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Citations sur 1914 : La grande illusion (17)

De surcroît, prétendre que Dieu a jeté l'Europe entière dans le brasier pour manifester sa mauvaise humeur contre la loi de séparation (de l’Église et de l’État) relève au minimum du péché d'orgueil. Cela ne dérange pas le chanoine Gaudeau, prédicateur de l'église Saint-Sulpice, qui explique ainsi la guerre: "La France a commis un crime; le plus grand, celui de ne plus croire, de renier Dieu. Le créateur le lui fait expier par l'invasion. Qu'elle implore son pardon, qu'elle rejette au plus vite les théories qui lui viennent d'outre-Rhin, et peut-être Dieu dans sa bonté consentira-t-il à oublier".
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De ces tractations dans l'ombre du mois de juillet 1914, l'opinion n'a jamais rien su. En Allemagne comme en France, on ne parlait plus de Sarajevo depuis longtemps... Pour ceux qui savaient voir, il y avait pourtant quelques signes inquiétants. Le 20 juillet, les bourses autrichienne et hongroise dévissaient curieusement, puis la panique des marchés se transmettait à l'Allemagne, à la France et à l'Angleterre. Les projets austro-allemands fuitaient, à n'en pas douter, dans les milieux d'affaires, toujours mieux informés que les autres, et la chute des cours boursiers n'était rien d'autre que la manifestation de la nervosité des marchés détestant plus que tout l'incertitude et les rumeurs de guerre. La diplomatie, certes, ne se fait pas à la corbeille, mais la Bourse est un baromètre délicat, un sismographe des plus sensibles dont le caprices ne peut manquer de surprendre la masse des non-initiés.
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Galtier-Boissière, lui, en est déboussolé: "Toutes ces scènes d'émeutes m'ahurissent et me peinent. J'ai l'impression que la déclaration de guerre a provoqué une sorte de folie collective; la lie de la population est brusquement remontée à la surface; mais d'honnêtes travailleurs aussi se transforment brusquement en énergumènes, se jettent au pillage, ou, faute d'ennemis à trucider, en imaginent à tous les coins de rue."
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Sur le plan fiscal, la droite ne fait pas dans la dentelle en dénonçant la déclaration de revenus comme une "inquisition", une "vexation", une "agression", allant jusqu'à prétendre que les agents des impôts iront dans les fermes compter les poules et les œufs, tout en se lamentant sur le suffrage universel, "la plus formidable oppression de l'intelligence par le nombre", qui pourrait bien se laisser prendre à la démagogie radical-socialiste. Avec "l'impôt sur les riches destiné à soulager les pauvres", la gauche préparerait la ruine du pays dont les pauvres seront justement les premières victimes.
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Le 6 août 1914, un attroupement se forme dans les rues de Saint-Étienne: un passant refuse de parler, ce qui signifie à n'en pas douter que c'est un allemand qui ne veut pas être trahi par son accent ou son ignorance de la langue française. On le bouscule, on le frappe pour qu'il parle avant de s'apercevoir que c'est un sourd-muet.
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En laissant délibérément la frontière du Nord grande ouverte, en pariant sur l'offensive à outrance, même devant les mitrailleuses, les canons et les barbelés, et en sous-estimant les forces de l'adversaire, Joffre a joué le sort du pays aux dés, et il a perdu. Le plan Schlieffen, lui, a parfaitement fonctionné.
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A Saint-Dié (Vosges), les soldats allemands utilisent la méthode du bouclier humain, qui a fait ses preuves en Belgique, faisant marcher des otages devant eux et condamnant les soldats français à les tuer s'ils ne se résignent pas à refuser le combat.
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Prudent, le major Höger, membre de la chancellerie de François-Ferdinand, demande au général Potiorek de faire évacuer la rue ou, tout au moins, de déployer des hommes en armes sur le parcours du prince. Ce conseil de bon aloi est cependant balayé par l'esprit étriqué du général, en dessous de tout, qui fait savoir que la troupe qui vient de manœuvrer les jours précédents est encore en tenue de campagne et que le règlement lui interdit de former une haie d'honneur dans cet uniforme. Le règlement, qu'on le veuille ou non, c'est le règlement ! Le général avait-il conscience que la mort rôdait autour du prince héritier? Le médiocre Potiorek n'était décidément pas à la hauteur de la situation.
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Que des Anglo-Saxons s'allient aux Slaves et aux Gaulois contre les Germains, leurs cousins, c'est inconcevable dans la pensée pangermaniste !
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Reste une question que l'historien Jules Isaac ne cesse de se poser pour comprendre les origines somme toutes mystérieuses du conflit : « Comment expliquer que la guerre, tant de fois prévue prédite depuis 1905, quand elle éclata dans l'été 1914, parut tomber sur le monde comme une avalanche ? » Longtemps, pour répondre à cette interrogation, les historiens ont élaboré de vastes constructions politiques, diplomatiques ou économiques démontrant le caractère inexorable et mécanique de I'affrontement, sans toutefois convaince absolument, puisque aucun fait mis en avant ne suffisait à avoir rendu la guerre inévitable. La compétition coloniale ? Mais celle-ci avait d'abord opposé la France à la Grande-Bretagne! La confrontation des ambitions économiques à l'âge du capitalisme impérial ? C'est oublier que les milieux libéraux prônaient la paix comme plus profitable aux affaires et aux échanges. L' Alsace- Lorraine? Une vieille lubie qui ne préoccupait plus grand monde, en vérité. L'engrenage fatal des alliances diplomatiques ? On avait pourtant eu le courage d'arrêter cette mécanique lors des crises précédentes, et cela ne disait pas pourquoi on n'avait pas voulu la stopper en 1914. Et tous les historiens d'énumérer avec plus ou moins de conviction ces éléments sans pouvoir dire vraiment ce qui a été déterminant. Avouons-le : si les origines du conflit sont restées insaisissables en dépit des miliers d'ouvrages consacrés au sujet, c'est peut-être parce que les facteurs objectifs sont insuffisants pour comprendre comment la moitié de l'Europe a décidé de prendre l'autre à la gorge.
Après tant de grandes synthèses indécises ou erronées, il était temps de mobiliser les ressources de l'histoire culturelle pour envisager de nouvelles pistes. Un fait est certain : l'Europe de 1914 avait peur et c'est certainement de cette peur qu'est née la guerre.
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