Le hasard de mes récentes programmations de lecture a voulu que je sois replongée consécutivement dans la période Renaissance, que j'affectionne particulièrement d'un point de vue historique et culturel, par le biais de deux polars atypiques, dont celui de
Jean-Michel Lecocq intitulé sobrement 24.
L'intrigue se déroule dans le Paris sanguinaire du massacre de la Saint Barthélémy avec en toile de fond les affrontements politico-religieux entre Réformés et Catholiques ultras.
Nous sommes en 1572, le 24 de chaque mois, le cadavre scarifié d'un membre d'une académie de musique est retrouvé dans une église de Paris.
Inquiète de l'impact de ces assassinats sur le pouvoir fragile de son fils Charles IX, Catherine de Médicis requiert les services de son filleul florentin, lui-même musicien, pour percer cette énigme et découvrir ce coupable que le tout-Paris a surnommé le Scarificateur.
Etant personnellement passionnée d'histoire, et plus particulièrement par cette période extrêmement riche à tous points de vue, j'ai pris un immense plaisir à lire ce polar, qui est à la fois palpitant et pédagogique.
On sent derrière chaque description un constant souci d'aller au plus juste dans le fait historique.
J'ai eu très souvent la sensation d'être à l'intérieur de l'intrigue tant les détails étaient évocateurs.
Bien au-delà de simplement servir l'intrigue policière, les différents personnages nous brossent le tableau d'un climat social, politique et religieux extrêmement fin dans lequel, page après page, le lecteur se sent à l'aise.
Quant à l'écriture, elle est fidèle aux codes comportementaux de l'époque, et probablement aussi aux modes de pensée de l'auteur, toute en finesse et en élégance.
Le talent de l'auteur est bien là, dans cette précision d'horloger suisse à nous relater des situations imaginaires dans lesquelles le lecteur se sent comme happé...pour son plus grand plaisir.
Une sorte de tableau impressionniste, bâti par petites touches successives, et dont le rendu final nous transporte dans un imaginaire quasi-palpable.
Un polar riche que je recommande avec grand plaisir.