Tonight's the night, pensa-t-il en sifflotant. Jamais il ne s'était mis en quatre ainsi pour une femme. Jamais. Même en les additionnant.
L'un après l'autre , les participants émergèrent du car et on ne fut pas loin de l'émeute. Les gens hurlèrent, gesticulèrent et se bousculèrent pour les toucher ou demander un autographe. les cameramen étaient déjà à pied d'oeuvre. Avec une satisfaction mêlée de perplexité, Erling contempla la réaction exaltée que provoquait l'arrivée des participants. Il se demanda ce qui se passait réellement dans le crâne de ces jeunes d'aujourd'hui. Cette bande de morveux débraillés, comment pouvait t'elle déclencher une telle hystérie?
Maman et lui avaient un don, le don d’aider autrui, il était de leur devoir de l’utiliser au maximum.
Tu parles d’un baratin. Pourquoi faire des enfants alors, si on n’avait pas le temps de les voir? (p.63)
Mais, ensuite, on pourra bâfrer et devenir gros ensemble, dit Patrick.
Ils tournèrent à gauche devant l'épicerie d'Eva.
- Et vieux. On pourra devenir vieux ensemble.
Il la serra encore plus près de lui et dit avec sérieux.
- Et devenir vieux ensemble. Toi et moi. A la maison de retraite. Et Maja viendra nous rendre visite une ou deux fois par an. Parce qu'on la menacera de la déshériter…
- Oh, tu es affreux, dit Erica en lui donnant une tape sur l'épaule. Quand on sera vieux, on habitera chez Maja, ça va de soi, non ? Et ça signifie qu'on doit chasser tous les futurs prétendants.
- Aucun problème, dit Patrick, j'ai un permis de port d'armes.
Elles étaient installées sur la véranda en train de boire un café, enveloppéesde couvertures. Sur les genoux, Erica avait les propositions de menus du Grand Hotel et elle sentit l'eau lui venir à la bouche. Le régime sévère qu'elle suivait avait ranimé ses papilles et accentué sa faim, et elle avait l'impression qu'elle n'allait pas tarder à baver littéralement.
-Ah, vous allez vous marier, quelle bonne idée !
Pas du tout, j'ai juste envie d'avoir une robe de mariée dans ma garde-robe. Pour mon plaisir personnel, pensais Erica vertement, mais elle garda le commentaire pour elle.
Elle s'écarta, les fit entrer dans le vestibule et alla voir dans le salon. Effectivement, son père était là, l'énorme casque bien en place sur les oreilles. Il écoutait sans doute de la variétoche pour vioques. Elle lui fit signe d'enlever le casque. Il se contenta de le soulever et l'interrogea du regard.
Le passé était comme une couverture mouillée et lourde étalée sur leur vie.
Patrick contempla pensivement sa future femme. Il trouvait qu'elle affichait des tendances inquiétantes. Les boutiques de tenues de mariage faisaient peut être cet effet là aux femmes. Pour sa part, il avait qu'une seule envie, en sortir au plus vite. Avec résignation, il avait compris qu'il n'y avait qu'un seul moyen de s'en tirer. Il se força à sourire.
Ils n’en avaient jamais parlé. Aucun commentaire sur l’arrivée à la maison de la nouvelle compagne de son père une semaine après l’enterrement de sa mère. Personne n’avait affronté la vérité, ces mots durs qui avaient mené à l’irrémédiable. (p.200)