Une première lecture il y a bien longtemps m'avait laissé un souvenir mitigé, qui s'est confirmé cette fois encor.
De mon point de vue, le moins plaisant de la trilogie de Karla.
Le principal protagoniste, Jerry, m'a horripilé avec sa fausse ingénuité, sa maladresse de géant comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Le cadre : c'est essentiellement Hong-Kong mais aussi toute l'Asie du sud-est. C'est la guerre.
Des chapitres entiers sont consacrés aux descriptions de villes en état de siège, à la jungle envahie par le Pathet Lao, à la corruption de l'armée. Car sous-jacent, c'est le trafic de l'opium à grande échelle qui finance la guerre.
On suit également le quotidien des correspondants de guerre, et le monde des agents secrets avec leurs manipulations pas très propres, pour ne pas dire cyniques.
Le roman est émaillé d'épisodes de la vie sociale de Hong-Kong avec ses femmes entretenues. de la vie des aventureux pilotes de guerre.
À Londres, ce sont les coulisses du pouvoir, avec ses inévitables rivalités entre départements rivaux, les trahisons pour se hisser au pouvoir (Sam, Enderby).
Smiley, Connie et di Salis, explorant les dossiers « sucrés » par Haydon (voir
La Taupe) dénichent un trafic d'argent Russe versé à Ko, homme d'affaire chinois à Hong-Kong. Par recoupements, ils trouvent trace de son frère, un ponte du parti communiste à Shanghai mais resté secrètement fidèle à Karla dont il est
la taupe. Et Ko veut exfiltrer son frère.
Au moment crucial, c'est l'invraisemblable réapparition de Jerry qui, par amour et vengeance, risque de faire capoter l'opération.
Finalement tout ce travail d'un Smiley trop candide est, en coulisses, vendu aux « cousins », les Américains qui tireront les marrons du feu.