Derrière une couverture en couleurs, je découvre une BD en noir et blanc aux dessins très particuliers, ressemblant à des gravures.
La Favorite m'a complètement absorbée et je n'ai pu la lâcher qu'une fois ma lecture achevée. Une BD originale, de celle qui laisse des traces : plongée dans un récit noir, surprenant et captivant.
La Favorite conte l'histoire d'une enfance particulière, celle de Constance, dans les années 70. Cette petite fille vit sous la férule de ses grands-parents près de Coulommiers, surtout celle de la grand-mère qui n'a de cesse de la surveiller, à l'affût de la moindre bêtise. Dans ce cadre, les punitions ne sont pas rares. D'ailleurs l'album débute par l'évocation du grenier dans lequel Constance redoute plus que tout de devoir dormir si elle a déplu ou fauté. de ses parents, Constance ne sait rien, à part qu'ils sont morts, de quoi alimenter toutes sortes de fantasmes. Elle ne va pas à l'école, sa grand-mère lui donnant les leçons, avec force châtiment. Heureusement, le parc de la grande maison bourgeoise où elle vit lui permet de quitter cette atmosphère oppressante, lorsqu'on lui en laisse le temps.
La Favorite se déroule durant les années 70, et si Giscard d'Estaing s'invite dans le récit, d'autres symboles de l'époque apparaissent ici et là.
En tournant les pages, les partis-pris de l'auteur
Matthias Lehmann renforcent son récit : peu de cases classiques, plutôt des dessins agencés entre eux selon les mouvements du scénario. Parfois, des objets ressortent des cadres, un martinet, une branche d'arbre, un dessin d'enfant. Les planches sont toutes uniques et frappent par leur adéquation avec le scénario, ce qui fait qu'on a du mal à lâcher l'album avant la fin. Surtout que l'histoire, au départ en vase clos, s'ouvre progressivement vers autre chose que le début ne laissait présager. Un tournant survient qui m'a complètement surprise, d'autant plus que j'avais commencé la BD sans arrière-pensée d'aucune sorte puisque je ne connaissais ni l'auteur, ni l'histoire (d'ailleurs le résumé de l'éditeur est décevant puisqu'il annonce en grande partie le contenu de la BD : dommage). Une fois le tournant assimilé, tout prend progressivement sens et on se surprend à revenir en arrière, à relire des passages.
A l'arrivée, une BD forte, qui marque autant par le graphisme que par l'histoire.
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