Ayant lu "
Le chercheur d'or" il y a bien longtemps, j'ai beaucoup trop tardé à reprendre le chemin, ou plutôt le vol, comme les oiseaux, vers Rodrigues, île sur laquelle JMG vient surtout à la recherche du passé de son grand-père, de la quête de sa vie, ce trésor illusoire, et surtout de ses rêves qu'il fait partager à ses lecteurs, même s'il affirme que "les rêves ne se partagent pas".
D'abord l'écriture de pureté absolue de le Clézio emporte le lecteur dès la première page, le long de la rivière, un oeil sur les nuages, et puis tout au long du livre, c'est un éblouissement perpétuel devant un tel talent littéraire. Ceci avec les nombreuses descriptions allant quelquefois jusqu'à la personnification de la nature, des arbres, des pierres basaltiques, des oiseaux, de la mer, du soleil, du vent, chacun jouant leur rôle d'instruments superbement dirigés par le chef de l'orchestre, l'écrivain, le vrai, celui que l'on ne rencontre presque plus.
L'histoire de ce petit territoire est également contée par l'auteur, avec beaucoup de délicatesse, permettant d'écouter bien au-delà du "langage de la vallée" et d'entendre peut-être les voix presque évanouies de ces gens qui ont survécu sur l'îlot.
Et puis le temps, inexorable, la maison ou plutôt la demeure, les souvenirs, la nostalgie, l'affection pour ce grand-père inconnu mais tellement présent. Une multitude de symboles affleurent sous la plume de l'écrivain, à chacun de les saisir, de les savourer jusqu'à la délectation des dernières pages.
Là, c'est l'apothéose sur le sens de l'être, avec l'océan et les oiseaux, les traces ultimes du grand-père et des questions auxquelles il appartient à chacun de nous de donner une réponse, imprégnés que nous sortons d'une lecture magnifique par l'écriture d'un prince de la littérature.