Concernant certains auteurs que l'on affectionne particulièrement, l'attente de la parution de leur dernier roman devient souvent insoutenable.
Ce fut le cas pour moi avec
Un charmant petit village, le très attendu dernier polar de
Jean-Michel LECOCQ.
Dire que l'intrigue est superbement ficelée et qu'elle nous mène par le bout du nez sur quasiment 250 pages avant l'assaut final n'aurait rien d'original car l'auteur nous a habitués dès ses premiers romans à ce type de retournements rocambolesques qui nous font systématiquement tomber de l'armoire.
Pareil pour l'ensemble des personnages qui nous semblent faire partie du réel tant ils sont finement cernés, c'est la marque de fabrique de l'auteur.
Même remarque enfin pour l'écriture , à la fois fluide et raffinée, qui coule au fil des pages sans jamais s'alourdir.
Mais alors, me direz-vous, en quoi ce nouveau roman est-il si remarquable ?
J'ai envie de dire « en tout ».
Le choix du lieu tout d'abord.
Est-ce parce que j'ai eu l'immense plaisir de visiter cet été cette magnifique région du Var ? Probablement, puisque j'y ai retrouvé, grâce au talent évocateur de l'auteur, toutes les saveurs et toutes les sensations estivales emmagasinées durant mon bref séjour.
Le côté un peu pagnolesque du village est très bien rendu avec ses rumeurs, ses non-dits, ses vengeances et plus grave encore, ce regard accusateur et ce rejet quasi inconscient pour ceux qui ne sont pas des autochtones.
Le chant des cigales peut parfois cacher une grande noirceur...
La qualité des personnages ensuite.
Outre le commissaire Payardelle, dont le charme discret et une certaine forme de fourberie de bon aloi font tout le charme depuis
Rejoins la meute, on découvre des personnages hauts en couleur dont même les non-dits parviennent à servir l'intrigue.
L'approche psychologique est extrêmement bien cernée, peut-être encore mieux que dans les précédents romans.
Au rang des personnages, j'ajouterai le village lui-même. Villecroze est tellement bien décrit qu'il serait facile de le dessiner avec ses auberges, ses cafés, ses fontaines et les belles demeures des notables. A lui seul, il permet de camper le climat général de l'intrigue.
Intrigue, qui, bien évidemment, n'est pas en reste.
Elle se tricote et se détricote au gré des meurtres et des différents rebondissements, émaillée d'une correspondance mystérieuse et non signée qui vient à chaque fois perturber le champ des possibles pour le lecteur, laissant ce dernier en proie à des scenarii tous aussi épineux les uns que les autres.
Pour finir, j'ajouterai que le style de l'auteur se prête parfaitement bien à l'ambiance générale du roman.
L'écriture des précédents opus s'est encore fluidifiée, allégée. Comme j'aime.
L'ardennais
Jean-Michel Lecocq adore sa région adoptive. Et elle le lui rend bien. Ça se respire, ça se hume et on se délecte dans chacun des mots de ce roman. Il nous donne envie d'y aller, ou d'y retourner au plus vite pour y goûter, sur ses traces d'épicurien, toutes les saveurs, noires ou colorées, de ce charmant petit village.