Francesca, le personnage principal de
Vérité et amour, croit avoir dit « oui à Prague » (Legendre, 2013, p. 10), mais cela n'est pas entièrement vrai, car sa lecture du contexte pragois semble passer entièrement par le filtre de son identité française. « Ethnocentrique » serait une manière de décrire ce personnage qui, vu la complexité de la langue, décide de ne pas apprendre le tchèque (Legendre, 2013, p. 29), ne peut rien à son « arrogance française », et se dit que si les tampons à applicateur ne se vendent pas à Prague, c'est que les femmes tchèques se « fichent pas mal de se salir les doigts » (Legendre, 2013, p. 13).
Un voile de mystère recouvre son passé communiste fréquemment évoqué, mais quand à Prague elle vacille entre « colère sociale » et « satisfaction amoureuse » (Legendre, 2013, p. 187) suite au congédiement par son mari d'une maîtresse, l'on entrevoit les limites de ses convictions actuelles. le personnage principal m'a donc déplu par son incapacité à percevoir les ramifications de son privilège, sa tendance à attribuer son manque d'ouverture et d'empathie à « l'arrogance française », et ses convictions bien-pensantes. Mon agacement face à son nombrilisme ne m'a toutefois pas empêchée d'apprécier cette lecture, que j'ai trouvée intrigante, notamment en raison de la complexité des rapports tissés entre Francesca et les autres personnages. L'intrigue politique, qui se complexifie vers la fin, et à laquelle l'héroïne se soustrait en grande partie, tenait en haleine jusqu'au dernier paragraphe.