Grande ballade le long de la mer extrait 2
Tout le long de la mer qui tient haut le flambeau où brûle
l'acanthe éternelle éclairant de loin la piste des morts le
parvis des Dieux
Tout le long de la mer où des vallons d'aurore s'animent de
voix et de marionnettes
Tout le long de la mer qui sur sa maigre épaule tend sa
mousseline à minuit quand la tune alourdie déborde des
rosés tombe aux pieds des statues
Tout le long de la mer quand passe la Jeunesse ‒ quand
l'harmonica tremblant dans ta brume allonge
Interminablement la vie
Quand le soir qui nous est donné quand le soir qui nous est
compté s'accorde en couleur et en rêve à notre douceur à
notre amertume
Au-delà de la mer
pour toucher du cœur ce cœur infini pour tout oublier
jusqu'au Verbe du monde... Jusqu'au large du monde... pour
tout oublier
Grande ballade le long de la mer extrait 1
Tout le long de la mer la mer forte et nouvelle et
qui vient délier au delta du temps sa langue de
muette
tout le long de la mer ‒ cette tête sans âge qui du
haut d'un fronton décrépit
appelle inlassablement son espace épelle
impitoyablement le vide
Tout le long de la mer et dans la nuit de marbre où
je reviens toujours fixant jusqu'à l'ennui les
portraits de mes souvenirs
Tout le long de la mer quand un doigt distrait écrit
sur les nuages le chiffre étincelant de la fatalité
Sous les mains croisées du Nord et du Sud entre
les longs rappels des miroirs solitaires
au-delà de la mer où des rouleaux de feu ne
tournent plus qu'à peine opposant leur sens à des
roues d'étoiles …