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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Maximilien le Roy met en images les mots d'Albert Clavier, ancien soldat volontaire pour la guerre d'Indochine. Celui-ci s'est engagé dès dix-huit ans, en 1945, porté par l'enthousiasme de la Libération mais aussi pour voyager, lui qui n'a connu que la misère dans un petit coin perdu. Il va vite déchanter, et tout faire pour rester en paix avec sa conscience et ses convictions communistes en rejoignant le Viêt Minh, la ligue indépendantiste.

Un témoignage important et subtil servi par le graphisme doux et harmonieux de Maximilien le Roy. L'occasion de revenir sur cette période de l'Histoire, sur la colonisation en général et les répressions des mouvements en faveur de l'indépendance, mais aussi de réfléchir au sens du mot 'trahison' dans un pays en guerre. Vaut-il mieux trahir ses valeurs ou son pays ? Quel sens d'ailleurs donner à l'idée "d'appartenance" à une nation lorsqu'elle bafoue dignité, culture et droits d'une population ?

L'excellente postface montre quelques portraits des protagonistes, et rappelle le contexte historique du Vietman (avant et après cette guerre) ainsi que la position de Hô Cho Minh par rapport aux autres dirigeants communistes de l'époque (Staline, Mao...). N'ayant rien lu d'autre à ce sujet, je me contente d'évoquer ce que j'ai appris dans cet album, j'ignore si cet homme d'Etat a eu recours à des méthodes radicales et contestables pour appliquer ses convictions ???

--- Merci Alouett pour l'idée ! :-)
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J'ai bien aimé le témoignage de cette vie d'un soldat français qui a changé de camp au nom de valeurs bien supérieures au nationalisme ou devrais-je dire au colonialisme. Il s'agit bien d'une critique féroce contre ce régime qui utilise la propagande habituelle de dire que les autres sont des terroristes.

Cela me rappelle des exemples encore récents de peuples qui se battent pour leur indépendance territoriale. Pourtant, des membres de ma famille ont fait la guerre d'Indochine en croyant bien faire. C'est clair que c'est une nouvelle lecture qui apporte plus de réflexions.

Le trait graphique n'est pas celui que je préfère mais j'ai bien aimé cette bichromie qui utilise la couleur grise. Par ailleurs, le récit est particulièrement fluide au niveau de sa narration. Un homme est face à son destin et va faire un choix pour être en accord avec lui-même. Je l'admire déjà. Bref, c'est un bel hommage rendu par l'auteur pour un homme hors du commun et pourtant méconnu.
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Une bande dessinée très intéressante sur la guerre d'Indochine et la résistance d'un soldat français pour qui, la répression dans le sang de la lutte d'un peuple engagé pour sa liberté, est contraire à ses idées.
Un texte très instructif et des dessins tout à fait en accord avec le sujet.


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J'observe que le cinéma idéalise presque toujours la guerre. Il la rend esthétique. Non seulement les films de propagande, mais y compris quand c'est l'intention du metteur en scène de souligner la dureté de la guerre et des combats, il n'y parvient pas. Surtout la guerre moderne. Comme si la pellicule était toujours trop sentimentale, incapable d'imprimer des émotions fortes, et le cinéma un art réservé aux soldats et aux militants.

En revanche j'ai lu quelques BD qui traitent de la guerre de façon crue… "Dans la Nuit la Liberté" est le récit de la guerre coloniale d'Indochine à partir des souvenirs d'Albert Clavier, jeune "patriote communiste" français, engagé dans l'armée française pour échapper à son milieu, très pauvre.

Pour de jeunes hommes peu avertis, l'armée a en outre souvent le parfum de l'aventure (cf. L.-F. Céline). Un sergent-recruteur jovial et sympathique, et hop, le tour est joué ! Il faut préciser qu'Albert Clavier est seulement communiste, au départ, parce que c'est l'idéologie dans laquelle baignent son milieu et sa famille (Lénine a lui-même admis que le communisme est souvent demeuré aussi superficiel que peut l'être n'importe quelle religion.)

Très vite écoeuré par les exactions commises par l'armée française sur la population civile ou les prisonniers, se sentant lui-même devenir aussi "nazi" que les Allemands abhorrés de son enfance, sous l'Occupation, Albert va peu à peu basculer dans le camp opposé du vietminh, et devenir peu à peu officiellement un traître et un déserteur. L'inquiétude des conséquences pour sa famille va vite faire place à celle de se retrouver en position de tuer des compatriotes, ou contribuer à planifier leur mort; puis la seule préoccupation de la survie dans une jungle hostile, parmi des terroristes-résistants spartiates, va primer sur tout. Albert Clavier finira donc la guerre dans le camp des vainqueurs, même si ce n'est pas tout à fait la fin de l'histoire.

Bien que le dessinateur de cette BD, Maximilien le Roy, soit lui aussi communiste, le propos n'est pas idéologique. Albert bascule surtout parce que, malgré son statut, il n'est pas capable de tuer ni de torturer. "Lâcheté", dira celui dont c'est le métier, tandis que le déserteur objectera sa conscience ou son individualisme.

L'argent ou l'intérêt, la jalousie, ne sont pas les seuls motifs d'assassinat: le communisme l'a été aussi; c'est donc bien plutôt une histoire comparable à celle d'Antigone et Créon, racontée ici. Dans le choc entre des nations titanesques, dont on voit que les mécaniques ne peuvent s'arrêter avant d'avoir fait un tas substantiel de victimes et de massacres, la capacité d'un seul à s'opposer à l'holocauste de l'homme, par l'homme, pour l'homme, a quelque chose de stupéfiant et d'absurde. Absurde, car la seule raison de s'y opposer, il la trouve surtout en lui-même. Après tout, l'espèce a peut-être besoin de gigantesques saignées, comme ça, de temps en temps, pour fertiliser la terre ou pallier l'absence de prédateur véritablement dangereux pour l'humanité ? Mais l'individu, en conscience, peut refuser de se soumettre à cette loi.

Un dossier de quelques pages conclut cette BD, évoquant plus en détail le cas de ces soldats français (ou allemands), peu nombreux, qui passèrent dans le camp opposé, et dont peu réchappèrent à la guerre et à la jungle.

Dans la Nuit la Liberté nous écoute, par Maximilien le Roy, éd. le Lombard, 2011.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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Je ne me suis jamais caché d'être de pensée politique de gauche, très à gauche même. Et à ce niveau, j'entends parfois dire que l'objectivité historique manque aux personnes de gauche, surtout autour de l'épineuse question des guerres de la seconde moitié du XXème siècle. C'est pour cela que j'aime lire les témoignages sur ces fameux conflits où s'opposaient des visions politiques du monde. Et voir ce qu'il en était réellement.

Si je digresse en premier lieu sur la politique, c'est parce que je pense que la BD est éminemment politique. Elle développe une histoire biographique d'un simple soldat français de l'époque qui changea de camp pour rallier ceux qui avaient les mêmes idéaux que lui. Devenant, par le fait même, un traitre à la patrie (pour les Français, évidemment). Et le récit prend un sens bien différent lorsqu'on réalise que cette vision du monde que le personnage veut défendre n'est pas simplement liée à sa sensibilité communiste. Entre les résidus de la Seconde guerre mondiale, la vision de la politique française des colonies, la réalité des conditions de vie dans ces pays loin de la métropole et les considérations racistes qui continuent de germer dans l'esprit des militaires français, on se retrouve bien vite devant un récit qui explique ce revirement non pas pour des raisons d'idéologie, mais par une véritable réflexion détachée du clivage droite/gauche. Et c'est ce que j'ai réellement apprécié dans ce récit : bien que très politisé, le récit se concentre avant tout sur ce qui a créé cette politique chez les personnages.

D'autre part, le récit prend le temps de développer ces fameux Vietnamiens que l'on combattit en tant que Français, puis que les Américains allèrent envahir encore une fois dans une guerre absurde et meurtrière. Et sur ce point, le récit permet de mieux comprendre comment ce pays put mener une telle guerre, aussi longue et coûteuse pour lui. Ce qui m'a personnellement frappé, c'est la misère dans laquelle ces populations étaient maintenues, et tout ce dont la France les privait délibérément avec de grands noms. La réalité du terrain me fait bien mieux comprendre comment tout un peuple peut aborder des idéaux qui nous semblent si peu intéressants. Encore une fois, c'est l'importance de se mettre à la place de l'autre et comprendre sa situation.

Le dessin m'a beaucoup moins plu, très proche d'une certaine réalité photographique mais avec un aspect trop froid et trop vide par moment. Je reconnais que c'est plus clair et lisible, laissant vraiment la place aux dialogues et au récit, mais je pense qu'il y aurait eu moyen de faire un peu mieux pour la lisibilité.

Je m'épanche beaucoup sur cette BD, mais j'ai vraiment apprécié la démarche à l'oeuvre derrière et la réflexion qui en ressort. Aujourd'hui encore, de nombreux conflits existent de par le monde autour de peuplades qui cherchent à vivre indépendamment, et peut-être juste vivre (les Kurdes sont un bon exemple). C'est le genre de BD qui nous rappelle que le monde ne doit pas être vu uniquement de chez nous, mais qu'il faut s'ouvrir sur la vie des autres. Et je crois bien que c'est un message très fort aujourd'hui.
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En 1947, Albert Clavier s'engage dans les troupes coloniales et embarque pour l'Indochine. Il comprend vite que cette guerre est contraire aux valeurs qu'il défend. Il prend alors une grave décision : rejoindre le camp « ennemi ».
Tirée d'une histoire vraie, cette BD met en lumière un pan méconnu de l'Histoire. Un bel hommage, sincère, poignant, émouvant.
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Livre engagé donnant une analyse communiste de la guerre du Vietnam, et d'une manière plus générale du colonialisme dans plusieurs pages d'entretien.
Graphisme simple et efficace, la seule couleur étant le vert.
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