un court temps, j'ai revécu mon enfance et mon adolescence banlieusarde et je crois, qu'à présent, je ne regarderai ni n'entendrai plus Marc Lavoine de la même façon, tant je me sens des affinités avec lui.

A noter : il est précisé en première page de ce livre écrit en 2015 : "L'homme qui ment ou le roman d'un enjoliveur". "Récit basé sur une histoire fausse". Une affirmation qui tend à faire croire que ce qui est écrit ici est inventé. Or, pour l'avoir entendu à plusieurs reprises, de vive voix, de la part de M. Lavoine depuis la parution du livre, il semble bien qu'il s'agisse d'un récit autobiographique. Pourquoi donc cette précision ? Peur initiale d'assumer cette histoire-là ? Je n'ai pas trouvé d'explication à cela. Oui, alors, cela signifie que son histoire a été encore pire que ce qui est écrit ici et que M. Lavoine l'a "enjolivée" pour faire de son père son héros ?




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Marc Lavoine invite le lecteur au sein de sa famille, avec les contradictions du père, les conséquences pour les siens, le "terreau" si sensible d'une plume qui dévoile un peu de lui... Très belle découverte.
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adoré !
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trés décue , le personnage nous agace à ces moments, on pense s'attaché à cette histoire surtout si comme moi on aime le chanteur...et c'est l'opposé. je pense que cet exercice de livre n'est pas à refaire pour lui
Lien : http://zenvitae.over-blog.com/
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Touchée au coeur par cette histoire de famille avec père déraillant et mère défaillante... Et un petit garçon devenu grand capable du plus beau des pardons et du plus grand des amours.
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Dans un style formidable, Marc Lavoine, que l'on connaît habituellement comme chanteur, nous ramène dans ses souvenirs et il nous présente son père qui a connu le monde ouvrier. Très bonne lecture !
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Un livre très bien écrit qui allie la tendresse et la colère sans jamais tomber dans le pathos ou la sensiblerie.
C'est avec franchise et amour que Marc Lavoine porte un regard lucide sur sa famille, je recommande vivement cet ouvrage à tous ceux que "les racines" familiales intéressent.
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Marc Lavoine écrit ici l'histoire de son père, un homme à la fois touchant et exaspérant, aimable et haïssable, un homme d'une autre époque qui permet aussi de faire un portait de la société française dans laquelle Marc Lavoine a grandi.

J'ai bien aimé cette histoire racontée avec une certaine pudeur, avec des yeux d'enfant partagé entre la loyauté envers son père et l'amour envers sa mère, avec les yeux du jeune qui grandit et qui ne veut plus être le témoin de cette façon de vivre qui le gêne mais aussi avec beaucoup de tendresse. C'est un portrait de famille atypique mais plein de sincérité.

J'ai aimé son style, à la fois léger avec quelques jeux de mots emprunts de poésie.

Le livre est lu par Marc Lavoine et je dois avouer que l'écouter a été un grand plaisir (ah… la voix de Marc Lavoine…)

Bref, je vous recommande cette lecture et en audio si le support vous plait.
Lien : http://ennalit.canalblog.com..
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