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Sofia, Bulgarie: Ne cherchez plus le mausolée du père de la nation, le dictateur Georgi Dimitrov. Ce cube blanc à pilastres carrés a été détruit en 1999, pour faire table rase du passé, après un solide et vindicatif débat national.
Il était d'ailleurs tellement solide qu'il a fallu s'y reprendre à quatre fois pour l'atomiser !

Cinquante années de communisme, racontées par le quotidien absurde d'une famille bulgare, construit sur la peur, l'arbitraire, le mutisme. Sur trois générations de femmes, l'histoire familiale se décline avec ses pertes et ses contraintes ubuesques. le régime communiste dirige alors en coupes réglées une population qui courbe le dos, pour éviter arrestations, disparitions et exécutions.

Des années de règlements imposés, de langue de bois, de défilés obligatoires, de défiance envers les voisins, jusque dans sa propre famille. La Sécurité de l'Etat est omniprésente, encourage la délation, dépouille les individus, les détruit psychologiquement.

Rouja Lazarova revient sur ses souvenirs pour se transposer dans une Milena petite fille et adolescente, protégés par ses aînés, élevée dans un esprit muet de révolte, découvrant les produits de l'occident rentrés sous le manteau. Elle reconstruit des personnages sans aucun doute autobiographiques avec une belle tendresse et une pointe de dérision pour raconter le passé. Elle brosse surtout un portrait vivant et parfois plein d'humour de la Bulgarie communiste avec une profusion de détails, nous en offrant une compréhension délirante.
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«Mausolée» est un roman original que l'on devine imprégné d'une part autobiographique importante: c'est le récit, à travers le prisme de trois générations de femmes, de la vie quotidienne d'une famille dans la Bulgarie communiste, de 1944 aux années 90.
La principale narratrice est Milena, la plus jeune des trois femmes, qui dépeint donc comment chacune d'elle, a, à sa manière, tenté de résister au système.
On lit ce livre d'une traite même si il n'y a pas d'intrigue à proprement parlé: c'est l'histoire magnifique d'individualités luttant au quotidien contre un régime qui cherche à les «dissoudre» par la peur, la honte, la monotonie et la répétition.
Le roman débute par l'arrestation de Peter, jazzman, le grand-père de Milena, qui sera fusillé du fait de son activité subversive. Vingt ans plus tard, c'est au tour de Sacho le Violon, son ami de disparaitre. Autour de ces deux événements, la vie continue mais chacun doit composer car depuis l'école jusque dans la vie professionnelle et quotidienne, chacun dépend du bon vouloir du Parti.
Le récit narratif est singulier: Rouja Lazarova alterne le roman à la première personne et à la troisième comme si il y avait deux Milena, celle d'avant et d'après la liberté. le roman est surtout écrit au présent, «temps plat, sans relief, sans nuances, un présent qui n'en finit pas, qui écrase le passé et l'avenir dans un magma pesant comme un jour sans espoir.»
Ce qui est interpelle également, c'est la description de la chute du communisme et le fait que la vie ne devient pas rose pour autant «après»: les personnages du «monde souterrain» c'est à dire la mafia font leur apparition et la corruption est toujours aussi présente. On découvre aussi que parmi les très proches pouvait se cacher un traître.
Enfin, que faire de cette liberté à laquelle on a aspiré toute une vie? Elle, «dont ils avaient une vision romantique s'est révélée à eux sauvage et cruelle».
Ce livre témoignage nous imprègne parfaitement de la manière dont de nombreuses populations ont vécu à l'est sous l'ère communiste et nous démontre comment malgré tout, la résistance individuelle est toujours possible.
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Vingt après la chute du Mur de Berlin, Rouja Lazarova nous invite à une plongée dans la Bulgarie communiste, de 1944 jusque à l'aube du XXIème siècle. A travers trois générations de femmes, Gaby, sa fille Rada et sa petite-fille Milena, qui est également la narratrice de ce récit, le lecteur découvre le quotidien du régime communiste, ses privations, ses peurs, sa corruption, ses répétitions et ses absurdités. Rouja Lazarova nous décrit un système cruel, auquel les trois femmes de ce récit vont opposer une résistence minime et silencieuse, mais une résistence tout de même.

J'ai trouvé cette immersion dans la Bulgarie communiste absolument fascinante. Sans forcer sur le dramatique, Mausolée nous montre les disparitions quotidiennes, les privilèges des membres du Parti et l'absurdité des décisions prises. J'ai également beaucoup aimé le récit de l'après-1989, avec le chaos des privatisations en masse, l'arrivée du capitalisme acharné et ses laissez-pour-compte.

Le style est agréable mais je dois avouer m'être perdue à plusieurs reprises dans les méandres de ce récit qui regorge de personnages secondaires et dont la chronologie est plutôt aléatoire. Une construction, un peu anarchique, qui m'a empêchée de toujours apprécier ce récit et tous les éléments de l'histoire.

Un bon roman donc, mais surtout un beau témoignage fictionnel (même si je soupçonne beaucoup de vécu derrière ce récit).
Lien : http://unmomentpourlire.blog..
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Un long voyage au pays de la compromission et de la tristesse, mais aussi de la fidélité.
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beaucoup d'arrestations à cette époque en Bulgarie. Gaby était l'amie de Sacho. C'est Milena, petite fille de Gaby, qui, à partir de ce drame, déroule le récit de la vie quotidienne dans un pays communiste. Elle tisse, à travers l'histoire politique de la Roumanie dès 1944, la vie des Bulgares, qu'ils soient affiliés au parti ou simples citoyens tentant de survivre dans un régime communiste à la violence et aux injustices permanentes. Après la soumission et la haine, les Roumains découvriront la liberté de l'après communisme, dans les années 90. Mais cette liberté est amère, le pouvoir confisqué aux communistes est pourri par la corruption et les maffias qui mènent le bal. Les hommes d'affaire véreux sont les communistes d'hier reconvertis.

Le mausolée, titre du roman, est le monument qui abrite la dépouille embaumée du dirigeant et poulain de Staline, Gueorgui Dimitrov. Il sert de lien tout au long de ce roman. Il y a sa construction tout d'abord, coûteuse en vies humaines. Puis, ce seront les défilés obligatoires de toute une génération pour se recueillir devant le grand homme, leur père à tous, qui a fait régner la terreur. En 1999, le mausolée, détruit, laissera la place à des jardins et des cafés.

C'est à travers la voix de trois femmes, Gaby, sa fille Rada et sa petite fille Milena, que l'auteur a choisi de raconter un demi-siècle de communisme. Au-delà de l'histoire de la Bulgarie le lecteur partage les peurs, les humiliations et les violences subies par la population. Emaillé d'anecdotes inspirées de faits réels, le récit de Rouja Lazarova a valeur de témoignage. C'est féroce, violent, mais la tendresse et l'humour affleurent tout au long du périple des héroïnes. Même soumises et humiliées, ces femmes résistent à leur manière. Et Milena, qui va vivre l'absurdité communiste dans la continuité de sa mère, découvrira aussi la liberté avec la chute du régime. Et ce regard d'enfant posé avec lucidité sur un régime décadent est à la fois drôle et terrifiant.
L'auteur traite une époque historique mal connue en la racontant à travers le destin de trois générations de femmes et de leurs amis, amants, maris et autres. Ses personnages sont attachants et convaincants. le récit oscille sans cesse entre la connaissance historique et l'histoire romancée de ses personnages et c'est ce subtil mélange qui rend la lecture passionnante.


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D'abord intriguée par la citation sur le bandeau du livre, cette histoire m'a parue compliquée et embrouillée au départ : nombreux personnages, sauts dans le temps, nombreux liens familiaux à retenir entre les personnages….mais au bout d'une cinquantaine de pages, la magie a opéré et j'ai été happée par cette histoire, certainement largement autobiographique pour l'auteur, dont le récit devient par ailleurs plus linéaire.
Par certains côtés, ce roman m'a rappelé « un brillant avenir » de Catherine Cusset : on y vit aussi une saga familiale à travers la vie et le regard des femmes de 3 générations successives…mais les thèmes sont en fait a l'opposé l'un de l'autre : Avec C .Cusset, on suit l'évolution d'une famille qui a réussi à quitter l'Europe de l'est et son régime écrasant pour se reconstruire aux Etats-Unis alors que dans Mausolée, on suit cette fois une famille qui reste en Bulgarie et subit le totalitarisme du « Parti ».
Rouja Lazarova nous montre comment la vie et les choses n'évoluent pas dans cette société depuis 1945 mais aussi, même si ça paraît paradoxal, comment les états d'esprit ont changé, petite touche par petite touche : comment certains ont subi tout en montrant à leur échelle leur haine du « Parti » qui régente tout, qui interdit toute initiative, qui fait régner la peur et la méfiance comme fondements de la société bulgare… on voit comment, malgré le manque cruel de liberté, ils ont réussi à résister à l'embrigadement commencé dès le plus jeune âge et à faire petit à petit bouger les choses.
En s'attachant à nous faire partager les détails de la vie quotidienne de ses personnages, Rouja Lazarova parvient à nous faire ressentir ce qu'a pu être la vie (la survie !) de millions de familles opprimées, écrasées par ce régime. le texte se révèle précis, incisif, souvent émouvant et surtout porteur d'espoir et d'enthousiasme puisqu'on y vit aussi la fin du régime…C'est un hymne à la liberté d'autant plus appréciée à sa juste valeur (inestimable) ceux qui ont fait l'expérience de son absence totale.
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Mausolée est un roman qui a la force et le réalisme d'un document. Bien écrite et ultra-réaliste, on ne peut que se laisser emporter par cette description du communisme bulgare.
En effet, Mausolée nous fait (re-)découvrir les disparitions, les arrestations arbitraires et les atrocités commises par le système au travers l'histoire de trois femmes, de leur souffrance quotidienne et de leur résistance obstinée et silencieuse.Rouja Lazarova décrit avec brio les rouages d'un régime cruel, froid et absurde loin d'un communisme bon enfant et idéalisé dont les médias occidentaux se sont fait parfois l'écho. Mausolée est à ce titre le meilleur manifeste anticommuniste que l'on puisse imaginer.
Le style est factuel, un peu détaché même. Rouja Lazarora ne tombe jamais dans le larmoyant et c'est sans doute ce qui donne toute sa force au récit car Mausolée est sans conteste un texte fort où des événements tragiques sont relatés avec une certaine froideur. Un seul bémol concernant la construction du récit qui m'a semblé un peu décousue (dans sa chronologie notamment) et qui m'a un peu gênée dans ma lecture…
Lien : http://www.quartier-livre.fr..
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Le « mausolée » de Rouja Lazarova est ce monument construit à Sofia pour y recueillir le corps embaumé du père de la révolution communiste bulgare, Georgi Dimitrov. Tous les écoliers de la capitale doivent s'y rendre une fois en pèlerinage. Cette visite, la même que celle effectuée par sa mère des années auparavant, est pour la petite Milena le symbole des traumatismes de la population, étouffée, meurtrie et traumatisée par des années de totalitarisme.

Ce roman retrace la vie de trois générations derrière le rideau de fer du communisme. C'est un témoignage unique sur la vie quotidienne de la population de Bulgarie. Il n'y a pas de héros dans cette histoire, juste des gens ordinaires qui luttent tous les jours pour survivre sous la chape de l'absurde et de la terreur. Ces trois générations ont toutes connues le régime à différentes époques, de son éclosion jusqu'à sa chute en 1989. Milena, la petite dernière, connaîtra également la période post communiste, celle ou il faut tout reconstruire, également douloureuse car pleines de désillusions et d'incompréhensions.

Ce récit est comme un cri de douleur, une douleur trop longtemps tue. Il est porteur de violence, de dégout, d'écoeurement. Même s'il n'est pas autobiographique, il semble qu'il ait été comme une thérapie, difficile et nécessaire : il fallait que ça sorte. L'auteur a vécu ce régime : elle ne s'est installée en France qu'en 1991 et on imagine la retrouver sous les traits de Milena.

Les comportements absurdes et aveuglés sont mis en exergue, mais on comprend leur origine, on comprend pourquoi la population n'avait pas le choix et devait s'y soumettre. On partage la révolte de ces trois générations, à travers celle des femmes, la grand-mère, la mère et Milena. Leurs difficultés quotidiennes et leur silence, pouvant passer pour de l'abnégation, sont expliqués, décortiqués. On s'en indigne d'autant plus qu'on n'imagine que personne n'aurait fait autrement.
Mais ce roman fait aussi preuve d'humour et de tendresse. L'être humain est ainsi fait qu'il se défend et se préserve, même dans le pire des environnements, des moments de rires et d'amour.

Dans la dernière partie, on comprend également que l'auteur voudrait instruire davantage encore les populations occidentales qui ne semblent pas mesurer suffisamment l'ampleur de la douleur et du traumatisme de l'Est. Son livre est le parfait instrument de cette mission.

Lien : http://blogs.elle.fr/kornali..
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Un vrai coup de foudre ! le communisme au travers du regard féminin...
Lien : http://www.armande22.com/art..
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lu grace à Maznev
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