Trainant sa charrette derrière lui dans la nuit parisienne, Étienne découvre un cadavre pendu par les pieds à la colonne Vendôme. Il crie pour alerter les alentours et se retrouve face au meurtrier. Il récupère un carnet de celui-ci, mais les policiers arrivés sur place l'emmènent au poste laissant ses affaires abandonnées. Résultat : il est suspecté, a perdu le peu qu'il possédait et le meurtrier court toujours, rêvant de récupérer son bien.
La police de 1870 a des méthodes expéditives : tout ce qui est pauvre est suspect et dangereux. Un inspecteur basque, Letamendia, tient pourtant à attraper le vrai coupable avec des méthodes plus sérieuses. En parallèle, le meurtrier voue une fascination sans borne pour l'écrivain Isidore Ducasse, plus connu sous le pseudonyme du comte
De Lautréamont. Il cherche à reproduire les crimes décrits dans
Les chants de Maldoror. Vous y ajoutez une prostituée mère-fille et une orpheline en quête d'amour et vous avez tous les ingrédients pour un feuilleton à suspense.
Et c'est toute l'ambiguïté de ce roman : l'auteur y décrit une réalité sociale très crue, misère, prostitution, alcoolisme, violence, corruption et fin de règne, le tout agrémenté d'un vocabulaire d'époque (que l'on retrouve aussi chez
Jean Vautrin,
Tardi ou
Patrick Pécherot). Avec également des rappels historiques ; nous sommes quelques mois avant la Commune et les mouvements ouvriers se développent, tout comme la réaction violente des autorités. Mais l'intrigue policière, avec un tueur en série psychopathe est trop peu crédible pour illustrer les propos de l'auteur.
Si le livre se lit facilement, il perd en profondeur de par ces grosses ficelles. du même auteur, j'ai nettement préféré
Après la guerre, plus solide au niveau de l'énigme.