Rencontrer un étranger n'a rien d'évident. Même le plus grand extroverti, face au plus paisible des étrangers, ressent une certaine crainte, parfois même sans s'en rendre compte. Est-ce qu'il va me ridiculiser ruiner l'image que j'ai de moi-même m'envahir me détruire me changer ? Est-ce qu'il sera différent de moi ? Oui, il le sera. Il y a cette chose terrible : l'étrangeté de l'étranger.
Lorsqu'ils s'en furent écartés pour se retrouver dans la lumière du soleil, il lui revint d'un seul coup que cela s'appelait une forêt et qu'on les appelait des arbres. Mais de toute façon il ne parvenait pas à se rappeler si oui ou non chaque arbre avait son nom propre. Si oui, il ne s'en remémorait aucun. Peut-être ne connaissait-il pas ces arbres personnellement.
Comment discerner la légende de la réalité sur des mondes dont tant d'années nous séparent ? - planètes sans nom que leurs habitants appellent le Monde, planètes sans histoire dont les mythes se nourrissent du passé, à telle enseigne qu'un explorateur revenant après quelques années d'absence s'aperçoit que ses actions antérieures sont devenues des postures divines. La déraison assombrit cette brèche creusée dans le temps et annihilée par nos vaisseaux aussi rapides que la lumière, et dans les ténèbres l'incertitude et la démesure poussent comme des herbes folles.