En règle générale, de toute façon, méfiez-vous encore plus des portes ouvertes que des portes verrouillées. Il n’est jamais très normal de trouver des portes ouvertes là où il y a beaucoup de valeurs à rafler… C’est comme de venir à cinq ! Quelle énormité ! Non seulement vous multipliez par autant vos risques d’être surpris, mais encore vous vous exposez au quintuple aux recherches policières. Sans compter qu’avec des acolytes comme vous en aviez, je gage que le plus maladroit des inspecteurs en aurait cueilli un d’ici vingt-quatre heures. Et dame ! à partir de cet instant-là, vous étiez tous flambés… Vos amis n’étaient pas d’envergure à respecter la loi du silence… Donc, travaillez toujours seul ou à deux, au grand maximum… C’est le seul moyen de faire une longue et fructueuse carrière…
La fraternité universelle ne séduit pas tout le monde… Et la fraternité n’exclut pas forcément l’antagonisme, voire la haine… La terre est peuplée d’affamés et de goinfres. Les uns luttent pour ne pas crever de faim, les autres se livrent entre eux à des combats sans merci pour conserver le privilège de crever d’indigestion… Et même si votre magnifique Armée s’attire le respect des premiers, son action pacifiante est annihilée par l’égoïsme des seconds…
Je connais le remède. Lorsque la fille maudite que je suis sera plus forte que mon vœu, lorsque mon sexe absurde me pliera victorieusement à l’esclavage du mâle, j’épouserai un de ces braves types qui sont chez nous, – je le choisirai d’ailleurs laid et un peu bête pour m’épargner jalousie et soumission –, et je lui ferai des enfants superbes autant qu’il en voudra… Et je lui serai fidèle obstinément ! Voilà !
Ces hommes sont probablement dangereux, mais ils respectent l’uniforme que je porte. Dans tous les pays du monde, l’Armée du Salut est ainsi respectée. Nul n’est insensible à l’altruisme et à la fraternité sincère, n’est-ce pas ?
C’est en suivant la piste des chacals que l’on arrive à la tanière du lion.