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Critique de AgatheDumaurier


En voilà une idée !!!
Paris, hiver 1870...Gla gla gla, déjà, c'était avant le réchauffement climatique...Et le chauffage tout court, on dirait...Bref...
Etienne, un jeune ouvrier révolté (hommage à Zola ? ) arrive à Paris avec juste sa charrette et son barda (une table, notamment...)Et tout seul place Vendôme, voilà qu'il voit pendouiller les tripes à l'air, sur la colonne elle-même, bien scalpé, un jeune homme...Bienvenue à la capitale...Le meurtrier est encore sur les lieux, le darde d'un regard meurtrier, glacial, effrayant, et s'enfuit en oubliant son carnet de notes...Car le meurtrier est un poète...Etienne ramasse le carnet, le met dans le tiroir de sa table, et appelle la police...La police de l'empereur -car c'est encore l'empire pour quelques mois- est, je ne dirais pas incompétente, mais disons empêchée par le régime politique un peu trop autoritaire et corrompu et plus effrayé par les risques de soulèvement populaire que par les serial killers (dans la logique de son intérêt, l'empire me semble avoir raison ...)
C'est un roman policier extrêmement original et plus que ça, mais qui risque de ne pas plaire à certains lecteurs. D'abord on sait tout de suite qui est l'assassin et pourquoi il assassine : c'est un fan de Lautréamont, qui se prend pour Maldoror. Isidore Ducasse est présent dans le livre. de même que Verlaine (hommage), qui apparaît dans un bar au tournant d'une page...On guette Rimbaud, mais il était encore à Charleville à cette date...Moi, ce rassemblement de poètes maudits, ça me plaît...
Ensuite, Hervé le Corre utilise une langue très écrite, à la manière du XIXème siècle, et les dialogues correspondent à l'argot de l'époque, ce qui peut faire reculer. Bon, ça me plaît aussi.
Ce qui est excellent pour tout le monde, par contre, c'est la reconstitution de ce Paris de l'Empire qui va s'effondrer et qui l'ignore. le peuple de Paris gronde sourdement puis sauvagement : un siècle de révolution, et la Commune approche. On comprend qu'elle est possible. La pauvreté règne dans la Capitale. Dans certains passages, on se croirait au Moyen Age, niveau confort...La société est pourrie, elle doit impérativement se renouveler : privilèges, disproportion des richesses, prostitution et avilissement des femmes, corruption, mépris de classe...Autant de maux dont Maldoror et son incarnation fétide, Henri Pujols, ne sont que le reflet, le symptôme...
Un excellent roman, donc, à mon avis. Mais qui pourrait en rebuter certains. Donc à feuilleter d'abord...
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