Voici un conte de fée, mais vous savez que, dans les contes de fée, après qu'il est écrit qu'ils vécurent heureux pour toujours, il n'y a pas de toujours. Le mauvais sort a été levé ; le bon serviteur a reçu la moitié du royaume en récompense ; le roi a eu un règne long et juste. Rappelez-vous le moment où la trahison a eu lieu, et ne posez aucune question. Ne demandez pas si les champs empoisonnés ont pu de nouveau faire pousser du grain blond. Ne demandez pas si les feuilles de la forêt sont redevenues vertes au printemps suivant. Ne demandez pas quelle a été la récompense de la jeune fille. Rappelez-vous l'histoire de Kochtcheï le Sans-mort, dont la vie était dans une aiguille, dont l'aiguille était dans un œuf, l'œuf dans un cygne, le cygne dans un aigle, l'aigle dans un loup, et enfin le loup était dans un palais aux murs constitués de pierres de pouvoir. Un enchantement au sein d'un enchantement ! Nous nous trouvons encore bien loin de l'œuf qui renferme l'aiguille qui doit être brisée afin de tuer Kochtcheï le Sans-mort. Et c'est ainsi que se conclut le conte. Des milliers et des milliers et des milliers de personnes se tenaient sur cette pente pavée devant le palais. La neige miroitait dans l'atmosphère et les gens chantaient. Vous la connaissez, la chanson, cette vieille chanson qui comporte des mots comme «terre», «amour», «libre», dans la langue que vous connaissez depuis le plus longtemps. Ces mots brisent les pierres, ils repoussent les chars, ils transforment le monde quand ils sont chantés au bon moment par les bonnes personnes, après qu'assez de gens furent mort pour les avoir chantés.
Un milliers de portes s'ouvrirent dans les murs du palais. Les soldats déposèrent les armes et chantèrent. La malédiction avait été levée. Le bon roi revint à son royaume, et le peuple dansa de joie sur les pierres des rues de la ville.
Et nous ne demandons pas ce qu'il s'est passé ensuite.
C'est notre rage qui me dicte comment raconter l'histoire. Tu seras belle, écris-je. Tu ne feras pas plus que ce qu'il est possible de faire.