Les ombres aussi ont peur du noir

Mathis Dubreuil-Chamberland mène une vie de rêve. Héritier désigné de l'entreprise de luxe familiale il supporte difficilement son éducation draconienne et les injonctions à la virilité de son père alors qu'il s'interroge sur son avenir, son identité et ses attirances charnelles. Alors que sa maisonnée lui a concocté un programme d'activités rigoureux pour l'endurcir, il n'aspire qu'à passer un été sans contraintes avec sa meilleure amie, Hedy. Une quête aventureuse, ponctuée d'une résurrection improbable, de bruissements troublants, d'apparitions effrayantes et de secrets enfouis, va pourtant compromettre les vacances des deux adolescents. le comportement dogmatique de cette famille, les mystères qui planent comme autant de sombres fables sur le château familial supposément maudit, les dissimulations, les événements tragiques qui entourent le lieu, créent une ambiance aussi oppressante que palpitante, instillant un climat baignée d'une aura d'étrangeté.
Episodes surnaturels, secrets familiaux, château hanté, magie noire, malediction mais aussi, l'ombre de l'Ahnenerbe et de ses théories eugéniques comme le phénomène des disparitions volontaires s'inscrivent au coeur de cette intrigue apportant de surcroît un aspect historique et sociétal instructif et inattendu à la trame.
Une atmosphère sombre et ambivalente caractérise ce roman qui sans vraiment être horrifique reste intriguant et maintient un certain suspense par l'étrangetée des événements qu'il dépeint. On peut cependant regretter que le profil des personnages soit quelque peu forcé et qu'ils ne retiennent ni l'attention ni n'attirent une quelconque inclination. Les membres du clan Dubreuil-Chamberland sont particulièrement détestables à l'exception de Matis qui lui est, dans un premier temps, le parfait loser avant de se montrer intrigant et beaucoup plus réfractaire par la suite. Hedy, malgré son caractère facétieux et une apparente désinvolture, est quant à elle plutôt exaspérante artificielle et inconstante.
L'écriture de Philip le Roy est inventive, équilibrée, rythmée par de multiples rebondissements et de surprenants revirements, conjugués à des dialogues subtils, souvent pleins d'humour et de références tant musicales que cinématographiques. Pour autant, au fil des avancées de l'intrigue et des différentes révélations, les pistes mises en avant disparaissent les unes après les autres, ne laissant au final qu'une explication prosaïque aux évènements. La dimension fantastique reste en souffrance et le principe narratif qui fonctionnait à la perfection avec « Dans la maison » ne prend pas aussi bien cette fois, laissant place à une certaine perplexité. Il manque une forme de crédibilité fictionnel au récit et les improbables éclaircissements qui altèrent l'originalité et ternissent l'effectivité de la lecture rendent incertaine une franche adhésion à l'histoire. Un roman plaisant, plein d'idées et de dynamisme mais, à regret, moins remarquable que les précédents ouvrages de l'auteur.

Le livre est vraiment génial mais j'ai peut être quelques réflexions... Malgré les rebondissements et le suspens dingue, il y a quelques petits défauts à mes yeux ... J'ai l'habitude de lire énormément, et le style d'écriture ici m'a bloquée. Que ce soit le "verlan", les insultes ou les répliques "je m'en bas les couilles." Ça peut en bloquer certains.