Une BD choc aux allures de thriller.
L'histoire :
Constance est une enfant de 10 ans élevée dans un manoir de la Seine et Marne, non loin de Coulommiers par un grand-père et une grand mère qui dans un premier temps semblent tout droit sorti d'un livre ancien tant ils semblent être de la vieille école. La grand-mère Adélaïde se révèle être une véritable harpie face à un mari alcoolique et lâche.
La petite fille reçoit son instruction chez elle et a pour interdiction formelle de dépasser la limite imposée du jardin. En cas de manquements, elle est sévèrement fessée ou pire contrainte de monter passer la nuit dans le grenier qui l'effraye. Elle parvient cependant à souffler un peu dans son imagination le soir quand les lumières sont éteintes, en parcourant l'aile inhabitée du château, en poursuivant son chat Noirette dans les allées du jardin, en lisant des récits d'aventure, ...
Jamais, les questions qu'elle rêve de poser sur ses parents ne sont soulevées ou sur le portrait de cette petite fille, seule photo présente dans la maison, elle est bien trop effrayée par les réactions épidermiques de sa grand-mère.
Puis, arrive un jour une famille portugaise, les Costas, chargés de veiller sur le château et aider aux différentes tâches et avec eux deux enfants, les premiers que la petite fille voie ...
Ce que j'en pense :
Passer d'un récit digne de la Comtesse de Ségur, à un récit d'horreur mêlant haine, cruauté et perversité sans qu'on n'est envie de reposer le livre, c'est ce qu'a réussi à faire Matthias Lehman. Je ne dévoilerai rien n'ayez crainte, des différentes révélations nous emmenant progressivement vers un véritable thriller.
Ce récit qui aurait pu être particulièrement lourd car horrible et dramatique, est heureusement amené avec des moments de respiration tels les pointes d'humour, de la connivence entre Constance et le grand-père et graphiquement de grandes plages laissant du blanc afin d'éviter l'oppression. C'est ce qui en fait sa force !
" A vrai dire j'ignorai même lequel des deux était leur enfant : mon père ou ma mère ? "
Il a été intéressant de contempler également les différences existant entre les décennies. L'histoire se déroule dans les années 70 mais la petite fille vit comme l'on vivait au début du siècle. Dans ce village et parmi ces gens le temps s'est arrêté et le progrès comme l'évolution n'ont pas leur place.
C'est aussi une histoire de construction individuel, comment se construit-on et aborde-t-on sa sexualité aux origines ? Quel est le poids du regard des autres ?
" Si on vous prend pour une fille c'est parce que vous êtes beau. "
Le dessin strié m'a beaucoup fait penser à Moi ce que j'aime c'est les Monstres d'Emil Feris. J'ai eu l'impression de retrouver un peu de cet univers particulier sauf qu'ici les visages sont plus réalistes et cela nous plonge plus facilement dans une vraie chronique sociale.
J'ai beaucoup aimé la description des villageois dont l'auteur nous dévoile l'air de rien leur implication et leur connivence.
Un coup de coeur !
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