Un petit roman du cycle de l'oekoumène .
Je me suis laissé dire que c'était le premier roman de l'auteur .
L'envoyé est ici, un ethnologue .
Il est dépêché sur une planète ou cohabitent cinq espèces intelligentes différentes , diversement développées et biens campées ( pour la pluparts ) dans ce récit ..
Il y a du danger dans l'air , car des malentendus " ethniques " , des rivalités et conflits d'intérêts perturbe ce monde .
Il y a aussi la difficulté et le danger de contribuer au développement technologique de sociétés qui auraient une difficulté à digérer des transferts de technologies .
L'auteur a créé une biosphère déroutante qui affiche beaucoup de présence malgré une indéniable économie d'effets .
Cette histoire est à la croisée de la science-fiction et de la fantasy , de ce fait ce roman possède un cachet très particulier et un statut un peu entre deux genres même si on
est transporté par la lecture dans un planète opéra de science-fiction assez classique ...
La nouvelle qui sert d'introduction au roman est un petit bijou sur le thème : " voyage spatial vu par un sujet vivant dans une société archaïque " .
Cette voyageuse est incapable de comprendre la relativité du temps et cela lui vaudra quelques déconvenues .
L'auteur pose comme à son habitude de sérieuses et passionnantes questions .
Mais ici elle vise plus à distraire et à sensibiliser qu'à couper les cheveux en quatre .
Fondamentalement le roman diserte sur le postulat que la science peut sembler être de la magie plus que de la science dans le cadre de contacts entre deux civilisations inégalement développées et sur la difficulté de songer à envisager des transferts de technologies même dans un esprit généreux , en effet , le chemin de l'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ?
Une menace plane sur l'oekoumène , mais jusque le final ce ne sera que comme un bruit lointain et avant la fin ce ne sera jamais une réalité tangible ..
Sauf dans le final .
Un bon moment de lecture avec ce dense petit roman qui de façon très étrange et nuancée est autant : de la science-fiction que de la fantasy !!
Citation de Ursula le Guin ( le monde de Rocanon ) : « Comment discerner la légende de la réalité ?-planètes sans noms que leurs habitants appellent le Monde ,planètes sans histoire dont les mythes se nourrissent du passé ,à telle enseigne qu'un explorateur revenant après quelques années d'absence s'aperçoit que ses actions antérieures, sont devenues celle d'un dieu .La déraison assombrit cette brèche creusée dans le temps et annihilée par nos vaisseaux ,et dans les ténèbres l'incertitude et la démesure poussent comme des herbes folles . «
Commenter  J’apprécie         692 «Ma famille possédait autrefois un grand trésor, dit-elle. C'était un collier tout en or, avec une pierre bleue au centre – un saphir ?»
Après avoir lu le cycle de Terremer, je débute après un certain temps, le cycle de l'Ekumen et je commence par le premier roman : «Le monde de Rocannon». Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre et je plonge avec enthousiasme dans mon livre, pour lire une de mes auteures préférées. Je remercie également Bernacho, qui me communique toujours avec passion, son amour et son respect pour son auteure et grâce à ça, je poursuis toujours mes lectures, avec intérêt.
«Mais Rocannon, l'enthnologue, qui avait pour métier d'apprendre, non d'enseigner, qui avait vécu dans bon nombre de mondes arriérés, se demandait s'il n'était pas inconsidéré de tout miser sur les armes et la mécanisation.»
Enchanteur, Poétique, Forces Obscures
«Une prophétie a dit dit que l'Errant choisirait ses compagnons, dit-il. Pendant un certain temps.»
C'est une lecture, qui se lit vraiment bien, je reconnais la plume douée et familière, que j'aime tant d'Ursula Le Guin. J'avoue que le début est intriguant, tu te demandes toujours où elle veut t'y conduire, elle y introduit aussi des contes, et des légendes. Dès le début, je suis tout de suite captivée, je ne vois pas le temps passer et ni de temps mort.
«Salut, Épouse de Halla, Dame de Kirine, Reine des vents, Semlé la Belle !»
Elle nous amène aussitôt au coeur, des quêtes de ses personnages, comme Semlé et Rocannon. On les suit à travers leurs explorations et on remarque comme à l'accoutumée, que la nature est mise au-devant, que nos yeux arrivent à capter l'invisible et que la fraternité est aussi essentielle que l'air qu'on respire.
Au fur et à mesure, qu'on avance dans le roman, on comprend un peu plus les personnages, dans leurs démarches, au centre de leurs préoccupations. On voit aussi les obstacles qui se dressent sur leurs chemins, on rencontre de vrais méchants, et aussi des êtres inaudibles, qu'on capte au-delà des ondes.
«Rocannon n'était pas vieux. Toutes ces années, il les avait passées à naviguer entre les étoiles. Étrange ? On racontait des choses encore plus étranges.»
C'est un petit roman, on se laisse transporter par l'histoire, et on veut suivre ce qui arrive à nos personnages. Je suis toujours émerveillée, par la manière qu'elle sait créer ses mondes bien à elle. C'est à la fois mystérieux, bouleversant et envoûtant pour le lecteur.
On ne soupçonne même pas, les mondes parallèles, qu'on explore, dans le monde de Rocannon.
Je peux caractériser cela d'étrange, de fascination et d'étonnement. À travers son écriture adroite et polyvalente, tu es subjuguée par son talent de conteuse, tu es enchantée par son côté poète, et tu es ravie par ses descriptions très imagées.
«Manifestement, c'était un intrus en ces lieux. Les insectes angéliques avaient donc leur vermine en cette ruche magnifique. Dun pas rapide et égal, Rocannon, dans un silence de mort, atteignit le mur et prit à gauche pour le longer.»
On reconnaît les thèmes, qu'elle aime bien aborder dans ses récits, comme le nom qui définit l'identité même de la personne. Je crois que c'est une valeur qui lui tient très à coeur, car ça revient dans ses romans.
C'est toujours du bonheur d'ouvrir un livre d'Ursula le Guin, c'est délicieux, c'est réconfortant, c'est volupté, comme lorsqu'on boit un bon thé vert. Je ne peux pas non plus comparer la science-fiction et la fantasie, je n'ai pas vraiment lu là-dessus. Je n'analyse pas tout non plus, c'est un univers également complexe, avec des vocabulaires précis, par moments, mais ça n'enlève rien au plaisir de lire ton histoire. On constate une recherche, qu'elle nous offre, au fil des pages, avec des définitions très détaillées.
«Comment pouvez-vous distinguer une montagne d'une autre, une personne d'une autre, si vous ne leur donnez pas de noms ?»
Pour terminer, je déguste sa prose magnifique, qui fait naître en moi, toutes sortes d'émotions au cours de ma lecture. Je conseille d'aller lire les critiques des Babelios, qui donnent un bel avis aussi. Je vais continuer ma lecture avec le prochain livre «La planète d'exil.»
Je mets aussitôt le lien du challenge de Relax67, qui nous permet de continuer nos lectures autour d'Ursula Le Guin et de Poul Ander-son :
http://www.babelio.com/forum/viewtopic.php?t=13688
Siabelle
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Le Monde de Rocannon, premier roman d'Ursula le Guin (1966), est un planète opéra conjuguant harmonieusement science-fiction et fantasy. Il se déroule sur Fomalhaut II où cohabitent de nombreuses « espèces vivantes hautement évoluées ».
La Ligue de tous les mondes (une fédération de civilisations comprenant notamment la Terre) a pris contact avec certains de ses peuples et envoyé sur Fomalhaut II une mission d'ethnologues pour préparer son association à la Ligue.
Mais cette future association va avoir des conséquences dramatiques…
Car la planète Fomalhaut II est entraînée dans une guerre qui ne la concerne pas : les mystérieux adversaires de la Ligue détruisent le vaisseau des ethnologues et massacrent certains des peuples de la planète.
Pour les sauver, Rocannon, le seul ethnologue survivant, doit avertir la Ligue, et donc traverser une grande partie de Fomalhaut II, s'introduire dans la base ennemie et envoyer un message grâce un ansible, cet instrument permettant une communication instantanée…
Le lecteur est donc convié à suivre une quête mouvementée en compagnie de Rocannon et de ses compagnons : chevauchant à dos d‘hippogriffe, il fera connaissance avec les différents peuples de la planète et vivra des aventures pleines de rebondissements…
Tout au long de son parcours, l'ethnologue Rocannon fera preuve de grandeur d'âme, de courage et de sensibilité, il saura se faire apprécier et admirer de ses compagnons, si différents soient-ils.
Et parce qu'il a réussi à les sauver en accomplissant une série d'exploits hors du commun, il deviendra un héros mythique pour les habitants de Fomalhaut II : ils donneront son nom à leur planète qui sera désormais et à tout jamais le Monde de Rocannon…
Signalons que le magnifique texte qui sert de prologue à cette quête captivante a d'abord été publié sous forme de nouvelle, une nouvelle dont on peut trouver la traduction dans certains recueils d'Ursula le Guin avec pour titre « Le Collier de Semlé ». Il s'agit également d'une quête, et cette quête connaîtra une issue bouleversante...
Un beau roman qui en précède bien d'autres.
Challenge multi-auteures SFFF 2020
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Elle est géniale Ursula ! C'est le second roman que je lis d'elle, et c'est encore une belle découverte ! Punaise ! J'ai aimé lire ce livre, l'ambiance qui y règne, ses personnages et surtout la plume poétique de l'auteure.
Dans cet opus, nous découvrons Fomalhaut II, une planète découverte par la Ligue, magnifiquement imaginée et décrite par Ursula, avec ses paysages variés, ses différentes lunes, ses espèces de matous volants servant de destriers à des habitants tous aussi divers et originaux.
Dans le prologue, nous suivons Semlé qui est à la recherche d'un bijou perdu appartenant à sa famille. Elle croise alors Rocannon, ethnologue appartenant à la Ligue. Fasciné par la beauté et la dignité de cette femme, il décide d'aller sur sa planète pour approfondir les recherches inachevées sur les espèces y habitant et leurs cultures.
Au cours de cette étude, son vaisseau est attaqué et il se retrouve seul, ses amis de la Ligue ayant été tués lors de l'explosion. Il apprend alors que des villages et châteaux alentour ont également été décimés par un Ennemi, étranger à la planète et puissant par sa technologie. Une mission se présente alors pour Rocannon : retrouver et éliminer cet Ennemi afin de venger ses amis et surtout de protéger les habitants menacés de cette planète.
Si j'ai déjà bien apprécié l'histoire de la belle Semlé dans le prologue, suivre les aventures de Rocannon m'a encore plus enthousiasmée ! J'ai beaucoup aimé le voyage de Rocannon avec ses compagnons. Ils ont tous une personnalité qui fait leur charme, je pense au fier Mogien, l'étrange Kyo et au fidèle Jahan. Cette quête, c'est en fait le coup de coeur d'un homme pour un monde et ses habitants, et sa volonté de le protéger. le titre du livre m'a paru évident bien avant la fin.
Une belle histoire, délivrée avec justesse et poésie...
Lu dans le cadre du challenge «Une année avec... Ursula le Guin et Poul Anderson (2017)»
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Dans la ville de Kerguelen, dont le soleil est l’étoile Forrosul, cet homme, Rocannon, avait parlé à Semlé, Dame de Hallan, et lui avait donné le bijou Œil de la mer près de cinquante ans auparavant. Semlé, qui avait vécu seize ans en une seule nuit, était morte depuis longtemps ; sa fille Haldre était une vieille femme et son petit-fils Mogien un homme mûr : pourtant, Rocannon n’était pas vieux. Toutes ces années, il les avait passées à naviguer entre les étoiles. Etrange ? On racontait des choses encore plus étranges.
En fait elle ignorait tout de cette race venue d’un autre monde, et, lorsqu’elle s’aperçut que le lutteur victorieux, le jeune homme svelte appelé Jonkendy, la dévisageait effrontément, elle tourna la tête et eut un mouvement de recul fait de peur et de répugnance.
Le jeune seigneur de Hallan immobilisa son destrier gris sur le souffle d'air qui montait de la vallée dévastée et plongea le regard sur ce spectacle, sans mot dire. Il se rappelait les vieilles histoires du temps de son grand-père et de son arrière-grand-père sur la venue des Seigneurs des Étoiles, sur leurs armes redoutables qui détruisaient des collines par le feu et faisaient bouillonner la mer, et sur l'état de vassalité et les redevances qu'ils avaient imposées à tous les Seigneurs d'Anginie. Et voilà que Mogien croyait à ces vieux contes pour la première fois. Pendant un instant la respiration lui manqua.
-Votre vaisseau était...
- Mon vaisseau était là. Je devais rejoindre les autres ici, aujourd'hui. Seigneur Mogien, dites à vos gens d'éviter cet endroit. Pour un certain temps. Jusque après la saison des pluies, la prochaine année.
- Un sortilège ?
- Un poison. Après les pluies, la terre en sera débarrassée.
Qu'un Seigneur ait ainsi sacrifié un bijou qui valait un royaume pour sauver la vie à un médiant, à lui-même, c'était là détruire tout l'ordre des choses, et il ne pouvait supporter l'idée d'en être responsable.
- Vous avez eu tord, Seigneur, criait-il. Vous avez eu tord !
- Tord de payer ta vie d'un caillou ? Allons, Yahan, ressaisis-toi. Tu vas geler si nous ne faisons pas un bon feu. As-tu ton allume-feu ? Il y a par là du petit bois en quantité. Remue-toi ! Ils réussirent à faire flamber un feu sur le rivage, et ils l'alimentèrent jusqu'à ce qu'il triomphât de la nuit et du froid.
- Faites un bon feu, il finira bien par rôtir ! cria Zgama, s'élançant pour faire basculer une bûche enflammée dans le brasier. Aucun de ses hommes ne bougea.
- Je mangerai ton coeur, Olhor, lorsqu'il finira entre tes côtes. Et je mettrai cette pierre bleue à mon anneau de nez.
Zgama tremblait de rage, exaspéré par ce regard silencieux et inflexible qu'il avait dû subir pendant deux nuits.
- Je vais te fermer le yeux, cria-t-il d'une voix aiguë, et ramassant un gros morceau de bois, il en asséna un coup sur la tête de Rocannon, puis il fit un bond en arrière comme terrifié de son geste. Le bâton tomba dans les bûches enflammées, où il se ficha obliquement.
La réédition toute récente au Bélial' du recueil “Les Quatre Vents du désir” est l'occasion de revenir sur l'oeuvre d'Ursula K. Le Guin, grande dame des littératures de l'imaginaire. Pour en parler : Hélène Escudié, autrice d'une thèse sur Le Guin et dont une ample interview-carrière avec celle-ci, menée en 2002, vient enrichir “Les Quatre Vents du désir”, et David Meulemans, fondateur de la maison d'édition Aux Forges de Vulcain et spécialiste de le Guin.
https://www.belial.fr/ursula-k-le-guin/les-quatre-vents-du-desir
Animation : Erwann Perchoc
Illustration : Aurélien Police