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EAN : 9782916940687
136 pages
Inculte éditions (29/11/2011)
4/5   5 notes
Résumé :
Tout comme la syphilis, le mariage et donc la famille, débute avec l'amour. Au moment où tes yeux se posent sur la créature innocente à laquelle tu infligeras un jour l'ignominie de procréer, tu observes déjà un cadavre. Plus tard elle te "donnera" des enfants. Et tu les aimeras. Tu seras ébloui-par- le.-miracle-de-la-naissance, car c'est attendu de toi, car c'est ce que tu attends de toi.
Tu accueilleras la boule de cris dans tes bras. Tu camoufleras ta répu... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Grand moment dans la peau d'un démembreur réfugié dans un HP avant de changer de braquet...

Paru il y a quelques semaines, ce second roman de Stéphane Legrand vous permettra une rare "expérience de pensée" : passer quelques jours en compagnie d'un tueur philosophique, bien décidé à éliminer la notion même de famille, à commencer par la sienne, après le massacre de laquelle il s'est réfugié incognito au coeur d'un hôpital psychiatrique, afin d'y ourdir un complot plus complet que son modeste essai, visant cette fois l'échelle du monde, avec l'active complicité de divers pensionnaires de l'institution.

"Peut-être t'imagines-tu désormais que le soir venu j'arpente les rues obscures avec des yeux injectés de sang, la bave aux lèvres et une grande hache émoussée, aux fins de trucider l'univers. C'est gravement insulter à ma dignité de penseur. Je ne suis pas une brute ou un fauve bandant après quelque proie à occire(*). Je suis une avant-garde théorique. D'ailleurs on y viendra.
(*) Je crois que tu regardes trop de films."

"Un poulpe hideux te poursuit dans une forêt de lames et, au moment où ses tentacules huileuses enfin te ceignent, il saigne une bile épaisse et noire sur ton visage : c'est ta petite maman qui enfante son bébé chéri - et toujours ton encombrant petit moi, le sacro sancto egoismo du pénible petit moi qui ne veut pas te lâcher la grappe, qu'on te refourre dans la tête à grands coups de famille : tu veux disparaître, t'évaporer, t'étoiler façon dynamite pour rejoindre l'ouvert, fumer le cigare du roi sans divertissement pour te fumer le crâne - mais on te demande de regarder mieux : à droite et à gauche papa, à droite et à gauche maman, et toujours au centre partout du cercle sans circonférence bébé et son bruyant et lamentable petit moi à la con encadré et inventé par les instances parentales et les imagos et les supports identificatoires et la position structurale du Nom, et toutes ces lassantes charlataneries de fête à Neuneu."

Entre savoureuses relectures de l'antipsychiatrie de Laing et de Cooper, références rusées aux films de slashers, ou critiques au pas de course de la trop grande mollesse d'un Cioran, l'auteur, extrapolant et spéculant sur un fait divers estival pour lui donner une possible tenue philosophique, réussit largement son pari, en maintenant jusqu'au bout l'hésitation entre la paranoïa agissante, la réflexion désabusée et le franc rire.
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Essai théorique, vindicte, fiction machiavélique, pastiche, portrait éclaté d'un serial killer : le Plaidoyer pour l'éradication des familles donne la voix à un interne d'hôpital psychiatrique. Un homme qui a trucidé sa famille vingt ans auparavant, et qui serait entré, volontairement dit-il, dans l'institution gérée par les Crétins – non pas pour se soigner, mais pour se mettre à l'abri de ses poursuivants (lisez, la Justice) et mieux préparer ce qu'il appelle son Grand Oeuvre : l'insurrection finale. Celle-ci, organisée par une coalition sous son propre commandement, devrait aboutir à un mouvement mondial annihilant l'aliénation familialiste, origine de l'asservissement de l'individu.


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Voilà un des livres les plus grinçants qu'il soit, du genre à ne pas lire dans le train au retour des fêtes de fin d'année sous peine de recevoir des coups d'oeil mi-meurtriers mi-envieux des passagers de tout un wagon (c'est du vécu).

Notre narrateur nous explique par A+B pourquoi il faut éradiquer la famille, ayant par ailleurs joyeusement éradiqué la sienne. Alternant des chapitres « essai » et des chapitres « récit », Plaidoyer pour l'éradication des familles fait mal.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/04/chronique-livre-plaidoyer-pour-leradication-des-familles/
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il est vrai que la mère est la chose qui te dit (que la personne l’articule en mots ou non) : tu es celui à qui je manifeste mon amour en t’aimant plus que tu n’aimerais être aimé ; tu es celui à qui je donne mon amour en l’accablant de ne pas m’aimer assez ; tu es celui à qui je demande de na jamais aimer que moi et de me le prouver en aimant une autre femme par le moyen de laquelle tu attesteras ton amour pour moi en me faisant le cadeau des enfants de cette femme ; tu es celui que j’ai choisi d’aimer quoi qu’il advienne de lui et à qui je demande de justifier inlassablement cette confiance infinie, ce don illimité, en réussissant tout ce qu’il entreprend.
Mais il est vrai aussi que le père est la chose qui te dit (que la personne l’articule en mots ou non) : tu dois m’obéir et être un homme, un vrai, c’est-à-dire quelqu’un qui ne se laisse donner d’ordres par personne ; tu dois faire comme moi : être toi-même et n’imiter personne ; tu devras prendre ma place lorsque je serai mort, c’est-à-dire la place d’un mort, car la vie continuera.
Et il est vrai aussi que l’épouse est la chose qui te dit (que la personne l’articule en mots ou non – mais généralement elle le fait) : je te demande de toujours me surprendre de la manière qui est précisément celle que j’attends ; je ne te demande pas de faire ce que je veux que tu fasses, quand ce n’est pas ce que tu voudrais faire, je te demande de vouloir le faire ; je te demande que nous nous laissions toujours tous deux un espace de liberté par rapport à l’autre, sauf lorsque j’ai besoin de toi ; je te demande d’être l’homme dont je suis tombée amoureuse, avec toutes les qualités et les idiosyncrasies qui te caractérisaient et qui m’ont fait anticiper que tu deviendrais autre.
Et il est vrai aussi que l’époux est la chose qui te dit (que la personne l’articule en mots ou non) : tu es pour moi le corps soumis qui n’est que le prolongement de mon désir - de mon désir d’un être à jamais insoumis ; tu es l’indicible perverse éprise de toute abjection qui ne s’est jamais donnée qu’à moi ; tu es cette liberté qui m’appartient.
Et il est également vrai que l’enfant est cette chose qui te dit (que la personne l’articule en mots ou non) : aime-moi pour ce que je suis, et ce uniquement parce que je suis à toi ; guide-moi vers mon autonomie, accepte que je sois responsable de moi-même, car je dépends de toi ; reconnais-toi en moi, car je suis unique.
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Naître est la chose la plus difficile qui soit. Non pas seulement en ce la que les conséquences en sont pénibles, mais surtout parce qu’on n’y arrive pas. Nous sommes extirpés vers l’ouvert inaboutis, incomplets, bâclés, hilflos et nus face à l’existence sans merci ni pardon.
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Tes parents sont bien les responsables directs de l’horreur d’exister, qu’ils t’ont passée comme on refourgue un fardeau ou comme on transmet une maladie, et dont ces salopards se paient le luxe de te donner à croire qu’il s’agit d’un cadeau merveilleux (les malfaiteurs pour leur part, au moins, s’abstiennent ordinairement d’une telle fourberie lorsqu’ils te rouent de coups et t’abandonnent ensanglanté au fond d’une ruelle obscure), t’incitant par là à émuler à ton tour leur aveuglement.
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Marriage is a wonderful institution. But who wants to live in an institution? (Groucho Marx)
Uniquement des fous, la raison nous l’enseigne. Et il me semble que ça se passe de commentaire.
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Tout comme la syphilis, le mariage – et donc la famille - débute avec l’amour.
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