Les Bretons conservent avec soin un tison du feu de la Saint-Jean, qu'ils placent près de leur lit, entre une branche de buis bénit le dimanche des rameaux, et un morceau de gâteau des Rois. Ces objets réunis doivent les protéger du tonnerre. Les jeunes filles qui désirent se marier dans l'année n'ont qu'une chose à faire, c'est de se mettre en danse, dans une même nuit, autour de neufs bûchers de la Saint-Jean. La recette, paraît-il, vaut de l'or.
Ce jour-là, l'enfant l'attend avec impatience ; il le voit dans ses rêves ; il l'appelle de toutes les forces de sa jeune âme. Il ne sait pourquoi, mais il sait bien que les bonbons pleuvent dans ses mains, comme les baisers sur son front ; il sait bien que l'indulgence des parents est plus grande, l'amitié des petits frères et des petites sœurs, plus douce que jamais. Ce jour est un événement heureux dans sa jeune existence, et, le soir, quand le charme se dissipe avec la nuit qui vient, sa naïve imagination cherche déjà, dans les brumes de l'avenir, l'autre jour de l'an.
L'hiver est arrivé. Le givre a remplacé les feuilles sur les rameaux, le ruisseau s'est changé en un ruban de cristal, Ia neige a jeté, sur nos plaines, son manteau éclatant de blancheur et triste, pourtant, à cause de son implacable uniformité. Les travaux des champs sont depuis longtemps finis et le cultivateur, comme la fourmi prévoyante, a rempli ses greniers, Plus de chants dans le ciel, plus de murmures dans les rameaux ; mais le sifflement de la brise et le gémissement de l'indigence.